Brèves de comptoir

 Le Conseil d'Etat a confirmé l'abou-tissement du référendum contre la délibération du Conseil municipal de la Ville de Genève, du 8 mars 2022, adoptant le règlement relatif à la mise en œuvre de l'initiative populaire municipale IN-6 «Genève zéro pub – libérons nos rues de la publicité commerciale!». La vérification des signatures déposées a donné les résultats suivants: sur 3915 signatures contrôlées, 3203 ont été validées. Il en fallait 3200, le référendum a donc abouti. Mais avec un taux de «déchet» de 18 %, soit presque une signature sur cinq  invalidée, parce que le ou la signataire ne disposait pas des droits politiques en Ville, on ne peut pas dire qu'on a eu affaire à un raz-de-marée d'opposants. A titre de comparaison, un autre référendum municipal, contre le plan de localisé de quartier «Bourgogne», a été rendu avec 3253 signatures validées sur 3577 vériifiées, soit un taux de déchet de 9 %. Deux fois plus bas que celui pour le référen-dum contre l'application de «zéro pub».  Explication : les référendaires contre le PLQ ont fait un boulot militant : ils ont récolté les signatures eux-mêmes, alors que les référendaires contre «zéro pub» ont utilisé des récolteurs de signatures, payés à la signatures, qui avaient intérêt à en rendre le plus possible sans  chercher à savoir si les signataires avaient le droit de signer... Et en ne sachant souvent eux-mêmes pas ce qu'ils faisaient signer, et contre quoi le référendum était lancé. Eh ouais, y'en a pour qui les droits démocratiques, c'est un engagement militant, et y'en a pour qui c'est une corvée à sous-traiter.

La «Tribune de Genève» du 16 juin a titré sur «le grand désarroi de la droite au Conseil municipal». Elle est gentille, la «Julie», parce que jusqu'à présent (mais ça peut changer, et même, on espère que ça va changer, parce que la politique sans opposition digne de ce nom, et un parlement transformé en groupe thérapeutique de sa minorité, c'est chiant), c'est pas d'un «grand désarroi» que souffre la droite municipale, c'est carrément de vacuité. Bon, on a lu l'article, qui constate que, la gauche étant majoritaire et généralement (mais pas toujours) unie,  les propositions de la droite ne passent que quand elles «épousent» le programme de la gauche. Et que les propositions de la gauche passent sans problème quand les trois groupes de gauche les votent. Au Conseil municipal de Genève, il y a sept groupes : trois de gauche, quatre de droite, mais sur les quatre de droite, il y en a deux qui sont aux abonnés politiques absents : ceux du PLR et du MCG. Du coup, ces deux groupes usent et abusent de la possibilité d'exiger un troisième débat sur les propositions de délibérations, même quand elles ont été votées à l'unanimité en commission, puis en plénière, en deuxième débat. But de l'exercice : monopoliser la parole, se faire voir à la télé, prolonger les débats. Résultat de l'exercice: aucun. A part du temps perdu. Et comme les deux champions de ce jeu idiot, ce sont le PLR et le MCG, les deux autres groupes de droite râlent de leur être injustement assimilés : l'UDC Eric Bertinat ne voit dans les gesticulations du PLR et du MCG «aucune réflexion, aucune vision politique pour Genève», le centriste (PDC) Alain de Kalbermatten y ajoute «aucun sens tactique», et se navre de les voir  «s'enferrer dans des combats d'arrière-garde», genre Berezina, où toute la droite «passe pour des vieux schnocks» (il a quoi contre les vieux schnocks, le gamin ?). On devrait, à gauche, se dire que l'état de la droite nous facilite les choses, et en effet, tactiquement et dans les votes, ça nous les facilite, mais au prix d'un ennui considérable, et d'un manque criant de contradiction dialectique -bref, d'un vrai débat politique...

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