Refus du préavis municipal sur la Cité de la Musique : Et maintenant ?
Le préavis municipal sur le plan localisé de quartier lié au projet de Cité de la Musique a été refusé, par 800 voix d'écart en Ville de Genève. Tous les arrondissements de gauche disent NON. Tous. Cela devrait nous parler un peu... et que seuls des arrondissements de droite votent OUI, cela aussi devrait nous parler un peu... Ce NON, même de justesse, c'est tout de même, pour le PS, une sanction: celle d'un soutien souvent totalement a-critique à un projet présenté comme atteignant à la perfection, sans aucun défaut, ne posant aucun problème... or si la base électorale du PS s'était mobilisée pour ce projet, il serait passé -et il n'a été repoussé que parce qu'une bonne partie de la base socialiste l'a repoussé... et qu'elle devait bien avoir quelques motifs de le faire. Reste que 800 voix de différence dans un vote qui a mobilisé 50'000 des 200'000 habitants de la Ville (40 % de participation, c'est une bonne participation, pour un vote municipal), ça n'est pas un raz-de-marée, d'autant moins qu'un vote de nature référendaire est plutôt favorable aux oppositions, qui peuvent s'additionner sans égards à leurs contradictions, alors que les soutiens doivent s'élargir... Maintenant, parole au canton. Plus précisément, au Grand Conseil, si le Conseil d'Etat veut contourner le préavis municipal de la Ville. Et si le Grand Conseil le suit dans cette voie périlleuse... Bref, le débat va se poursuivre -mais c'est bien parce que la Ville a refusé le plan localisé de quartier qu'il va se poursuivre : si le PLQ avait été accepté, le débat aurait été clos, ou se serait réduit à des oppositions aux autorisations de construire (et de démolir la villa des Feuillantines). Une approbation aurait sacralisé le projet; le refus le laisse modifiable. Vertus de la démocratie semi-directe... et municipale.
Un vote populaire acquis, reste à savoir ce qu'on en fait
Un vote populaire acquis, il reste à savoir ce
        qu'on en fait. De celui, municipal, de dimanche, on ne sait pas
        vraiment ce que le Bailli cantonal veut faire, mais ce qui doit
        nous importer est de savoir ce que nous pouvons en faire, nous
        ...La Ville dit "non" ? Le canton pourrait dire "oui" quand
        même, la loi le lui permettant. Les Conseillers d'Etat Antonio
        Hodgers et Thierry Apothéloz ont en effet maintenu leur soutien
        à une Cité de la Musique après que le corps électoral actif de
        la Ville ait retiré celui que lui apportait le Conseil
        municipal, mais la procédure du PLQ est gelée, le temps de mener
        des consultations, des discussions, avec tous les partenaires
        possibles d'un projet redéfini : le canton, la Ville, l'OSR, la
        Fondation de la Cité de la Musique, les milieux culturels et
        sans doute aussi la Fondation Wilsdorf. On y insiste, parce que
        c'est bien pour cela qu'on avait voté "non" : c'est le refus du
        PLQ par une majorité en votation municipale qui rend cette
        consultation et ces discussions utiles, et la modification du
        projet possible. Elle est même plus que possible : nécessaire
        -quoi que dise la loi, on ne peut balayer d'un revers de main
        l'opposition d'une commune qui pèse 40 % de la population du
        canton. 
      
Reste donc à savoir ce qu'il y a à négocier et à
        discuter. Et à modifier. "On veut dresser un état des lieux pour
        décider si on arrête avec ce projet ou si on continue, y compris
        sur le site des Feuillantines", résume Thierry Apothéloz... Mais
        continuer avec quel projet ? le même que celui qui a été refusé
        en ville ? il faudra compter en années les procédures à tous les
        niveaux de recours possible... sans exclure, sinon un
        référendum, du moins une initiative, ciblant spécifiquement la
        préservation du site des Feuillantines, ou modifiant le rapport
        entre les prononcements municipaux et cantonaux sur les plans
        localisés de quartier -l'idée, là, étant de priver le Conseil
        d'Etat et le Grand Conseil de se soustraire à une opposition
        municipale sans recours au peuple cantonal, par référendum
        facultatif. 
       
Quant au contenu
                                              d'un projet redéfini, si
                                              une quasi-unanimité se
                                              fait sur le regroupement
                                              de la Haute Ecole de
                                              Musique sur un seul site,
                                              elle ne se fait pas sur
                                              l'identification de ce
                                              site, et pour le Conseil
                                              d'Etat, il n'y a pas de
                                              "plan B" qui serait une
                                              alternative au site des
                                              Nations. Et  Antonio
                                              Hodgers confirme que
                                              "l'option de la place des
                                              Nations reste sur la
                                              table". Que
                                                          le parc des
                                                          Feuillantines
                                                          puisse être
                                                          accessible au
                                                          public
                                                          pourrait être
                                                          l'un des
                                                          éléments d'un
                                                          projet
                                                          re-formé,
                                                          comme à la
                                                          faveur de
                                                          l'édification
                                                          d'une Cité
                                                          devenant celle
                                                          de toutes les
                                                          musiques, un
                                                          renforcement
                                                          du soutien aux
                                                          "musiques
                                                          actuelles" :
                                                          si le canton
                                                          était prêt à
                                                          subventionner
                                                          pour 2,5
                                                          millions la
                                                          Cité de la
                                                          Musique, il
                                                          devrait
                                                          pouvoir
                                                          accorder
                                                          autant aux
                                                          formes
                                                          musicales non
                                                          patrimoniales
                                                          que soutient
                                                          déjà la Ville.
                                                          
                                                          
Enfin, le rachat par la Ville de la parcelle ou du droit de superficie des Feuillantines a été évoqué, ce qui serait d'ailleurs soumis au référendum facultatif communal... et cette fois, sans pouvoir du canton de s'asseoir sur une décision du "peuple municipal"... "On ne peut pas imposer la volonté d'un peuple municipal à l'ensemble de la population cantonale", déclare Antonio Hodgers. Mais imposer la volonté d'un Conseil d'Etat de sept membres ou d'un Grand Conseil de cent membres à plus de 25'000 votantes et votants du "peuple municipal", ça, on pourrait ?



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