Fonds de tiroir

 Le Secrétaire général de la Ville d'Onex a annoncé sa démission de son poste, en raison de mésententes avec deux des trois membres de l'Exécutif municipal, élues en 2020, la Verte Maryam Yunus Ebener et la PDC Anne Kleiner, et d'un manque d'écoute de leur part : «les conditions d'un travail serein n'étaient plus remplies depuis le début de la législature après le départ de deux magistrats», le PLR François Mumenthaler et le Verte Ruth Bänziger.  Deux autres hauts fonctionnaires sont en arrêt maladie pour les mêmes raisons. Les relations des deux magistrates avec la troisième membre de l'Exécutif, la socialiste Carolle-Anne Kast, en place depuis quatorze ans, qui sera Maire de la Ville dans un mois et qui est candidate au Conseil d'Etat pour l'élection de dans un an, seraient aussi difficiles. Du coup, le PLR onésien a décidé de saisir la Cour des Comptes. En attendant aux Evaux une manif du personnel municipal sous le slogan «Carole-Anne, ne nous quitte pas !» ?

A Versoix aussi, on dénonce des «dysfonctionnements» au sein de l'ad-ministration municipale, du Conseil administratif et entre l'exécutif et le délibératif municipaux. Un Conseiller municipal PDC a démissionné, le Conseil administratif et le Secrétaire général ont lancé des actions en justice, les conseillers municipaux Verts et PLR ont alerté le Conseil d'Etat et la Cour des Comptes. Ouais, on a l'air fins, ici, à scander obsti-nément «vive la Commune !».  Mais bon, on peut toujours se dire que tout ça, c'est la faute des Français, qui ont imposé des communes à Genève qui n'en connaissait pas, et réclamer le retour au régime de l'ancienne République : pas de communes, mais des baillages et des mandements. Sans autonomie politique. Des colonies, quoi. Des colonies de la Ville.

Coups de feu à Genève, dans un bistrot genevois : des  «Hells Angels» et des  «Bandidos» règlent leurs que-relles de territoire. ça ne fait aucune victime, mais on s'inquiète : en août, un rassemblement de motards est prévu en Valais : et si ces abrutis en profitaient pour régler leurs comptes ? Bah, y'a déjà des combats de reines entre vaches, pourquoi pas des com-bats de connards entre blaireaux ?

Le classement de la plainte pour abus d'autorité, dénonciation calomnieuse, induction de la justice en erreur et violation du secret de fonction que le Conseiller muni-cipal PLR Simon Brandt avait déposée contre le policier venu l'arrêter en décembre et contre inconnu (en réalité contre le Procureur général Olivier Jornot, qui avait ordonné cette arrestation) a été confirmé par le Chambre pénale de recours. Ce classement avait été décidé dans un premier temps par le Ministère public lui-même, pourtant directement visé (l'«inconnu» contre qui la plainte avait été déposée n'étant, de toute évidence, que le Procureur général Olivier Jornot). Le Parquet s'était donc auto-acquitté avant que l'instance de recours confirme cette auto-absolution, en estimant que l'arrestation de Simon Brandt avait été menée dans les règles : il est donc, à Genève «dans les règles» de mobiliser une dizaine de policiers pour arrêter un conseiller municipal accusé d'avoir violé son secret de fonction, et après l'avoir arrêté de le mettre à nu pour le fouiller au corps, avec examen intrusif des parties intimes. On en prend note avec quelque inquiétude.

Des militants des droits des LGBTIQ+ ont empêché à la mi-mai une conférence du professeur Eric Marty, auteur français  du «sexe des modernes. Pensée du neutre et théorie du genre». Les militants s'en sont pris au professeur et à ses notes, et même au public, et ont empêché la directrice du département de lit-térature française de s'exprimer : on ne discute pas «avec une femme blanche non trans». Ni avec l'auteur du livre contesté, à qui est adressée cette forte phrase : «ton bouquin, on ne pas lu, c'est de la merde !». Pas lu, mais reniflé, donc. ça renouvelle au moins le «les caricatures du Prophè-te, on ne les a pas vues, mais c'est un blasphème !»... et puis, après tout, ça ne fait guère que quelques siècles qu'on se bat pour que l'Université soit un lieu de débat, de contra-diction, de dispute autour de livres -et même du Livre... C'était la deuxième fois en trois semaines qu'une conférence jugée «transpho-be» était perturbée et empêchée par des militant.e.s trans. L'Université, qui assure que la lutte contre la transphobie est pour elle une «priorité», a annoncé qu'elle allait porter plainte contre les perturba-teurs de la deuxième conférence, puisque c'était elle qui l'organisait (la première l'était par le Centre de psychanalyse de Suisse romande) et qu'elle se tenait dans le cadre d'un groupe d'étude universitaire. Le syndicat étudiant, la CUAE (Confé-rence universitaire des associations d'étudiants) lui demande de renoncer à sa plainte, lui reproche d'avoir permis l'organisation d'évè-nements «transphobes» et l'accuse «d'utiliser la répression administra-tive, policière et judiciaire comme moyen de réagir à la contestation au sein de l'Unversité». On se dit qu'empêcher physiquement la pré-sentation d'un livre et le débat autour de ce livre, ça relève aussi d'une pratique répressive, qui pourrait avoir pour conséquence une généralisation de l'autocensure, de l'Université elle-même ou d'uni-versitaires, mais c'est sûrement une réaction de vieux mâle blanc cisgenre (VMBC pour les intimes). Mais c'est con, la liberté de débattre, on y tient. Or que vaudrait-elle si on posait comme règle qu'on ne débat qu'avec des gens avec qui on est d'accord ? Encore une question de VMBC, sans doute.

La droite mômière américaine consacre une énergie considérable à vouloir interdire l'avortement ou le rendre impossible. On se demande pourquoi, alors qu'il suffit d'attendre que la gamine ou la gamine aille à l'école pour qu'il se fasse flinguer... 

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