Fonds de tiroir

 A la fin de l'année dernière, un audit révélait les tensions au sein du personnel (et de la direction, et entre le personnel et la direction) de la plus grande prison de Suisse, celle de Champ-Dollon à Genève. Et dans son édition de Noël, la «Tribune de Genève» révèle que ça ne va pas mieux au sein de l'Office de la dé-tention, le bon vieux Service pé-nitentiaire de nos jeunes années de jeune délinquant : démissions, mob-bing, sous-effectif, envies suicidaires, arrêts-maladie : «il y a une vraie souffrance», confirme le syndicat SSP. On savait que la prison, c'était malsain. On apprend que gérer la prison l'est tout autant. Surtout quand le «surveiller et punir» par quoi Foucault résumait la fonction de la prison moderne devient la pratique, à l'encontre de son propre personnel, du service ou de l'office qui la chapeaute. Libérez nos camarades !

La Suisse croule sous l'or : avec 1040 tonnes de métal précieux détenus par la BNS en 2020, c'est comme si chaque suisse en détenait 128 grammes en plus de l'or détenu par des particuliers. C'est un calcul idiot, mais qui permet une comparaison avec les 42 grammes par Allemand, les 40 gramme par Italien, les 38 grammes par Français et les 26 gramme par Américain. La Suisse est, depuis la Seconde guerre mondiale, la principale plate-forme du commerce de l'or en Europe : entre 1939 et 1945, elle en a acheté pour 1,8 milliard de francs auprès des Alliés et 1,5 milliard auprès des Allemands, des Italiens et des Japonais, ce qui leur a permis de financer leurs guerres en finançant leurs importations de matières premières avec une monnaie convertible. A la fin de la guerre, elle n'aura à verser aux Alliée (les USA, la Grande-Bretagne et la France) en guise de punition, que 250 millions, toujours en or. Aujourd'hui, 70 % de l'or mondial est raffiné en Suisse, et notre merveilleux pays a importé, entre 2015 et 2019, 3080 tonnes d'or pour une valeur située entre 65 et 100 milliards de francs par an... Il vient d'où, cet or ? de 92 pays. On est vraiment le centre du monde. Du monde de l'or. Dont on tire de l'argent. C'est de l'alchimie, quoi.

Selon une étude publiée dans le «Lancet», les cas de démence pourraient tripler dans les trente ans à venir, passant de 57 à 153 millions de cas. En Suisse, ils «ne» feraient «que» doubler en passant de 141'000 à 308'000 cas. C'est encore plus, proportionnellement à la population,  que dans l'ensemble de l'Europe occidentale (ils y passeraient de 8 à 14 millions de cas), mais beaucoup moins qu'en Afrique et au Proche-Orient, où l'augmentation serait de 370 %. Bon, ben faut s'y résigner : les paranos complotistes ont de belles décennies devant eux, leur base potentielle croît...

On aime beaucoup ça : Gianna Nannini a annoncé sa candidature à la présidence de la République italienne. On aime autant ça qu'on aurait aimé une candidature de Brigitte Fontaine contre Eric Zemmour ou qu'on aimerait une candidature de Patti Smith contre Trump. Parce que Gianna Nannini se porte candidate contre Silvio Berlusconi, candidat non officiel à la chefferie de l'Etat italien. En Italie, le président de la République n'est pas élu par le peuple mais, comme naguère en France, par de «grands électeurs», les parlemen-taires des deux Chambres réunies. Et que toutes les tractations en coulisse, toutes les manœuvres, sont possibles, y compris les plus mafieu-ses. Et que la candidature de Berlusconi, encore non-officielle, mais soutenue par une bonne partie de la droite et de l'extrême-droite, n'est pas sans quelque chance d'être finalement retenue. Forza Gianna !

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