Fonds de tiroir

 Un appel a été lancé à Genève par le Club suisse de la presse et plusieurs personnalités (l'ancien directeur général du CICR Yves Daccord, la Maire de Genève Frédérique Perler, le Conseiller aux Etats socialiste Carlo Sommaruga, pour la libé-ration du lanceur d'alerte Jullian Assange, détenu en Grande-Bretagne depuis plus de deux ans, en attente de sa possible extradition aux Etats-Unis où il risque une peine de 175 ans de prison pour «espionnage», alors que l'action qui lui a été reprochée fut précisément une action de contre-espionnage : la publication (le contraire de l'espionnage...) depuis 2010 de 70'000 documents confidentiels portant sur les activités diplomatiques, militaires et des services spéciaux des Etats-Unis, et sur certains actes qualifiables de crimes de guerre.  En 2010 déjà, le Grand Conseil genevois adoptait une résolution demandant l'octroi d'un visa humanitaire suisse pour Julian Assange. L'«Affaire Assange», c'est l'Affaire Dreyfus du XXIe siècle, selon le rapporteur spécial des Etats-Unis sur la torture, Nils Melzer. Qui rappelle que la Russie a accordé l'asile à un autre «lanceur d'alerte», Edward Snowden. Mais c'est vrai qu'il est plus facile de condamner la Russie ou la Biélorussie que les Etats-Unis...

Les Américains  auraient été «impressionnés par les mesures sécuritaires» déployées par les hôtes suisses et genevois de leur rencontre, ont assuré «plusieurs sources» à la «Tribune de Genève». La cheffe de la police cantonale genevoise s'est dite «fière et émue» d'avoir été person-nellement félicitée par Joe Biden, Guy Parmelin et Ignazio Cassis. Mais pas par Vladimir Poutine ? Apparemment pas, non. C'est vrai que question mobilisation policière, militaire et barbouzarde, il est difficile à impressionner, Vladimir Vladimirovitch... Mais faut bien avouer que mobiliser 2000 policiers genevois, 900 policiers d'autres cantons, des dizaines de policiers fédéraux, 150 policiers municipaux, 1000 militaires et une cinquantaine d'astreints à la Protection Civile, c'est pas tous les jours que ça se fait en Suisse. En plus, les Français étaient aussi sur la brèche. Quoi, les Français ? Ben ouais, des policiers, des gendarmes, d'autres militaires, aux frontières et du côté français de la piste de Cointrin. Et l'aviation militaire française surveillait aussi son espace aérien, vu que pour arriver à Genève, Biden, au moins, devait le survoler. Décidément, on peut rien faire à Genève sans les Frouzes... Alors, autant carrément leur acheter leur avion de combat, non ? Surtout qu'après son arrivée à Genève, Joe Biden a eu un entretien avec Guy Parmelin, président annuel de la Confédération et qu'il en profité pour vanter les mérites des deux modèles d'avions de combat américains en lice, comme le «Rafale» français,  par la Suisse pour être achetés par la Suisse. Ils ont élu un commis-voyageur comme prési-dent, les Ricains ?  Bon, Parmelin a aussi rencontré Vladimir Poutine, et comme y'avait pas d'avions russes candidats à l'achat par la Suisse, ils ont peut-être pu avoir une discussion sérieuse. Peut-être.

Mardi dernier, les Arméniens mani-festaient sur la Plaine de Plainpalais contre la passivité des USA et de la Russie face au nettoyage ethnique du Haut-Karabakh par l'Azerbaïdjan et le Turquie. Et dimanche, un match de foot a opposé  en Azerbaïdjan la Suisse et la Turquie. Le monde est petit. Et moche. Et les deux potentats qui se sont rencontrés à Genève dirigent deux Etats qui, à eux seuls, vendent plus de 50 % des armes vendues dans le monde entier. Et donc à l'Azerbaïdjan, à l'Arménie et à la Turquie. Et peut-être à la Suisse aussi, pour ce qui est des Américains (et, par exemple, de leurs avions de combat)...

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