L'an 2022 et ses trois urgences...


 

D'une année, l'autre... et de bonnes résolutions, les mêmes...

N'étant ni prophètes, ni devins, et cette feuille ne contenant pas d'horoscope, nous ne nous risquerons pas à vous dire de quoi cette nouvelle année grégorienne sera faite. Même pas à vous en énumérer quelques épisodes déjà annoncés, héritages de l'an défunt ou de temps plus anciens, et quelques enjeux pérennes que nous trimballons d'année en année (quand ce n'est pas de siècle en siècle) quelque calendrier que nous utilisions : on ne prendrait pourtant guère de risque à annoncer que nous aurons toujours à gérer en 2022 les pérégrinations du coronavirus et de ses variants, et, pour un siècle entier (et plus longtemps encore si mésentente des discours et des actions) le réchauffement climatique et la glaciation sociale... A ces deux urgences, climatique et sociale, s'en est même ajoutée une troisième : démocratique.
Bonne année, donc... n'a-t-elle pas été proclamée par l'ONU "année internationale de la recherche fondamentale pour le développement durable" ? Ne reste plus qu'à savoir le développement de quoi...

"Mais il faut oser, puisque (...)"

Nous vivons des temps difficiles" nous écrivent notre co-président et notre co-présidente socialistes suisses... mais de temps, en fut-il jamais d'autres ? On ne regrettera pas l'an de disgrâce 2021 (à quoi sert-il, d'ailleurs, de regretter une année ?). Nous y étions entrés avec Poutine, Erdogan, Assad, Loukatchenko, Modi, Bolsonaro et Xi Jinping, nous entrons dans 2022 avec Xi Jinping,Bolsonaro, Loukatchenko, Assad, Erdogan et Poutine. Et quelques autres. Le ventre est encore fécond... Et puis quoi ? Cette année morte n'est ni la première ni la dernière, que scandent nos défaites. Nous avons survécu aux autres, nous survivrons à celle-là. Nous ne sommes pas résignés, nous sommes patients. Et nous avons de la mémoire.
On n'a donc pas fait la révolution en 2021. Nulle part. Sauf évidemment à considérer l'hypothèse de révolutions sorties des urnes, comme au Chili en décembre. Peu importe, d'ailleurs : si depuis la Commune de Paris toutes les révolutions que nous pouvons honorer comme telles ont fini par échouer ou par accoucher de leur contraire, leur répression ou leur trahison n’ont vaincu que pour un temps, la Révolution survivant aux aux révolutions triomphantes et les forces révolutionnaires aux révolutionnaires au pouvoir. Partout, et à chaque fois que les révolutions furent défaites sont nées de leur défaite même de nouvelles volontés révolutionnaires, un nouveau désir de révolution. La révolution est moins une vieille taupe qu’un phénix sans âge. Jamais le déroulement de l’histoire n’est conforme aux volontés de ceux qui croient la faire mais sont faits par elle, ne faisant que la suivre, feignant d’être les organisateurs de cette chose qui les dépasse. Les dirigeants sont dirigés, les leaders sont conduits, les chefs suivent, et le divorce est absolu entre le discours sur la réalité et la réalité elle-même : si celle-ci ne semble pas se venger de celui-là, c’est qu’elle est trop occupée à en rire.
La révolution est à réinventer, pour la débarrasser du césarisme et du machiavélisme, c’est-à-dire de l’obsession du pouvoir. Il ne s’agit plus, s’il s’est jamais agi, de prendre le pouvoir, mais de le casser. Il y faut un projet ne concernant plus seulement, ou plus du tout, la prise du pouvoir central d’Etat, mais la subversion de tous les aspects du vécu individuel et collectif, le franchissement de toutes les lignes de fracture entre la possibilité offerte à la vie et les limites dans lesquelles les normes sociales la contiennent.
"Mais il faut oser, puisque..." (Sappho) : les causes perdues sont les seules qui vaillent que l’on se battent pour elles. Nous ne devons aucune loyauté aux vainqueurs, aucun respect aux « gagnants », et n’avons à leur obéir qu’avec la ferme intention de les trahir et le constant sentiment de les mépriser. Seuls les perdants peuvent être magnifiques.

C'est promis : en 2022, on fait la révolution. Ou pas.


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