Fonds de tiroir

 La visite de Zemmour à Genève aura donc coûté 322'000 francs à la République, frais logistiques non compris : c'est ce que le Conseil d'Etat a répondu au député socialiste Sylvain Thévoz qui l'interrogeait.  322'000 balles, c'est beaucoup ou c'est peu ? C'est beaucoup pour permettre à quelques politiciens locaux de se faire photographier à côté du Drumont de poche. C'est trop, en tout cas.  Mais c'est quand même moins que coûterait son élection à la France, et de ce que lui coûte déjà, en dignité et en qualité du débat politique, sa candidature.

Le Conseil d'Etat genevois (de gauche), en recommandant le rejet de l'initiative (de gauche) «1000 Emplois», explique notamment que la proposition de l'initiative de réduction du temps de travail à 32 heures par semaine sans réduction de salaire est du ressort de la loi fédérale. Le Conseil d'Etat genevois, alors de droite, n'avait pourtant pas hésité à réduire massivement le temps de travail de l'un de ses membres (de droite), sans réduction de salaire... Et même sans lui laisser le choix... On ne doute donc pas du soutien de Pierre Maudet à l'initiative «1000 Emplois»...

Entre les principales villes de Suisse, l'écart des loyers s'accroît, et désormais, pour louer un appartement de même type et de même surface, on paie deux fois plus à Genève qu'à Bienne ou Lugano : 3500 francs pour un quatre pièce et demi à Genève, 1700 francs à Lugano. Et le rapport est le même pour des appartements plus petits. Explication ? La crise du logement, c'est-à-dire une offre insuffisante de logements financièrement accessibles à la majorité de la population au regard de la demande croissdante vu que la population augmente. Du coup, les loyers augmentent à Genève et baissent à Lugano, où l'offre est suffisante. Et le climat plus agréable, soit dit en passant. Et où un Genevois n'est pas trop dépaysé, vu qu'il y a aussi un lac et une frontière. Et des frontaliers. Et donc un MCG (la Lega). Bref, on résume : le même logement coûte deux fois plus cher à Genève qu'à Lugano. Et c'est le moment que choisit la droite genevoise pour proposer d'allonger le délai de résidence exigible pour pouvoir obtenir un logement subventionné, à loyer supportable (on vote là-dessus dans dix jours, au cas où vous l'auriez oublié). Ce sens de l'opportunité est ébouriffant. Mais explicable : la droite genevoise espère sans doute qu'on passe d'un écart de loyer du double à un écart du triple, avec le moins possible de logements sociaux, et la plus grosse part possible de loyers libres et de propriétés par étage. Quant à ceux qui ne pourront pas se loger, ils n'ont qu'à s'établir à Annemasse. Ben quoi, vous avez quelque chose contre la «Grande Genève» ?

La ludothèque du Petit-Saconnex voulait organiser une soirée «à mixité choisie», une soirée de jeux entre filles, dont les hommes cisgenres (ceux dont le genre correspond au sexe, le comportement social à la biologie, en somme) seraient exclus. Et ça a fait hurler : «nous nous sommes retrouvés face à une montagne d'agressivité et de vioence», soupire la responsable de la ludothèque. Cette soirée était une demande de jeunes filles, souhaitant une soirée sans garçons pour pouvoir profiter pleinement de «l'expérience de jeu». Elle a été annulée du fait de la polémique minable qui l'a frappée. On ne pourrait donc pas, ou plus, à Genève organiser des soirées réservées à un genre ou un sexe ? Ou alors, ça ne vaut que pour les soirées entre filles ? Finies, les beuveries de Vieux Grenadiers, les conclaves de curés et les afters de Männerchör ?


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