Fonds de tiroir

 

Dimanche, les caissettes du  «Matin Dimanche» appelaient le chaland à prendre le canard (et si possible à le payer) avec cette alléchante affichette, nous posant cette question qui nous taraude  : «Mais qui sont les électeurs de Maudet ?» (sans que la réponse soit vraiment donnée par le journal). Et juste en-dessous une étiquettte nous avertissait : «caissette surveillée». Il ferait pas un peu de zèle, là, Jornot ?

Le Parti socialiste genevois est un grand parti démocratique. Et mercredi, ce grand parti démocratique tient démocratiquement une assemb-lée générale démocratique. Où en une soirée, les militantes et tants vont se farcir 13 rapports, les comptes, le budget et prendre position sur les six objets soumis à votation le 13 juin prochain. Et tout ça en virtuel. Sur écran. Par micro. Par Zoom, quoi. 17 socialiste mauvais coucheurs et mau-vaises coucheuses ont envoyé une bafouille au Comité directeur pour dénoncer un «simulacre d'assemblée générale». Y'en a toujours qui sont pas contents.  Qui préfèrent tenir des as-semblées et des débats avec des gens plutôt qu'avec des écrans. Des archaï-ques, quoi. Forcément, on en est.

Le rapport de l'expert (l'ancien juge fédéral Jean Fonjallaz) sur la gestion par Pierre Maudet de son ancien micro-département n'a pas confirmé (ni d'ailleurs infirmé) la réalité des risques de suicide et de violences au sein du personnel du département, évoqués par un premier rapport, mais a en revanche confirmé le caractère  très particulier de la gestion maudétiste de son personnel et de son administration. Le rapport, fondé sur l'audition de 35 collaborateurs du département de Maudet et de Maudet lui-même,  confirme la survenue d'une crise «extraordinairement grave» au sein de l'ancien département de Maudet, avec des taux d'absentéisme doublant entre juin 2019 et juin 2020, un «tournus du personnel» supérieur à la moyenne suisse, une «horizontalisation» des services qui en fait consistait en une verticalisation absolue, Maudet, décrit comme un chef autoritaire,  décidant de tout, y compris des détails (les vacances du personnel, les notes de frais, les entretiens d'évaluation), sans passer par le directeur du département, écartant et mutant sans explications des cadres et des employés, donnant des consignes par courriel à minuit ou à quatre heures et demi du matin... «J'ai besoin de peu de sommeil», se justifie Maudet. Si, comme on l'espère, il n'est pas réélu, il va devoir trouver à s'occuper la nuit, mais bon, tant qu'il ne nous balance pas une newsletter à cinq heures du matin... «Si un fonctionnaire avait fait le dixième de ce qu'on reproche à M. Maudet, il aurait été licencié», résume la syndicaliste SSP Corinne Beguelin, pour qui «M. Maudet utilise ses employés à ses propres fins, et non au service de l'intérêt public». Le Conseil d'Etat a estimé que le rapport Fonjallaz confirmait «les points essentiels» du diagnostic en ressources humaines qui l'avait conduit à priver Maudet des ultimes reliefs de ses responsabilités gouvernementales. Du coup, les six encore collègues du magistrat démissionnaire et candidat à sa réelection ont annoncé que même s'il devait être réélu, il ne retrouverait pas son micro-département du développement et de la promotion économique. C'était d'ailleurs une recommandation du juge Fonjallaz. Qu'est-ce qu'on pourrait bien lui refourguer alors, à Maudet ? le Département militaire ?


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