Fonds de tiroir

 On avait oublié de vous le dire, parce qu'on était trop tristes : Romain Bouteille est mort le 31 mai, à 84 ans, d'une insuffisance respiratoire. Si vous ne savez pas qui était Romain Bouteille, on dira simplement qu'il était l'incarnation du théâtre anar, et l'une des figures du café-théâtre français contem-porain. Qu'il fut le fondateur du Café de la Gare, «premier et dernier théâtre en anarchie réelle». Et qu'il avait choisi le café-théâtre parce qu'il cherchait «un job qui permette de se lever à n'importe quelle heure et ne suppose ni diplôme, ni réel travail, ni obéissance». Salut, camarade !

Pour la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, plaidant vainement pour la loi CO2, «l'épo-que du pétrole, du charbon et du gaz est bientôt révolue, l'avenir appar-tient aux technologies respectueuses du climat». Ouais, mais le pré-sent, lui, il appartient  à ceux qui n'en veulent pas si ça leur coûte des sous...

La loi CO2 a été refusée au plan national par 51,6 % des suffrages, mais acceptée à 61,4 % à Genève. Mais hors des villes, ce n'est pas sur l'urgence climatique qu'on a voté, c'est contre les taxes. Et peu importe que leur produit devait être redistribué : on était contre les taxes, point barre. Payer son essence plus chère ? Nan ! Payer son billet d'avion plus cher ? Nan ! Prendre le train plutôt que l'avion pour aller s'abreuver sur les ramblas ? Nan ! On veut bien être écolo, mais si ça ne coûte rien.

Le préavis municipal sur le plan localisé de quartier lié au projet de Cité de la Musique a été refusé, par 800 vois d'écart en Ville de Genève. Tous les arrondissements de gauche disent NON. Tous. ça devrait nous parler un peu... et que seuls des arrondissements de droite votent OUI, ça devrait aussi nous parler un peu... 800 voix de différence dans un vote qui a mobilisé 50'000 des 200'000 habitants de la Ville (avec 40% de participation, plutôt bonne pour un vote municipal), ça n'est pas un raz-de-marée, et c'est même moins que ce qu'on pouvait prévoir, vu l'addition des oppositions qui caractérise tout vote référendaire, mais c'est tout de même, pour le PS, une sanction: celle d'un soutien totalement a-critique à un projet présenté comme atteignant à la perfection, sans aucun défaut, ne posant aucun problème... si la base électorale du PS s'était mobilisée pour ce projet, il serait passé. Faut dire que l'argumentation des défenseurs du projet avait parfois de quoi dé-concerter : Le président de la Fonda-tion pour le Cité de la Musique, Bruno Mégevand, avançait ainsi cet étrange argument : qu'il fallait que «le touriste venant de Buenos Aires, de Canberra et d'ailleurs ne dise plus jet d'eau ou cathédrale Saint Pierre mais Cité de la musique» quand il évoque Genève. On croyait devoir se prononcer sur un projet d'institution culturelle, on s'est prononcé sur un projet touristique. Fallait nous le dire avant... Bon, maintenant, parole au canton. Plus précisément, au Grand Conseil, si le Conseil d'Etat veut contourner le préavis municipal de la Ville. Et si le Grand Conseil le suit dans cette voie, il se prendra un référendum. Et ça, c'est sans compter les recours en cascade : à la Cour cantonale de Justice, au Tribunal fédéral, et pourquoi pas à la Cour des droits de l'Homme...

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