Nous avons voté pour Fabienne Fischer, sans aucune hésitation...

En principe, vous avez toutes et tous reçu (enfin) votre bulletin de vote. Il vous reste à en faire bon usage (jusqu'à jeudi soir par correspondance, dimanche matin au local de vote) pour participer à l'élection partielle au Conseil d'Etat. Vous avez le choix entre deux candidates et deux candidats au deuxième tour de l'élection partielle au Conseil d'Etat genevois. Avec une candidate verte,  Fabienne Fischer, soutenue par le PS, le Parti du Travail, le DAL, les Jeunes Verts, socialistes et Verts libéraux, ainsi que l'Avivo et Pro Velo (SolidaritéS appelle plus jésuitiquement à "faire barrage à la droite"). Derrière elle, à bonne distance au premier tour,  Pierre Maudet. Fabienne Fischer et Pierre Maudet sont sortis du premier tour avec une large avance sur leurs concurrents, dont il ne reste qu'Yves Nidegger, de l'UDC. A ces trois s'est ajoutée in extremis une candidate du PDC, qui au premier tour soutenait le candidat du PLR, mais profite de sa débandade pour faire au moins un tour de piste en espérant rallier à sa candidate, Delphine Bachmann, toutes celles et tous ceux qui à droite ne veulent ou ne peuvent se résoudre ni à voter pour Fabienne Fischer ou Yves Nidegger, ni à voter pour Pierre Maudet, "disqualifié pour exercer une fonction dans un collège gouvernemental". "Disqualifié" ? L'expression est étrange : "disqualifié" par qui ? Ce sont les électrices et les électeurs qui qualifient ou disqualifient une candidature. Ce sont donc eux qui diront dimanche ce qu'ils pensent de celle de Maudet. Espérons avoir fait comprendre ce que nous en pensons, nous, en ayant voté pour Fabienne Fischer, sans aucune hésitation...


Un homme "fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui"

Ni Fabienne Fischer ni Pierre Maudet n'ont fait le plein de leur électorat au premier tour : ainsi, les 30 % de Fabienne Fischer sont en deçà des 34% de suffrages cumulés du PS et des Verts de 2019 (élections fédérales), même si cet étiage est atteint en reportant sur la candidate verte les suffrages obtenus par le candidat du Parti du Travail, qui appelle à voter pour elle, et une partie des suffrage obtenu par le candidat des Verts libéraux (les Jeunes Verts libéraux appelant à voter pour Fabienne Fischer). En face,  Maudet fait moins de la moitié de son score de 2018. Et s'il arrive arrive nettement en tête de la droite, ayant fait la meilleure campagne électorale, c'est que la droite, sauf l'UDC (dont le candidat double le score de son parti), s'est effondrée sur elle-même. Maudet capte le tiers de l'électorat de la droite "bourgeoise" genevoise, en puisant largement dans celui du PLR. On peut considérer les scores de Fabienne Fischer et de Pierre Maudet comme des socles électoraux, sur lesquels il va falloir additionner un électorat nouveau pour pouvoir obtenir la majorité relative nécessaire à l'élection -exercice plus aisé pour la candidate de gauche que pour le principal candidat de droite, puisqu'il a une concurrente et un concurrent dans son propre camp.

Avant les élections fédérales de l'automne 2019, l'UDC, par la voix de Céline Amaudruz, avertissait : "Si le PLR veut battre la gauche aux Etats, il doit s'allier avec nous, l'UDC. (...) le PLR doit faire un choix. S'il veut que la droite ait toutes les chances de gagner, il faut partir ensemble. (...) En revanche, il est exclu que nous ne présentions personne pour favoriser le PLR". L'avertissement était clair. Il l'était tout autant en 2021, pour l'élection partielle au Conseil d'Etat. En 2019, il était tombé dans l'oreille d'un PLR sourd, l'UDC avait maintenu la candidature d'Amaudruz -et le PLR avait échoué dans sa tentative de récupérer un siège au Conseil des Etats (et en avait perdu un au Conseil national). Bis repetita cette année : l'UDC présentait la candidature d'Yves Nidegger, qui ambitionnait "d'obtenir le meilleur score de droite au premier tour pour affronter ensuite la gauche". Ce fut raté, Maudet cartonnant à drte et le candidat du PLR devançant (de peu) celui de l'UDC. Nidegger annonça alors qu'il se retirerait si le PLR maintenait une candidature, , mais comme le PLR en étant incapable,  le candidat UDC resta le seul candidat de droite à concurrencer Maudet... avant que le PDC s'invite dans la partie sans y avoir été convié par d'autres que par lui-même.

Nul, pourtant, ne s'attend à un autre duel, pour l'élection, que celui de la candidate de la gauche et du principal candidat de la droite : Pierre Maudet. Que le destin de la droite indiffère cependant totalement, le seul destin qui lui importe étant le sien. Que périsse le PLR et qu'éclate la droite, pourvu que je puisse me remettre en selle : ce programme, qui résume sa candidature, pourrait d'ailleurs nous convenir, voire même malignement nous réjouir, si d'autres enjeux ne devaient nous requérir que le destin d'un homme "fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n’importe qui... Au terme d'une campagne électorale hors norme, où ses partisans se sont comportés et comportées comme des groupies de chanteurs à minettes des années soixante du siècle dernier, il faudrait en convenir : Pierre Maudet marche sur les eaux (qu'il change en vin), ressuscite les morts (même lui), redonne la vue aux aveugles, fait gambader les paralytiques et guérit les écrouelles. Fabienne Fischer, non. C'est même pour cela que c'est elle qu'il faut élire au Conseil d'Etat, pas lui. Parce que la place des thaumaturges, elle est dans les temples ou les cirques, pas dans le gouvernement d'une République.

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