Fonds de tiroir

 Bonne nouvelle : on manifeste de plus en plus ses convictions politiques à Genève, constate la Cour des Comptes dans un rapport. Les manifestations à but politique autorisées sont passées de 290 en 2012 à 434 en 2019, alors que la loi entrée en vigueur en 2012 pose des conditions plus strictes à leur autorisation. Mais qu'est-ce qui leur a pris, aux gouvernants et aux députés genevois de vouloir encadrer plus strictement le droit de manifester ? Empêcher des Genevois de manifester, ça tient quand même un peu de la mission impossible. Autant que les empêcher de râler. M'enfin...

Très belle page de Karel Bosko dans «Le Courrier» d'hier sur la Commune de Cronstadt en 1921, cinquante ans après la Commune de Paris, et écrasée comme elle -mais pas par les Versaillais : par l'Armée Rouge...
https://lecourrier.ch/2021/04/11/cronstadt-1921-la-commune-ecrasee/

Le 3 avril, la «Tribune de Genève» titre en «une» : «Le PLR sombre en plein règlement de compte». Détail dudit règlement de compte : les «démissions symboliques de deux figures radicales», l'ancien Conseiller administratif de la Ville Michel Rossetti et l'ancien député Jacques (etc) Jeannerat, pour protester contre la condamnation par le président du parti de ceux qui, en son sein, ont apporté pendant la campagne électorale de la partielle au Conseil d'Etat, leur soutien à Pierre Maudet contre le candidat PLR officiel, Cyril Aellen. Ceux-là, «cinq personnes au plus», résume le président du parti, Bertrand Reich, s'en sont «exclus d'eux-mêmes» et il ne leur reste qu'à «assumer leur choix» (Ce que tous n'ont pas fait) s'ils veulent être «un peu cohérents». Bon, les deux démissions de Rossetti et de Jeannerat ne ravagent pas vraiment le paysage politique local, vu qu'on ne se souvenait même plus que l'un des démissionnaires était encore vivant et que l'autre avait encore une activité politique, mais s'y ajoute le fait que le groupe PLR au Grand Conseil est traversé, à cause du soutien apporté par certains députés à Maudet, par «un climat épouvan-table». Au point qu'il ferait penser à celui qui il y a quelque temps régnait au sein du groupe socialiste.  l'ancien président du PLR Alain-Dominique Mauris «appelle une nouvelle fois à cesser les hostilités immédiatement». On envoie les casques bleux (ou verts, ou roses) ? Pas besoin : le président du parti, Bertrand Reich, l'assure : «le parti fonctionne bien, il est vivant et non pas détruit, un travail de fond a été mené»... alors si en raclant le fond travaillé, on fait remonter quelques vieux cœlacanthes radicaux à la surface, c'est pas grave, on pourra toujours les exposer au Museum. Ou chez Barbier-Muller. Ou au MEG une fois rebaptisé Musée Fazy-Favon.

Donc, Moutier va quitter le canton de Berne pour celui du Jura : ses citoyens et yennes en ont décidé ainsi avec 174 voix d'avance pour le camp jurassien sur le camp bernois (c'est la quatrième fois qu'ils votent sur le sujet, et la deuxième qu'ils choisissent le Jura). Est-ce que c'est la «fin de la question jurassienne» ? le journaliste et ancien Conseiller national Jean-Claude Rennwald (socialiste et jurassien) balaie la question : «ce qu'il reste surtout à régler, c'est la création d'un plus grand ensemble interjurassien par le biais d'un supercanton composé du canton du Jura, du Jura bernois et de Neuchâtel, ou sous une autre forme». «Supercanton» est un bien grand mot, puisque que même en additionnant Jura, Jura bernois et Neuchâtel, on arrive pas à atteindre la population du seul canton de Genève... mais on arriverait en tout cas déjà à ré-équilibrer un peu le rapport entre l'arc lémanique et le reste de la Ro-mandie... A part ça, que Moutier re-joigne le Jura, c'est «gagnant-gagnant» pour les deux (mais évidemment, perdant pour Berne et les franco-phones du canton, dont le poids se réduit) : Moutier y gagne une meil-leure politique sociale (le Jura a un salaire minimum légal, pas Berne) et un élargissement de la démocratie (les étrangers et étrangères qui résident dans le Jura, et donc désormais à Moutier, disposent du droit de vote et d'éligibilité, pas ceux et celles qui résident dans le canton de Berne). Et puis, la gauche jurassienne sera ren-forcée du Parti socialiste autonome, fort à Moutier. Ouala. On a vraiment passé un bon dimanche, le 28 mars.

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