Fonds de tiroir
Le procès de Maudet n'a pas seulement été le procès de Maudet, ni son jugement et sa condamnation le jugement et la condamnation de lui seul : il y avait quatre co-accusés, qui ont tous été jugés coupables, et dont trois d'entre eux ont été condamnés à des peines de jours-amende... Mais c'est injuste, on parle que de Maudet. Y'en a toujours que pour les grands, quoi. Alors rappelons que l'ex-chef de cabinet de Maudet, Patrick Baud-Lavigne, s'est pris 360 jours-amende pour acceptation d'un avantage, violation du secret de fonction et instigation à abus d'autorité, que les promoteurs Magid Khoury et AntoineDaher se sont pris 240 et 180 jours-amende, et que l'ex-chef du Service du commerce, Raoul Schlumpf a été reconnu coupable d'abus d'autorité, mais exempté de peine (il n'avait fait qu'obéir au Chef de cabinet). Ouala, tout le monde est servi, on passe à autre chose. Quoique... il a annoncé qu'il allait faire appel de sa condamna-tion, Maudet. On est donc reparti pour un tour. Au moins. Parce qu'après l'appel, y'a encore le recours au Tribunal fédéral. Puis la Cour européenne des droits de l'Homme. Puis... euh... rien... ou alors le Jugement dernier ?
Il paraît que la condamnation de Maudet est
          une première en Suisse : la première fois qu'un Conseiller
          d'Etat en exercice est condamné. Qui plus est, en pleine
          campagne électorale ou ledit Conseiller d'Etat se présente à
          sa propre succession. Genève reste donc un laboratoire
          politique. Fiers, on est. 
        
Donc, condamné pour son voyage à Abu Dhabi,
          Maudet a été acquitté pour le sondage électoral qui lui a été
          offert par ses deux copains entrepreneurs. Vu que rien dans la
          loi genevoise ni dans la loi suisse n'empêche ce genre de
          financement des campagnes politiques. C'est l'avantage des
          terrains vagues : on peut y faire ce qu'on veut. On se prend à
          rêver que ce pan de l'«affaire» suscite une prise de
          conscience de ceux qui, notamment au PLR et devenus ennemis de
          Maudet, se sont toujours opposés à toute mesure contraignant à
          un peu plus de transparence dans les relations entre milieux
          d'affaire et milieux politiques. Oui, bon, d'accord, c'est
          qu'un rêve. 
        
6'500 ouvriers sont morts sur les chantiers du Mondial de foot au Qatar selon The Guardian... Et alors ? des métèques pauvres qui crèvent sur un chantier dans un pays de métèques riches, vous pensiez vraiment que ça allait émouvoir les chaînes télés qui ont claqué des milliards pour retransmettre la fête à blaireaux, et les millions de blaireaux qui vont s'agglutiner dans les fan's zones un partout dans le monde ? Un boycott de l'événement par les chaînes de télé publiques de nos belles démocraties humanistes, ça s'imposerait pas ? Vous rêvez, les gars, vous rêvez...
On s'est éloigné de l'égalité salariale, en
          Suisse : entre 2014 et 2018, la différence de revenu entre les
          femmes et les hommes est passée de 18,1 % à 19 %, et la part
          de cette différence inexpliquée par une autre cause que la
          discrimination de genre est passée de 42,4 à 45,4 %. Y'a des
          longues marches qui sont encore plus longues que prévu, et des
          moitiés du ciel  avec encore bien des nuages. 
        
Réagissant au verdict qui le condamnait pour,
          en ayant accepté un «avantage», «porté atteinte à la confiance
          de la collectivité», Pierre Maudet a jugé ce verdict «plutôt
          lumineux» (ses avocats annonçant ensuite qu'ils en feront
          appel : ils auraient préféré un verdict «plutôt obscur» ?),
          même s'il maintient un «reproche», mais pas plus (la juge,
          elle, considère qu'il a commis «une faute importante»). Quant
          à ses avocats, ils considèrent que ce verdict ne concerne
          qu'un «reliquat d'accu-sation», juste un «reproche de ne pas
          avoir été assez prévoyant». Une broutille, quoi. L'avocat de
          l'autre accusé principal, l'ancien Chef de cabinet de Maudet,
          Patrick Baud-Lavigne, regrette que le jugement «s'appuie plus
          sur la morale que sur le droit». Voilà. Alors, la prochaine
          fois que vous entendrez Maudet, ses copains ou ses avocats
          évoquer, avec tous les trémolos d'usage, le respect de la loi,
          de l'ordre et de la justice, vous êtes autorisés à ricaner. 
        
La «Plateforme interreligieuse» de Genève a décidé de s'associer à une grande journée d'action climat interreligieuse mondiale, le 11 mars prochain, à partir d'une déclaration «Humanité sacrée, Terre sacrée». A cette occasion, les cloches des églises sonneront l'alerte à 11 heures du matin. Bon, à cette heure-ci, on rou-pille encore, mais peut-être bien que ça nous réveillera. Pour se rendormir rapidement, mais non sans s'être demandé si, interreligion, multi-culturalisme et dialogue des religions obligent, un muezzin appelera aussi du haut du minaret de la mosquée du Petit-Saconnex à la sacralisation de l'humanité et de la Terre, et s'il sera accompagné de loin par la sonnerie du shofar dans la synagogue. On est interreligieux ou on ne l'est pas.
Les opposants au projet de parking Clé-de-Rive
          ont dénoncé l'instru-mentalisation dans la campagne de la
          votation municipale du 7 mars, d'associations ou entreprises
          (Geneveroule, Mobility, Handicap architecture et urbanisme,
          associa-tion des habitants des Eaux-Vives), présentées (logo à
          l'appui sur les publications de campagne) par les partisans du
          projet comme le soutenant alors que tel n'est pas le cas, et
          et qu'elles le font savoir. Le principal actionnaire de
          Parking Clé-de-Rive se plaint : «nos adver-saires exploitent
          tout ce qu'ils peu-vent pour nous attaquer». C'est vrai, quoi
          : le budget de campagne des gentils partisans du projet n'est
          après tout que six fois supérieur à celui des adversaires,
          alors on ne peut pas leur en vouloir de s'inven-ter des
          soutiens dont ils ne disposent pas. Faut juste les plaindre. 
        


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