Fonds de tiroir

 

La dernière session du Conseil municipal de la Ville de Genève a été un tantinet perturbée par une panne des micros de sièges et du système de vote électronique, ce qui a poussé le Bureau du Conseil à interrompre la séance du mardi et à annuler celle du mercredi. Parce qu'on ne peut pas tenir séance sans micros de sièges (ceux des tribunes fonctionnaient) ni vote électro-nique ? On faisait comment, avant qu'il y ait des micros de sièges ? on parlait sans micros ou à la tribune. On faisait comment, avant qu'il y ait un vote électronique ? On votait à main levée, par assis-debout ou à l'appel de son nom. Donc on votait et on parlait. Faudrait quand même pas que le fonctionnement démocra-tique soit à ce point dépendant de l'appareillage technique qu'il doive s'arrêter quand cet appareillage cahote... Ouala, c'était notre rubrique «souvenirs du temps d'avant». D'avant quoi ? D'avant qu'on ne puisse plus imaginer même discuter sans micro et voter sans boutons. La préhistoire, quoi.

Faudrait pas croire que, sous prétexte qu'elle a été e théâtre de diverses formes de harcèlement sexuels, la radiotélé romande, la RTS, soit misogyne. Non, faudrait pas, c'est rien que des déviances individuelles, exceptionnelles. La preuve : elle vient d'adopter un guide du langage inclusif : on ne doit plus dire «Bonjour à tous», mais «Bonjour à toutes et tous», ou, mieux encore, tout simplement «Bonjour». Elles vont être contentes, les journalistes et les stagiaires tripotées dans les ascenseurs par les petits chefs ou les vedettes de la télé.

«Je ne suis pas quelqu'un sous influence», a plaidé Maudet la semaine dernière, devant le Tribunal de police. Etrange revendication d'autisme : comme si on pouvait ne pas être «sous influence» quand on exerce des responsabilités, un pouvoir, confiés par l'électorat, dans un cadre institutionnel qui non seulement admet, mais même favorise les «influences». Maudet lui-même, d'ailleurs, le reconnaît à propos du sondage payé par un homme d'affaire, et utilisé pour sa campagne électorale : «c'est un financement ordinaire de campagne politique». Ordinaire, comme l'est  l'influence exercée sur un homme politique par ceux qui le soutiennent, et par cet homme politique sur ceux qui le secondent : quand le chef du service du commerce, dont Maudet est le ministre de tutelle, accorde une autorisation d'ouverture à un bar dont le dossier est incomplet, c'est parce que le chef de cabinet du Conseiller d'Etat le lui a demandé : «lorsque le chef de cabinet parle, c'est le magistrat qui parle». Et quand le magistrat parle, on l'écoute. Le procureur demande inocemment au chef de cabinet : «Comment font ceux qui n'ont pas d'amis chef de cabinet» ? Question idiote : ils attendent...

On estime à carrément 50 % de la population américaine potentiel-lement alphabétisée (ce qui en excepte les plus petits enfants) la proportion d'analphabètes fonctionnels, autre-ment dit de personnes qui savent lire, mais n'arrivent pas, ou très mal, à comprendre ce qu'elles lisent dès que le texte dépasse un niveau basique. On a également aux USA 40 % de créationnistes prenant la Genèse biblique à la lettre (ceux-là savent lire. Quant à comprendre...). Dans ces conditions, on se demande comment a fait Trump pour ne pas être réélu.

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