Fonds de tiroir

 Un policier (gendarme) genevois a été sanctionné pour avoir éconduit une femme menacée par son époux de la «couper en petits morceaux» si elle ne le laissait pas parler avec son fils. Sa plainte n'a pas été enregistrée, aucune mention de sa visite au poste n'a été inscrite sur la main courante, les notes prises par le policier (tout de même) ont fini à la corbeille à papier. Quelques jours plus tard, la femme était effectivement agressés à coups de couteau (elle en recevra neuf...) par son époux. Le procureur général a renvoyé l'affaire à la cheffe de la police pour sanction disciplinaire, le manquement du policier n'atteig-nant pas «l'intensité et le niveau de gravité, ni ne remplissait le dessein spécial pour être qualifié d'abus d'autorité». C'est vrai qu'il s'agissait plutôt d'un abus d'indifférence. Bref, le policier a été puni : il va devoir faire dix services «hors tour», c'est-à-dire des heures supplémentaires non payées. C'est juste un service de plus que le nombre de coups de couteau que la femme a reçus. Bref, y'a encore du boulot pour que les femmes qui annoncent qu'elles risquent d'être agressées par leurs conjoints soient prises au sérieux... L'avocat du poli-cier a résumé : «si l'épouse n'avait pas été agressée au couteau par son mari, mon client n'aurait pas été sanc-tionné». Il a juste manqué de pot, quoi : le surineur a suriné...

L'Université de Genève doit ap-pliquer la loi genevoise sur la laïcité. Institution publique, elle ne peut autoriser d'activités «cultuel-les» (religieuses, quoi) dans ses locaux. Elle garantit la liberté de conscience, de croyance, et donc de religion -mais pas celle de pratique religieuse. Une pétition munie de 2000 signatures demandait la création d'un lieu de recueillement oécuménique, mais l'Université n'y a pas donné suite  «du fait de sa stricte neutralité religieuse», con-forme à la laïcité de l'Etat. Elle soutient en revanche l'installation de lieux de culte à sa proximité immédiate, et une aumônerie non confessionnelle  «offre aux personnes de toutes religions comme aux athées un accompagnement social, philosophique et spirituel». Mais ça ne suffit pas à tous les prati-quant.e.s : une cage d'escalier d'Uni-Mail est donc utilisée depuis des années par une centaine d'étudiantes et d'étudiants en lieu de prière. ça a dû heurter quelques bas de plafond zémmouriens (de rien), qui ont héroïquement, volé les tapis de prière (on en a retrouvé un dans une poubelle). On a les Croisades qu'on peut. Et les Croisés qu'on mérite.

Le 9 mai, la Russie célèbre sa victoire sur l'Allemagne nazie. Et Poutine tient à y parader avec une victoire à son actif en Ukraine, après les revers subis. La prise de Marioupol ferait bien l'affaire. Mieux, en tout cas, que la perte du navire-amiral de la flotte russe de la mer Noire. Les forces ukrainiennes ont annoncé dès le 11 avril qu'elles se préparaient à la chute de Marioupol, et à une offensive majeure dans le Donbass, mais hier, des soldats ukrainiens retranchés dans une usine se battaient encore (comme les Soviétiques dans Stalingrad juste avant la contre-offensive de Joukov?). Marioupol détruite après deux mois de pilonnages a été «libérée», selon Poutine. Sur l'air du «libera me» d'un requiem, alors...

Les parlementaires fédéraux suisses étaient invités par la présidente de la Chambre basse, le Conseil national, à une séance extraordinaire lors de laquelle ils pouvaient rencontrer des scientifiques, notamment des memb-res du GIEC, invités pour parler des risques environnementaux, dont le réchauffement climatique. Moins d'une centaine de parlementaires ont répondu à l'invitation. Et d'entre eux, une majorité de parlementaires de gauche. Leurs collègues de droite (UDC, PLR, Centre) se sont généralement abstenus. Entendre des scientifiques ? Bof... Et les entendre parler de l'environnement, du réchauffement climatique ? Re-bof. D'ailleurs, c'est quoi, le réchauffement climatique. Quel réchauffement cli-matique ? Où ça ? Quand ça ? Ouais, l'alphabétisation des élites, ça peut être aussi difficile que l'alpha-bétisation des masses...

Y'avait pas qu'en France qu'il y avait des zélections, le 24 avril. En Slovénie aussi. Et en Slovénie aussi, la candidature d'extrême-droite a subi une défaite :  le Mouvement pour la liberté du candidat vert et pro-européen Robert Golob a obtenu près de 35% des suffrages, 11 point devant le SDS du Premier ministre sortant, le populiste droitier (mais pas poutinophile quand même) Janez Janša. Mais c'est marrant, on n'en a beaucoup causé dans nos media, des zélections slovènes. D'ailleurs, c'est où, la Slovénie ? Dans l'Empire austro-hongrois, non ?

Le 1er août dernier, le président de l'UDC, Marco Chiesa, avait attaqué les villes de gauche. et son parti avait ensuite publié dix propositions pour «mettre un terme à la distribution sournoise et au moralisme idéologique des villes de gauche». Traduction locale zurichoise : une proposition de nouvelle répartition des sièges au Grand Conseil, favorisant les petites communes rurales et résidentielles, de droite, au détriment des villes, de gauche, en calculant le nombre de sièges par circonscription en fonction du nombre d'habitants suisses, et non du nombre d'habitants en général, étrangers compris, la proportion d'étrangers étant évidemment plus forte dans les villes que dans les douars bourges. Mais il y a dix jours, la proposition a été balayée au Grand Conseil, y compris par la droite, seuls les UDC ayant voté pour : «le parlement représente l'ensemble de la population et pas seulement les citoyens suisses», et il en est ainsi depuis 1848, a rappelé le PLR. C'est ainsi, en effet, qu'on comptait les femmes dans la population de référence de la répartition des sièges entre circonscriptions même quand les femmes n'avaient pas encore le droit de vote. Mais peut-être que pour l'UDC, le PLR est devenu un parti de gauche ? Bah, les Freisinn (les ancêtres du PLR) ils étaient bien, à gauche, en 1848, non ? Ben si...

Imaginons : le plus grand parti de droite rêve d'une alliance de toute la droite et du centre pour majoriser la gauche. Cette alliance implique celle d'un parti de la droite de la droite avec un parti du centre. Qui rechigne, n'en voyant ni l'utilité, ni même la légitimité, vu les divergences abyssales (sur l'Europe, la mobilité, l'école, les sujets sociétaux) qui le sépare de son putatif allié de la droite de la droite.  Notez bien qu'à la gauche de la gauche, on patauge dans les mêmes états d'âme. On est où ? en France ? Ben non, on est à G'nêêêve. La Préfecture du Départe-ment du Léman, donc.

Dès le 1er juin, les terrasses des bistrots de la Ville de Genève devront fermer à minuit en semaine et le dimanche (le vendredi et le samedi elles auront la permission de deux heures). A Carouge, les bistrots vont refuser du monde sur les leur, de terrasses...


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