Fonds de tiroir

 La droite genevoise est jalouse de la droite vaudoise : au premier tour de l'élection du Conseil d'Etat, alors que la plupart des pronostics donnaient plutôt la gauche en position favorable, l'alliance de droite a réussi à faire élire une candidate PLR, Christelle Luisier, et à placer quatre autres candidates et candidats dans les six places encore disponibles : les deux autres PLR sortent deuxième et troisième à plus de 47 % des suffrages, suivis d'un cheveu de deux candidates socialistes (autour de 46 %), du candidat UDC et de la candidate du Centre, à presque 40 % l'un et l'autre. La troisième candidate socialiste n'est que huitième, à 39 %, le candidat Vert neuvième, à 38 %. Les Verts libéraux  et la gauche de la gauche sont lâchés. Du coup, la majorité gouvernementale de gauche est menacée, d'autant que la gauche a pâti d'un taux de participation particulièrement bas (34 %, moins encore dans les villes de gauche, comme à Lausanne avec plus de 68 % d'abstention). Un tantinet surprenant, le résultat du premier tour pourrait remobiliser l'électorat de gauche parti à la pêche (la participation a reculé de six points en cinq ans) pendant que la droite mobilisait sa base. C'est ce à quoi la gauche va devoir s'atteler aussi, pendant que la droite va, elle, s'atteler à bétonner son succès, chaque camp repartant au combat avec ses candidates et candidats non-élu.e.s au premier tour, quatre de gauche contre quatre de droite, les Verts libéraux et la gauche de la gauche renonçant à représenter leurs candidats.  «Conscient que le basculement à droite de l'exécutif cantonal, en particulier avec l'arrivée de l’UDC, serait un danger et représenterait une véritable menace pour les conditions de vie de la population, les droits des travailleurs, la préservation de l’environnement,  le développement des services publics et plus globalement la santé économique du canton»,  le POP appelle les électrices et électeurs à voter pour le ticket du Parti socialiste et des Vert.e.s. Quant à l'élection du Grand Conseil, il n'en sort rien de bouleversifiant : le rapport des forces entre la droite, majoritaire, et la gauche, reste stable (un seul siège passe de droite à gauche), mais avec des glissements entre partis proches : les socialistes reculent, les Verts et la gauche de la gauche progressent un peu, l'UDC recule, les Verts libéraux progressent nettement.

Après leur mauvais résultat au premier tour des élections canto-nales vaudoises, les socialistes se réveillent : Nuria Gorrite, candi-date à sa rééelection au Conseil d'Etat, propose la gratuité des transports publics jusqu'à 25 ans et dès 65 ans. Pour que le PS se rallie à la gratuité totale, il aurait fallu carrément que la gauche subisse une vraie déroute ?

Y'a pas que dans le canton de Vaud qu'il y a des élections cantonales, y'a aussi à Berne, où la gauche, qui a été majoritaire au Conseil d'Etat entre 2006 et 2018, va tenter de le redevenir, alors que son élec-torat ne pèse qu'un tiers des suffrages dans le canton. Mais c'est pas grave : dans une élection majoritaire, les person-nalités présentées ratissent plus large que leurs partis. Ainsi, le Maire de Bienne, le socialiste Erich Fehr, pourrait permettre, aux côtés des trois sortants socialistes et verte, de récupérer le siège qui manque pour faire une majorité gouvernemen-tale. Surtout que le vote du Jura bernois est crucial, qu'il a droit à un siège au gouvenement cantonal, que ce siège est occuppé par un UDC et que c'est la der-nière fois que Moutier, qui va passer dans le canton du Jura, vote dans une élection bernoise et que pour la première fois, le PS part uni dans le Jura bernois (avant, il était divisé entre séparatistes et anti-séparatistes). Le Jura faisant la loi électo-rale à Berne, c'est réjouissant, non ? 

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