Initiative populaire lancée contre l'achat par la Suisse d'avions de combat américain
Le peuple votera, sans nul doute, sur l'achat de
36 F-35 américains pour remplacer les actuels avions de combat
de l'armée suisse, les Tiger et les F/A-18 : l'initiative
populaire annoncée depuis des mois,et pour laquelle des dizaines
de milliers de signatures ont déjà été réunies, a été lancée
hier (on signe ici :
https://f-35.pssuisse.ch/), contre le choix incompréhensible
d'un avion en réalité plus coûteux que ses concurrents si on
tient compte des frais de son utilisation, moins fiable (il
connaît de nombreux problèmes techniques), inadapté aux
missions que la Suisse assigne à son armée de l'air... et
surtout, d'un avion qui est un véritable hacker volant,
transmettant en permanence toutes les informations de son
système informatique aux services militaires et de
renseignement américains. "Le
F-35 est l'avion le plus indiqué pour la Suisse", assure la
Conseillère fédérale Viola Amherd. Il est surtout le plus
indiqué pour les USA : les services américains seront toujours
dans le cockpit" des F-35 suisses, avertit le socialiste
jurassien Pierre-Alain Fridez. Le F-35 est un ordinateur volant.
Après chaque vol, on prend ses cartes mémoires et toutes ses
données partent dans le cloud sous contrôle américain. L'achat
du F-35 est un choix, inavoué, inassumé, d'intégration dans une
alliance militaire dominée par les USA. Cette alliance,
L'OTAN,est en état de "mort cérébrale", avait diagnostiqué lebon
docteur Emmanuel Macron. Apparemment, la majorité du Conseil
fédéral suisse n'est pas en meilleur état.
Choisir un avion de combat en fonction de
critères comptables ?
La Suisse avait besoin d'un avion de défense
aérienne ? Son gouvernement veut lui faire acheter un avion de
frappe au sol, bourré d'ordinateurs directement connectés à la
CIA et au Pentagone. Un avion de combat de la "cinquième
génération", alors qu'un de la quatrième eût été largement
capable de remplir les besoins de l'armée de l'air helvétique.
Comment, et pourquoi, l'avion de Lockeed a-t-il été préféré aux
autres par une majorité (et non l'unanimité) du Conseil fédéral
? Parce qu'il était le moins cher, et qu'"il n'y avait aucune
marge de manoeuvre pour des critères politiques", comme celui
préférer les avions des voisins européens à ceux du lointain
parrain étasunien, affirme la ministre de la Défense Viola
Amherd. L'achat des 36
avions américains pour 5 milliards, qui doit encore être
approuvé par les Chambres fédérales, est complété
par celui d'un système de défense sol-air ("patriot"), pour
3,6 milliards sur 30 ans. 30 ans, c'est aussi le temps
d'utilisation prévu pour les F-35, entrant en service en 2030
-jusqu'en 2060, donc. Pour un coût d'acquisition et
d'exploitation estimé à 15 milliards et demi sur toute la
période. Or d'une part cette estimation est contestable,
puisque l'offre du constructeur n'est ferme que pour dix ans,
et d'autre part le F-35 est très contesté aux USA pour ses
coûts d'exploitation, notamment son prix à l'heure de vol
(38'000 dollars); du coup, dans
l'offre faite à la Suisse, le fabriquant a remplacé, pour la
formation des pilotes, des heures de vol par des heures de
simulateur). Peu importe à Armasuisse, qui a préavisé
favorablement son achat au Conseil fédéral en n'intégrant pas
les expertises étrangères et n'a tenu compte que des éléments
fournis par le constructeur, qui n'avait aucun intérêt à ce
qu'on tienne compte des critiques, même américaines : le
Pentagone a répertorié 871 défauts du F-35, dont une dizaine
susceptibles de menacer la sécurité des pilotes, des avions, des
missions... ou des populations au sol... le système informatique
du F-35 est vulnérable aux cyberattaques, le radar se plante,
l'avion réagit mal à la foudre, le casque connecté du pilote
affiche de manière confuse les informations et multiplie les
fausses alertes, la soute à munitions s'échauffe, le train
d’atterrissage et les turbines s'usent plus vite que prévu...
aurait-on acheté des bombes volantes ?
Le 27 septembre 2020, c'est à une majorité infime
(8670 d'écarts, 50,1 % de "oui") que l'achat de nouveaux avions
de combat, sans précision du modèle, avait été accepté par le
peuple. Tous les cantons romands sauf le Valais avaient refusé
cet achat. Le Conseil fédéral avait ensuite choisi l'avion
américain Lockeed F-35, plutôt que le français Rafale ou
l'européen Eurofighter. Ce choix avait désagréablement surpris.
Il n'avait d'ailleurs vraisemblablement
pas été unanime : il semble que les deux ministres socialistes
(Alain Berset et Simonetta Sommaruga) et un ministre PLR
(Ignazio Cassis) auraient préféré le Rafale français ou
l'Eurofighter germano-hispano-italien, moins pour des raisons
techniques ou financières que politiques, après le rejet par
la Suisse du projet d'accord-cadre avec l'UE. Quant aux
partisans de l'achat du F-35, ils n'ont tenu compte pour le
choisir que de critères financiers -autrement dit, ils n'ont
fait un choix qui devait relever de critères de politique de
défense et de sécurité qu'en fonction des normes de la loi sur
les marchés publics, sans même tenir compte de la possibilité
de s'en abstraire pour des raisons de sécurité extérieure. Le
Conseil fédéral a choisi un constructeur d'avions de combat
comme la Ville de Genève avait choisi l'entreprise qui nettoie
(encore) ses WC publics. Y'a pas à dire, on est bien
gouvernés. Par des comptables.
Fort heureusement, notre glorieuse armée a pensé à autre chose, de bien plus utile, que l'achat d'un hacker volant : début avril, elle a lancé un programme de tests pour l'acquisition de nouveaux sous-vêtements (féminins, en l'occurrence) d'été (culottes vert olive) et d'hiver (caleçon long), et les tests ayant été fait, l'achat pourra se faire. Sans qu'aucun référendum ni aucune initiative ne soient lancés contre cet achat-là. Parce qu'on a le sens des priorités, nous.
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