Fonds de tiroir
Dans la «Julie» d'hier, le candidat UDC au Conseil d'Etat Yves Nidegger nous ressort le vieux fantasme de la droite ge-nevoise : supprimer la commune de Genève., Elle y avait d'ailleurs réussi en 1815. Pour se la voir réimposer trente ans plus tard par une révolution. Du coup, c'est la «solution bâloise» qu'on nous présente, en la comprenant tarre pour barre : à Bâle, on a transformé la Ville en canton... En fait, Nidegger, il aime tellement le Conseil administratif qu'il veut le transformer en Conseil d'Etat...
«L'enjeu (de l'élection au Conseil d'Etat),c'est de compléter l'équipe en place», résume Pierre Maudet au cours du face à face avec Fabienne Fischer organisé par «Le Courrier». C'est un marrant, finalement, Maudet : il en faisait partie de l'«équipe en place», il n'y a d'élection que parce qu'il a démissionné, et il n'est candidat que pour revenir là d'où il est parti. Pas pour «compléter l'équipe en place», mais pour la reconstituer telle qu'elle était le 31 décembre dernier. Avec lui. Ou plutôt autour de lui. Voir au-dessous. Ce dont «l'équipe en place» n'a pas, mais alors pas du tout, envie... On se demande pourquoi d'ailleurs, ça avait tellement l'air d'une franche partie de rigolade...
Voilà un débat intéressant : la rémunération
des patrons des régies publiques genevoises, dont certains
(ceux des TPG, des SIG, de l'IMAD, des HUG et gagnent plus
qu'un Conseiller d'Etat (un peu plus de 250'000 francs par
an), voire même autant (483'553 francs par an pour le
directeur de l'Aéroport en 2019) qu'un Conseiller fédéral. Le
Grand Conseil va donc en traiter. Avec deux attitudes
contradictoires selon le bon vieux clivage gauche-droite : la
gauche veut plafonner ces rémunérations, la droite explique
qu'il faut attirer les compétences et que ça se paie (la
beauté du service au public ne suffit donc pas ?). Le service
public ne devrait pas se calquer sur le privé, avec ses
rémunérations stratosphériques (15 millions par an pour le
patron de Roche, par exemple...) plaide la gauche, ben si, il
devrait, répond la droite. Les socialistes proposent de
plafonner le salaire des patrons des grandes régies cantonales
à celui d'un Conseiller d'Etat. C'est une bonne proposition
-mais le problème n'est pas que cantonal : le directeur
général du Grand Théâtre est mieux payé que le Maire de la
Ville qui assure l'existence de l'institution (on ne connaît
d'ailleurs même pas son salaire, mais il doit se situer au
niveau de celui des patrons des grandes régies cantonales), et
là, le canton n'a rien dire. Il n'a même rien eu à dire quand
le bureau du Conseil d'administration des HUG avait décidé,
tout seul, d'augmenter de 70'000 francs le salaire (380'000
francs) du directeur général (qui y a renoncé après le tollé
que ça avait suscité), ou quand la directrice de l'IMAD avait
reçu une prime de 90'000 francs, décidée par le seul président
du Conseil d'administration. Au cas où, le salaire moyen à
Genève est, pour l'ensemble des salariés, de 70'000 francs par
an en 2021. Mais faudrait pas que ça empêche des gens qui sont
payés cinq, ou six fois plus de se prétendre membres de la
classe moyenne. Non, faudrait pas. Parce qu'à elle seule,
cette prétention rend illusoire l'existence même de cette
classe dont on nous rebat les oreilles.
Le député PLR Alexis Barbey brise dans la
«Tribune» de mardi une lance en faveur de la candidature de la
PDC Delphine Bachmann. C'est d'ailleurs ce qu'aurait du faire
le PLR lui-même, en tant que parti, s'il ne s'était révélé
incapable de faire quoique ce soit sinon pleurer sur son sort
et la malignité, soit de Pierre Maudet, soit du Comité
directeur du parti (au choix). Evacuant la candidature UDC
d'Yves Nidegger, refusant d'envisager quelque soutien que ce
soit à celle de Fabienne Fischer au prétexte qu'un Conseil
d'Etat de gauche (avec elle) se confronterait à un Grand
Conseil de droite, et que les institutions en seraient
paralysées (l'ont-elles été en Ville quand un Conseil
administratif de gauche se confrontait à un Conseil municipal
de droite?), Alexis Barbey pose la candidature PDC de Delphine
Bachmann «comme une évidence»... Bon, ben on saura dimanche
vers une heure de l'après-midi de quel poids pèse cette
évidence pour les électeurs et les électrices...
On s'inquiétait, dans «Le Matin Dimanche» : quel dicastère serait fourgué à Pierre Maudet s'il était élu ? «un casse tête» pour un Conseil d'Etat qui ne souhaite qu'une chose : que cette hypothèse en reste une, et d'école. A la limite, il préfererait encore Nidegger, le Conseil d'Etat. Au moins il ne leur a pas menti, ne leur a pas nui pendant deux ans, et les fonctionnaires qui seraient sous ses ordres n'ont aucune mauvaise expé-rience de lui. Mais bon, l'hypothèse de son élection étant aussi une hypothèse d'école, c'est celle de l'élection de Maudet qui inquiète les uns, les unes et les autres. Même si dans tous les cas, toutes les cartes seront rebattues, et tous les sièges réattribués, dans deux ans. En attendant, le problème est qu'on ne peut pas priver un élu de tout département (le Tribunal fédéral en a jugé ainsi), que les dicastères sont répartis de manière collégiale, que le dernier prend ce qu'on lui laisse et ne peut pas refuser ce qu'on lui refourgue (le Département militaire, par exemp-le), et qu'au final la répartition des départements du gouvernement est validée par le parlement. Et tout ça vaut pour Maudet comme pour Fischer. Sauf que pour elle, on n'a pas entendu dire que définir son départe-ment serait un «casse-tête» pour ses collègues. De toute façon, comme dit le proverbe kanak, le «casse-tête» est surtout un problème pour celui qui se le prend sur la caboche.
15,8 % de participation mardi soir à l'élection partielle de dimanche au Conseil d'Etat genevois, : ça vote mollachu. C'est pas calamiteux, mais c'est médiocre. Alors, si vous voulez essayer de changer d'air, d'ère et même d'erre et que vous n'avez pas encore voté, bougez vous le bulletin : vous avez jusqu'à ce soir pour l'envoyer par la poste et dimanche de 10 heures à midi (heure d'été) pour le déposer dans l'urne de votre local de vote .
Grande nouvelle : la candidature de la PDC
Delphine Bachmann au Conseil d'Etat a été validée, et
l'invalidation de celle de l'indépendant Olivier Pahud a été
confirmée. Deux citoyens avaient déposé recours dilatoires
contre la validation de l'une et l'invalidation de l'autre.
C'est bon, là, on peut ne voter, ni pour l'une ni pour l'autre
?
Commentaires
Enregistrer un commentaire