Fonds de tiroir

 On a comme un doute sur le sens profond de ce titre du «Courrier» du 20 mai, à propos de l'Assemblée générale virtuelle* du PLR genevois devant élire sa nouvelle direction : «Mal en point, le PLR choisit la continuité»... Choisir la «continui-té» quand on est mal en point, c'est vouloir continuer à être mal en point, non ? Bon, bref, le 18 mai, le PLR genevois a réélu à sa présidence son président sortant, Bertrand Reich, contre son ancienne secré-taire générale, Sophie Creffiled, qui se présentait «afin de construire un projet de société» avec son parti. Qui en manquerait donc, d'un projet de société ?  Seul un élément divise le parti, Pierre Maudet, considère Bertrand Reich, pour qui les libéraux-radicaux doivent se «concentrer sur (leurs) projets politiques». Et Pierre Maudet n'est pas à lui seul un projet politique, on est bien d'accord. Même si un député maudétiste, Charles Selleger, vient de claquer la porte du parti après avoir été mobbé par son groupe. D'ailleurs, Sophie Creffield aussi, qui avait voté l'exclusion de Maudet du parti,  estime que «le moment est venu de tourner la page». Sauf qu'elle n'exclut pas (Bertrand Reich non plus, ni les maudétistes) une alliance avec un éventuel nouveau parti maudétiste. A quoi les maudétistres ajoutent tout ce qui est à droite du centre, y compris les Verts libéraux et l'UDC. Le genre de truc qui assure une majorité de gauche, quoi. Reste plus qu'à savoir ce que sont les projets politiques, le «projet de société» du PLR, à part élargir les horaires d'ouverture des magasins et supprimer la taxe professionnelle. Ce qui est tout de même un peu léger pour rester, ou redevenir, le premier parti de la Parvulissime République : «si les Genevois devaient élire aujourd'hui leur parlement, dans l'hypothèse de l'arrivée d'un nouveau parti», celui de Pierre Maudet, «la moitié de notre députation seulement serait réélue», annonce le maudétiste (resté au PLR, contrairement à d'autres) Pierre Kunz. Dont on peine à discerner si cette hypothèse l'attriste ou le réjouit.

* une assemblée générale virtuelle, qu'elle soit du PLR ou du PS, étant à une assemblée (réunion de personnes au même moment dans un même lieu...) ce qu'un soap opera télévisé est à un opera sur scène et fosse...

Dans le Jura, la population de 25 communes, dont les Villes de Delémont et Porrentruy, a été invitée en mai à se délester de ses produits phytosanitaires, à laisser son jardin se transformer en prairie sauvage plutôt qu'en gazon à entretenir, à remplacer thuyas et lauriers, inutiles, voire nuisibles, à la faune )insectes, oiseaux, batraciens) par des arbustes indigènes. Mais libérez-nous d'un doute : est-ce qu'un arbuste bernois est indigène dans le Jura ?

Vous savez où c'est, la Goutte de Saint-Mathieu ? Vous savez ce que c'est ? Vous savez ce qu'on veut y faire ? Non ? C'est pas grave, nous non plus, on ne savait rien de tout ça... sauf qu'on va devoir voter là-dessus, à G'nêêêêve, le 13 juin. Donc, la Goutte de St-Mathieu, c'est à Bernex. C'est un terrain agricole de 4 hectares. Que le canton veut déclasser pour pouvoir y construire un Cycle d'Orientation, un Centre de formation professionnelle. Ce que tous les partis acceptent (il va y avoir 1750 élèves de plus au CO dans quatre ans, alors que les CO existants ne suffisaent déjà plus en 2021). Tous les partis, sauf l'UDC. Qui ne veut pas qu'on touche à un terrain agricole. Elle a donc lancé un référendum au nom de la lutte contre le bétonnage. Mais qu'est-ce qu'on peut y faire pousser, sur ce terrain qu'il faudrait sauver, coincé qu'il est entre une grande route et une autoroute ? des pneus ?

«Nous tenons à la vie dans un théâtre, à la vie sur scène, et à celle si importante de la rencontre entre des acteurs.trices, des danseurs.euses.s et des spectateur.trices.s. C'est un tango chaotique, mais nous avons continué de danser, et nous continuerons de danser» (Rossella Riccaboni, Théâtre du Loup). Et donc, je paraphrase (sans savoir si le «nous» dont j'use est un pluriel de quantité ou un pluriel de majesté) : «Nous tenons à la politique dans la rue, à la politique dans des réunions, et à celle si importante de la rencontre entre des élu.e.s, des mili-tant-e-s et des citoyen.ne.s». Et donc : merde aux assemblées générales et aux séances de commissions en visio-conférence. Oualà, c'est dit : portez moi (portez nous ?) absent(s) à toutes les séances qui ne peuvent pas se tenir en réunissant de vraies personnes, physiquement présentes, dans un même lieu. Parce que franchement, y'en a marre de ces simulacres navrants et de ces collections d'images sur écran de participants (et pantes) se rendant tous et toutes plus ridicules les uns et les unes que les autres.


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