Des milliards pour des avions de combat américains : Un choix qui a trente ans de retard

Le 27 septembre de l'année dernière, une minuscule majorité de 8515 suffrages acceptait le principe de l'achat pour six milliards de francs, sans compter les coûts (autour de vingt milliards) de leur utilisation pendant des décennies, de nouveaux avions de combat pour l'armée suisse, sans savoir de quels avions il allait s'agir. Maintenant, on sait : des F-35 américains. Le modèle le plus critiqué de tous ceux en lice, celui qui souffre du plus grand nombre de problèmes techniques.  Mais ce n'est pas le peuple qui les a choisis, c'est le Conseil fédéral. Pour que le peuple ait son mot à dire, le Groupe pour une Suisse sans armée, soutenu par les partis de gauche, a lancé une initiative excluant l'achat de ces avions-là, mais pas à renoncer à en acheter, puisque le peuple vient d'accepter de le faire : à en acheter d'autres. La question n'est pas technique, elle est politique : le choix d'un avion américain plutôt qu'européen, c'est le choix d'une alliance américaine plutôt qu'européenne, au moment même où les Etats-Unis tournent leurs priorités stratégiques en direction de l'Asie. C'est le choix d'une alliance de la guerre froide avec l'Union Soviétique. Un choix obsolète, qui a trente ans de retard sur la mort de l'ennemi. Le choix d'un parapluie américain sur l'Europe, que les Américains eux-mêmes ont refermé pour, le péril jaune ayant chassé le péril rouge, le déplacer sur l'Asie, pour protéger ses alliés de la montée en puissance de la Chine.

Une illusion de sécurité mais une réalité de dépendance

Tout est bon aux partisans de l'achat des F-35 pour tenter de le faire accepter par le peuple. Tout, et même n'importe quoi : promettre de les faire voler avec du biocarburant, par exemple. En attendant sans doute de nous en promettre une version électrique. Pour l'heure, on nous assure que le fabricant, Lockheed, étudie la possibilité d'un usage du F-35 avec du biocarburant, mais ne dit rien de ces tests. La seule chose qu'on sait, ou croit savoir, c'est que l'appareil devrait pouvoir être utilisé avec au maximum 50 % de carburant synthétique (dont la production sera évidemment assez polluante), et donc avec au minimum 50 % de carburant fossile. Comme ce type d'avions consomme des quantités énormes de carburant sur de courtes distances, on se retrouvera de toute façon avec un monstre écologique : "si on veut vraiment faire un grand pas vers la transition écologique, alors on n'achète pas des avions qui restent de toute manière polluants", résume la secrétaire du Groupe pour une Suisse sans armée. Polluants, et, dans le cas du F-35, parfaitement inadaptés aux besoins de la Suisse, tels qu'une petite majorité du peuple les a admis : Le F-35 est est une sorte de bombardier furtif, conçu pour des attaques sur le territoire d'un ennemi (le Liechtenstein, sans doute), pas pour défendre le territoire national. Lent à l'ascension, faible à l'accélération, difficile à manœuvrer, bourré d'électronique sous contrôle américain, c'est un véritable avion-espion des USA, leur transmettant constamment toutes les données ses systèmes informatiques disposent. A quoi s'ajoute la dépendance à l'égard des USA pour la formation des pilotes et mécaniciens, la maintenance, les pièces de rechange, les mises à jour.

Six milliards à claquer pour l'achat d'avions qui en coûteront ensuite vingt de plus, qui ne répondent pas aux besoins de la Suisse, qui créent une illusion de sécurité mais une réalité de dépendance à l'égard d'un empire qui a déplacé le centre de ses obsessions en direction de la Chine, c'est beaucoup. Beaucoup trop, quand ils seraient indispensables au financement de la politique sociale, du système de santé, de la formation.

On peut encore signer ici l'initiative du GSsA, du PS et des Verts contre l'achat des F-35 : https://f-35.pssuisse.ch/

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