Fonds de tiroir

 

A Berne, le 7 mars, les citoyens ont refusé (à 53,9 % des votes) des ouvertures dominicales supplémen-taires des magasins. Et à Berne, aux Chambres fédérales, la droite fait pression pour que dans la loi Covid, les cantons aient la popssibilité de laisser les magasins ouvrir douze dimanches par an. Y'a donc deux Berne. Et y'en a une qu'on prèfère.

En même temps que l'élection complémentaire au Conseil d'Etat genevois, il y avait ailleurs des élections générales, au Grand Conseil et au Conseil d'Etat en Valais, municipales dans le canton de Vaud. et à Fribourg.

Aux municipales vaudoises, on notera le résultat contradictoire de l'élection lausannoise : les socialistes cartonnent à l’élection de la Municipalité (exécutif), entraînant avec eux le candidat du POP et laissant assez loin derrière les Verts, qui avaient rompu l'alliance rose-rouge-verts pour revendiquer un siège de plus que les deux qu'ils avaient, alors que ce sont précisément les Verts qui progressent lors de l'élection du Conseil communal (délibératif) en y gagnant sept sièges et en y devenant le deuxième groupe, devant le PLR, la gauche de la gauche obtenant quant à elle 13 sièges, soit deux de plus (il est vrai qu'elle a été capable de faire liste unique, contrairement à Genève), la progression de ses alliés faisant plus que compenser le recul du PS (4 sièges de moins), d'autant que l'UDC a perdu six sièges. Pour l'exécutif, la rupture par les Verts de l'alliance de gauche au premier tour a eu pour conséquence un ballotage général, les trois socialistes et le popistes sortant largement en tête,  avec dix à quinze points d'avance sur les Verts. Qui finalement rejoignent, pour le deuxième tour, l'alliance des trois listes de gauche et ses six candidat.e.s (trois socialistes, deux verts, un popiste) pour sept sièges à pourvoir. La gauche progresse dans tout le canton, grâce aux Verts, alors que le PLR et l'UDC reculent. A Vevey,le ballotage est général pour l'exécutif, mais c'est la gauche de la gauche (Décroissance Alternatives) qui sort en tête devant le PLR, les socialistes et les Verts arrivant derrière. Pour le deuxième tour, la gauche fait bloc avec trois candidats de Décroissance Alternatives, deux verts et un socialiste, contre une liste de droite de cinq candidats et une liste du centre d'une candidate. A Renens, un socialiste et une verte ont été élus au premier tour à la Municipalité, et une candidate et un candidat de la gauche de la gauche («Fourmis Rouges») sont en ballotage favorable au deuxième. Au Conseil communal, elle a d'ailleurs gagné un siège. A Yverdon, trois sièges ont été gagnés au premier tour par la gauche (deux socialistes et une Verte), qui présente pour le deuxième tour un socialiste et un Vert, contre une liste de droite de quatre candidats. Dans le canton de Fribourg aussi, la gauche progresse lors des Municipales : les Verts entrent à l'Exécutif de la Ville de Fribourg en prenant le siège du PLR, la gauche détenant désormais quatre sièges sur cinq. Et en Valais, un deuxième tour sera nécessaire pour l'élection du Conseil d'Etat, le socialiste Mathias Reynard obtient une excellente quatrième place et le PDC risque de perdre sa majorité absolue. Au Grand Conseil, le PDC recule et les Verts progressemt, et les femmes doublent presque leur représentation.  Ouala, c'était notre bulletin d'infos rupestres. Eh ouais, y'a un monde, pas seulement Céligny au-delà de la Versoix. Et ce monde, il vote de pus en plus à gauche.

Comme disait l'autre, si la victoire a de nombreux pères, la défaite, elle, est orpheline : au merdier dans lequel le PLR genevois s'est plongé tout seul, et continue de barboter puisqu'il s'est révélé incapable de donner un mot d'ordre pour le deuxième tour de l'élection partielle au Conseil d'Etat (alors qu'il pouvait soutenir une candidature PDC), il lui faut bien trouver un responsable. Un bouc émissaire. Un fusible. Un coupable. On pensait qu'il était tout trouvé en la personne de SuperMaudet, puisqu'après tout c'est bien lui (merci, camarade...) qui a plombé le principal parti de la droite genevoise mais non, il en faut un autre puisque celui-là le parti l'a déjà lourdé -toutes les amputations ne préservent pas de la gangrène, a-t-on fait dire à Ambroise Paré. Donc, c'est la tête du président du parti, Bertrand Reich,qu'on veut coller sur le billot. Son prédécesseur, Alexandre de Senarclens, avait déjà démis-sionné, mais de son plein gré, après qu'une assemblée générale ait refusé la démaudétisation proposée par la direction du parti. Pour les maudétistes les plus acharnés, il s'agit maintenant de faire (politi-quement) la peau de son son suc-cesseur, après avoir eu celle du candidat officiel du parti au premier tour de l'élection, et réussi à pousser la Chambre de commerce et d'indus-trie d'appeller à voter pour Maudet. Tout ça fait tout de même un petit peu préparation d'une nuit des courts couteaux, non ?         

A Genève, une loi cantonale, la LIPAD (Loi sur l'information du public, l'accès aux documents et la protection des données personnelles) permet, comme son nom l'indique et à certaines conditions, au public et aux élus dans les parlements municipaux et cantonal, d'avoir accès à des documents qui ne leur ont pas été transmis. Cette loi s'impose à l'Etat, aux communes et aux institutions publiques. Sauf que deux d'entre elles ne veulent pas s'y soumettre et considèrent qu'elles n'y sont pas soumises : la Caisse de prévoyance de l'Etat et la Cour des Comptes, ce qui leur a valu des recours des préposés à la protection des données auprès de la Chambre administrative de la Cour de Justice, pour les y contraindre. Une institution publique (les préposés à l'application d'une loi) faisant recours contre le refus d'autres institutions publiques de se soumettre à une loi, on pourrait trouver ça assez original. Sauf que ça se passe à Genève. Et comme administrativement, politiquement, judiciairement, impossible n'est pas genevois, ça n'est plus original du tout. On peut même être constam-ment créatifs, quand même. La Genferei, c'est tout un art. Brut.

Pour le député PLR Jean Romain, s'exprimant dans le très maudétiste «Tout l'Immobilier», Pierre Maudet est un homme «exceptionnel». On est assez d'accord sur le qualificatif... Il est même si exceptionnel qu'il est  «comme la mouche du coche, hyperactive, novatrice, inventive, omniprésente, déplaçant souvent des pièces sur l'échiquier»... une mouche du coche novatrice, inventive et jouant aux échecs, c'est en effet assez exceptionnel...


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