Fonds de tiroir

 L'Hospice général annonce une hausse massive de la précarité et du nombre de gens bénéficiant de l'aide sociale en 2020, et craint pire encore pour 2020. Mais «Tout L'immobilier» nous an-nonce que «la pandémie de Covid-19 a une influence positive sur le marché de l'immobilier résidentiel suisse». Alors, les pauvres, rassurés ?

On a appris, dans « Gauchebdo», que l'agence européenne des gardes-frontières et des gardes-côtes, Frontex, célébrait chaque année la journée annuelle des susdits gardes-frontières et gardes-côtes en orga-nisant un raout en Pologne (l'agence a son siège à Varsovie), à la frontière européenne avec la Russie en 2018, l'Ukraine en 2019, pour plusieurs centaines de milliers d'euros à chaque fois. Un fête d'un jour pour célébrer les hauts faits de ceux qui se livrent à la chasse aux immigrants, c'est pas de trop, vu qu'aux immigrants, c'est toute l'année que Frontex leur fait leur fête.

La crise sanitaire et sociale menace de jeter de plus en plus de locataires a la rue et de priver de petits commerçants de leur lieu de travail, après résiliation de baux pour non paiement du loyer, du fait des difficultés financières dans lesquelles cette crise a plongé nombre de locataires; l'Asloca genevoise voit passer de plus en plus de locataires (souvent de petits indépendants) recevant des résiliations de bail, préalable à leur expulsion, et s'attend à un début d'année calamiteux (pour les locataires), avec des «vagues de personnes expulsées qui seront mises à la rue», dans un pays où, contrairement par exemple à la France, il n'y a pas de trêve légale des expulsions en hiver. Les locataires expulsés sans logement de recours ou de secours le sont donc dans des conditions particulièrement difficiles, d'autant que les logements de secours manquent. De plus, le délai dans lequel les retards de loyers doivent être rattrapés est à nouveau de 30 jours : il avait été porté à 90 jours par le Conseil fédéral lors de la première vague covidienne, mais ce bon mouvement n'a pas été réédité lors de la seconde vague, et le sort des locataires dépend toujours du bon vouloir des régies et des propriétaires. Les expulsions de locataires devant en principe être décidées non par les régies mais par les propriétaires, la Ville de Genève, en tant que propriétaire, mais également en tant que régisseuse (par la Gérance immobilière municipale) et que collectivité instituante de sa propre fondation pour le logement social, est en mesure de décider d'y surseoir pour les logements dont elle est propriétaire et régisseuse, mais également d'inviter sa Fondation pour le logement social d'y surseoir. La Conseillère municipal PDC Fabienne Beaud (qu'on en remercie) a donc demandé au Conseiller administratif Alfonso Gomez ce qu'il en était, et a obtenu la réponse, satisfaisante (si on a bien compris), que non seulement ni la Gérance municipale n'expulsaient en hiver, mais que ni l'une, ni l'autre ne pratiquaient d'expulsions sans qu'une commission se soit prononcée sur le cas, et sans qu'un délai soit laissé au locataire pour rattraper son retard. On s'autorisera à les en féliciter, et à inciter propriétaires privé et régies privées à suivre leur bon exemple. Mais on avoue être d'un optimisme mesuré, du moins tant que le canton et la Confédération ne prennent pas la décision politique de les contraindre un tantinet...

Selon le Service genevois des vota-tions et élections, 53 % des élues et élus dans les conseils municipaux en avaient démissionné lors de la lé-gislature 2015-2020. Un chiffre pour le moins alarmant, en augmen-tation constante depuis quarante ans, et qui a donc alarmé les zautorités, qui ont commandé à l'Université une étude plus ap-profondie. Qui relativise considérab-lement l'impression d'une fuite mas-sive des conseillères et conseillers municipaux : ils et elles ne seraient plus que 18 % à avoir renoncé à leur mandat lors de la dernière législa-ture. pour d'autres raisons qu'une élection dans une autre instance (les exécutifs municipaux, le Grand Conseil), un refus initial de «viennent ensuite» de siéger ou le déménagement dans une autre commune. Restent donc 3,6 % de démissions par an sur cinq ans, les communes les plus touchées étant des villes comme Onex, Lancy, Thônex, Versoix, et les villages de la Champagne, les femmes étant plus nombreuses à démissionner que les hommes. Pour quelles raisons ? D'abord, la frustration face à la limitation (par le canton) des compétences des Conseils munici-paux; ensuite, de mauvaises relations interpersonnelles au sein du Conseil ou du parti politique, enfin, pour des raisons personnelles (maladie, fatigue). Les difficultés de concilier fonction politique et vie familiale ou activité professionnelle ne sont citées qu'en quatrième position, et la charge de travail n'est évoquée que marginalement. Il en ressort que, plus que des aménagements (aux-quels on ne devrait cependant pas renoncer) d'horaires des séances plé-nières ou de commissions, c'est un renforcement des compétences politi-ques des parlements communaux qui devrait s'imposer pour éviter d'en voir trop de membres renoncer à la fonction à laquelle ils et elles se sont faire élire. Mais évide-ment, c'est un chantier politique un peu plus difficile à mener que celui d'un bricolage horaire : qu'un Conseil municipal siège la journée, en fin d'après-midi ou en soirée, ça ne changera rien à son champ de compétences. Et puis, de toute façon, notre horaire idéal de séances, ça serait entre une et cinq heures du matin, mais on se dit qu'on a peu de chances de pouvoir le faire admettre.

A celles et ceux qui se demandent à quoi sert d'avoir un siège au Conseil administratif, l'ancien détenteur de celui d'Ensemble à Gauche à l'Exé-cutif municipal genevois, Rémy Pagani, vient de donner une réponse intéressante : un siège au Conseil administratif, ça aide à créer des sièges sur lesquels n'importe qui peut s'asseoir. A condition bien entendu de pouvoir se les payer. Et donc Pagani a créé des sièges et les vend. A la pièce (c'est de l'artisanat). La «Tribune de Genève» nous en a présenté quatre, le 15 janvier : la «Tulipe», en marbre de Carrare (elle doit pas être facile à déplacer, et il faut un peu se prendre pour un empereur romain, mais y'en a que ça peut tenter), le «Nénuphar», en bois sombre, avec une large assise (sans doute pour répondre au développement du râble) , le «1968» en bois patiné (aussi patiné que l'«esprit de '68») et le «Héron», léger, pieds en inox et assise moulée. La «Tribune» ne nous donne qu'une idée des prix : 3500 balles pour les sièges en bois, bien plus pour celui en marbre. C'est un peu chérot, mais bon, faut ce qu'il faut pour avoir un siège de Conseiller administratif sans avoir besoin de  se faire élire au Conseil administratif...

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