Fonds de tiroir
On a reçu le rapport d'activité de la police municipale de la Ville de Genève. Et même, on l'a lu. Et dans ce rapport, il est rappelé que le canton et la Ville de Genève, «des zones prioritaires ont été déterminées» et que la police municipale «oeuvre quotidienne-ment à rendre ces zones agréables pour toutes et tous les citoyen.ne.s par un appui des patrouilles visibles afin de prévenir et de sanctionner les incivilités et les actes délictueux». Et elles sont où ces «zones sensibles» ? Ben, autour de chez nous. Le rapport en évoque trois (on suppose qu'il y en a d'autres, parce que sinon, on se demanderait pourquoi on est particulièrement ciblé) : la Plaine de Plainpalais (1460 heures d'activité de la police municipale), le sentier des Saules (695 heures) et la Coulouvrenière (459 heures). On est au milieu des trois. Plus de 2600 heures de présence de notre police locale dans notre quartier... On habite le Bronx ? Ben non, on habite l'écoquartier de le Jonction. Mais c'est vrai que les écoquartiers, ce sont des zones sensibles avec des populations dangereuses : c'est plein de bobos de gauche, d'écoterroristes, tout ça... Restons vigilants...
La Cour suprême des USA, à majo-rité
conservatrice-religieuse après la nomination de trois juges
trumpistes, a donc révoqué l'arrêt «Roe versus Wade» de 1973
autorisant l'avortement sur tout le territoire de l'Union. Dès
lors, les Etats qui veulent l'interdire en ont le droit. Et
une vingtaine d'entre eux l'ont fait ou vont le faire. Souvent
les mêmes qui autorisent la vente libre d'armes de guerres. Et
c'est logique : parce qu'il faut bien laisser naître les
gamins qu'on va flinguer ensuite dans les écoles. Selon un
sondage sorti le 22 juin, 61% des Etasunien.nes.s sont
op-posé.e.s à la décision de la Cour Suprême. Mais les juges
con-servateurs-religieux s'en foutent, vu qu'ils sont
persuadés que c'est Dieu qui écrit leurs arrêts. Et c'est
ainsi que les Etats-Unis d'Amérique qui se targuaient
(fallacieusement) d'être la plus ancienne démocratie du monde,
sont en passe d'être la plus récente théocratie du monde.
C'est ça, l'histoire cyclique des Grecs de l'Antiquité...
pourtant, c'est bien la Bible qui enseigne que l'histoire a un
sens, qui mène du chaos à la Cité de Dieu, non ? Ils la lisent
dans quelle traduction foireuse, les juges de la Cour Suprême
? Certainement pas dans celle de Castellion, en tout cas.
Nous avons appris, grâce au magazine de la
Ville de Genève, «Vivre à Genève", que le Museum, et donc la
Ville elle-même, distribuait gratuitement des sachets de
graines «reproductibles et rustiques à plan-ter pour
refleurir la ville» et «réga-ler les butineuses». Certes, le
Mu-seum, c'est-à-dire la Ville, ne distri-bue que des graines
et pas des marteaux-piqueurs pour défoncer le bitume avant de
semer lesdites graines, mais nous demandons au Conseil
administratif qu'il nous garantisse, au nom de l'égalité de
traitement, que, si nous nous metions à défoncer le bitume à
la bêche pour planter les graines que le Museum, c'est-à-dire
la Ville, nous a offert, nous aurons aussi l'honneur d'être la
cible d'une plainte de la Ville pour dégradation de l'espace
public, sans quoi nous disposerions d'un privilège que rien ne
justifie...
Selon le Service de renseignement de la
Confédération (SRC), Genève reste le centre névralgique des
activités d'espionnage en Suisse, notamment de la part de la
Russie, avec la présence de plusieurs dizaines d'officiers de
renseignements russes, souvent avec le statut de diplomates,
qui leur octroie une fort utile immunité, dans un pays qui ne
renvoie pas volontiers les diplomates espions. Rassurés, on
est : on reste bien la capitale mondiale du monde mondial.
Depuis le 1er juin, à Genève, 21 communes de
plus de 3000 habitants ont un nouveau ou une nouvelle Maire
-qui peut d'ailleurs être un ancien ou une ancienne qui
reprend cette fonction. Au total, sur les 45 communes
genevoises, 23 ont des Maires «apolitiques », issus de
forma-tions villageoises. Les 22 autres se répartissent entre
huit maires PLR, huit du Centre (ex-PDC), dont celle de
Genève, quatre socialistes (à Versoix, Onex, Lancy et
Chêne-Bourg) et deux Verts (à Carouge et Plan-les-Ouates). Il
n'y a plus de Maire issu de la gauche de la gauche,
puisqu'elle de détient plus aucun siège dans les exécutifs
municipaux. 18 des 45 maires sont des femmes. On les salue
toutes et tous. Vraiment toutes et tous ? Ouais, vraiment.
Hier soir, au Conseil municipal de Genève,
c'était la dernière séance ordinaire avant les vacances. On
s'est donc offert deux heures et demie de débat inutile, sur
la fermeture ou non du préau de l'école des Pâquis, où rôdent,
notamment, des dealers et des consommateurs de crack. Un débat
inutile, d'abord parce que l'exécutif municipal avait de toute
façon décidé de le fermer, ce préau, quoi qu'en dise le
Conseil municipal. Un débat inutile, ensuite, parce qu'il
devait se clore par des votes sur une proposition ne répondant
à aucun des enjeux évoqués dans le débat, et auquel sont
confrontés la population du quartier, les polices cantonale et
municipale, les autorités cantonales et municipales : l'enjeu
sécuritaire, l'enjeu social, l'enjeu sanitaire. L'enjeu
sécuritaire ? Fermer un préau d'école, quelles que soient les
modalités de cette fermeture, ne donne qu'une illusion de
sécurité : le deal se déplace simplement de quelques dizaines
ou centaines de mètres, comme il le fait depuis vingt ans à
chaque fois qu'on cible un quartier où il sévit. L'enjeu
sanitaire, médical ? il ne peut pas y être répondu autrement
qu'en développant, en renforçant, les lieux d'accueil des
toxicomanes, où ils sont encadrés, où leur consommation est
légale et où ils bénéficient d'un accompagnement social et
thérapeutique, comme, à Genève, le Quai9. Quant à lutter
contre la toxicomanie (légale ou illégale), croire qu'on peut
le faire autrement qu'en prenant en charge les toxicos -et en
légalisant les drogues les moins létales (comme on l'a fait de
l'alcool) c'est cultiver l'illusion de pouvoir gagner une
«guerre contre la drogue» que personne, jamais, n'a pu gagner.
Bref, le Conseil municipal de Genève a demandé à la
Municipalité de fermer le préau de l'école des Pâquis. La
Municipalité est d'accord. Elle était d'accord avant même
qu'on le lui demande. Et après ? Après, rien. A moins que le
Conseil municipal accepte d'examiner une motion socialiste
qui, précisément, propose un «plan d'action immédiat et
spécifique pour les Pâquis», qui aille au-delà de la posture.
Parce que le débat d'hier soir, c'était une suite
d'expositions de postures. Chaque élu.-e a pris la sienne,
quelques un.e.s l'ont exposée. Ce ne fut rien de plus. Avant
les vacances.
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