Faire des économies sur une année de la vie des femmes ?
La faute majeure d'AVS 21
Dimanche, nous saurons si les Suisses auront ou
        non imposé aux Suissesses de travailler une année de plus,
        jusqu'à 65 ans, pour avoir le droit de toucher une
        rente-vieillesse de premier pilier (l'AVS) inférieure à celle
        des hommes (comme le sont les rentes de deuxième pilier), 43 %
        des femmes ne se constituant pas une rente de troisième pilier,
        le plus souvent faute de moyens financiers pour le faire. Ce
        vote, s'il n'est pas le "non" auquel nous appelons, s'imposera
        à  "celles à qui on demande de travailler
        une année de plus pour toucher au bout du compte la même rente
        mensuelle qui ne permet même pas de subvenir à leurs besoins",
        résument dans "Le Courrier" les chroniqueuses Miso et Maso. Et
        la Conseillère nationale Stéfanie Prezioso rappelle que si AVS
        21 rend possible une prise de retraite avant ou après l'âge de
        référence, la retraite anticipée n'est guère possible que pour
        celles qui en auront les moyens, et la retraite repoussée une
        contrainte pour celles qui ne disposeraient que de rentes
        insuffisantes si elles partaient à la retraite à l'âge de
        référence. AVS21 garantirait, selon ses
        partisans, qu'aucune rente mensuelle ne diminuera ? Mais les
        rentes étant versées un an plus tard aux femmes, et les
        cotisations prélevées un an de plus, il y a une année de rente
        en moins, et donc pour les femmes, en moyenne, 26'000 francs en
        moins. C'est sur elles que la contre-réforme AVS 21 fait des
        économies. Sur une année de leur vie. Et c'est la faute majeure
        d'AVS 21 -celle qui, à elle seule, justifie qu'on refuse ce
        projet. Et qu'on aille, hommes et femmes, voter pour le refuser.
      
L'égalité par le bas. Toujours plus bas.
    
Le 5 septembre, des militantes du syndicat SIT, travailleuses des secteur « féminins », ont protesté à Genève contre l’augmentation de l’âge de la retraites des femmes. Issues des secteurs hospitaliers, des soins, de l’hôtellerie, du nettoyage et de l’économie domestique, elles ont témoigné de la pénibilité de leurs métiers et des conséquences néfastes de leur travail sur leur santé. Or le projet AVS21, en leur imposant de travailler un an de plus, aggrave encore leur situation. Elles ont rappelé que l'espérance d'atteindre l’âge de la retraite en bonne santé varie considérablement selon le métier qu'on exerce, les conditions de travail qu'on subit et la catégorie sociale à laquelle on appartient. Que 42% des femmes professionnellement actives sont exposées à au moins trois risques physiques cumulés dans leur travail, une femme sur quatre occupe une profession pénible, porteuse de risques de maladies et d'accidents. Que les femmes sont particulièrement exposées au risque d’arriver à la retraite en mauvaise santé, un risque qui s'ajoute aux discrimination qui les frappent, et à celui de se retrouver à la retraite en dessous du seuil de pauvreté. Que le travail dans les métiers « féminins » rend malade et que les salaires (et donc les cotisations à l'AVS, et donc les rentes) dans ces mêmes métiers ne permettent pas aux femmes de prendre une retraite anticipée avant que leur corps ne lâche (l'Observatoire suisse de la santé rappelle que 14,7 % des femmes victimes d'un infarctus en meurent, contre 9 % chez les hommes). La retraite « flexible » est un privilège, auquel elles n'ont pas accès. Ces femme subissent toute leur vie la discrimination salariale, elles subventionnent l’économie avec leur travail « gratuit », leurs retraites ne leur permettent pas de vivre dignement... Repousser l'âge de leur retraite, c'est accroître les inégalités dont elles sont victimes -mais auxquelles échappent celles qui soutiennent une réforme dont elles ne souffriront pas... tant mieux pour elles, et tant pis pour toutes les autres ?
Les partisan.e.s d'AVS 21 ont plein les discours
        de l'égalité : caler l'âge de la retraite des femmes sur celui
        des hommes, ce serait un pas vers l'égalité. Certes, mais vers
        l'égalité par le bas. Et bientôt, sans doute, vers plus bas
        encore -c'est-à-dire vers plus tard encore : la retraite à 67
        ans pour tout le monde. Avant pire encore. 
      
      
La réforme AVS 21 nous concerne tous !
Le vote sur l’AVS du 25 septembre ne concerne pas seulement les femmes ! Car dans ce projet inacceptable, est
liée une hausse de la TVA de 0,4% qui touchera toute la population dans sa consommation quotidienne.
Il y aura aussi l’abandon de l’ âge légal de départ à la retraite, donnant droit de toucher l’AVS, qui sera remplacé
par un âge de référence permettant une flexibilisation supplémentaire du travail et conduisant à une augmentation,
sans le dire, du temps de travail pour tous. Lorsqu’on sait que seuls 70% des travailleurs et 50% des travailleuses
ont droit à une prestation du IIe pilier, la voie est toute tracée pour une partie croissante des salariés de devoir
travailler jusqu’à 67 ans ou même 70 ans comme le prévoit AVS 21. Tout le monde est concerné !
Cette réforme s’inscrit dans un
        contexte où la crise économique ayant suivi la pandémie et la guerre en Ukraine
      provoquent des hausses de prix
        massives. Qui va payer?
        Nous, les travailleurs, les jeunes, les retraités? Pendant
      que les 1% des plus riches
        continuent à s’enrichir? Nos acquis, nos conditions de vie,
        de travail, sont et seront
      attaquées de toutes parts. Et la réforme de l’AVS en fait
        partie.
Il n’y a pas de problème de financement de l’AVS : c’est un mensonge de plus du
        patronat et des partis bourgeois
      pour ne pas redistribuer autrement
        leurs faramineux bénéfices. La question du financement de nos retraites ne peut
      pas être séparée du combat pour la
        hausse des salaires, le rattrapage de l’inflation et
        l’application immédiate de
      l’égalité des salaires entre
        hommes et femmes. Car à elle seule, cette mesure rapporterait
        plus de 1, 5 milliard de
      francs à l’AVS, garantissant ainsi durablement
        son financement !
      Or comme chacun le sait, l’égalité salariale est inscrite dans la
        Constitution et dans la Loi sur l’égalité (Leg).
      Pourtant, elle n’est toujours pas appliquée. Pire l’écart entre les salaires des hommes et celui des femmes augmente,
      nous en sommes à 19% !
      De plus, les salaires perdent de
        la valeur, mois après mois, et notre pouvoir d’achat va
        s’effondrer avec la hausse
      des prix...
Nous sommes tous concernés ! Ensemble, on peut bloquer cette politique !
      Le 10 septembre, nous nous sommes
        rencontrés à Berne, nous signataires de la lettre ouverte aux
        responsables de
      l’Union syndicale suisse (USS) et
        de Travail.Suisse, les deux faîtières regroupant tous les
        syndicats. 165
      travailleurs.euses, retraités et
        jeunes ont contresigné cette lettre. Face au constat de l’absence d’une
        mobilisation
      nationale à Berne contre l’attaque
        contre nos retraites AVS 21, les signataires ont interpellé les dirigeants de l’USS
      et de Travail.Suisse pour qu’ils organisent une manifestation nationale unitaire afin de faire la démonstration sur
      la place publique du refus populaire de la contre-réforme du Conseil fédéral AVS 21. Cela alors que par deux fois,
      il a été possible de contrer des
        réformes similaires, rejetées en votation en 2004 et en 2017. Une démonstration de
      rue, dans la capitale devant le Palais
        fédéral, aurait également permis aux 25% de la population habitant et
      travaillant en Suisse, sans le droit de vote, de s’exprimer !
Chaque voix compte
      Depuis le 24 février et le début de la guerre en Ukraine,
        nous sommes entrés dans une nouvelle période qui
      nécessite le combat résolu contre
        les conséquences prévisibles de la crise économique, de la
        guerre et des sanctions
      contre la Russie : inflation, hausse du coût de la
        vie, hausse du prix des
        énergies, récession menaçante...
      C’est pourquoi, voter NON à AVS 21
        et à la hausse de la TVA (tout comme à la suppression de l’impôt
        anticipé),
      c’est rejeter la politique d’ensemble du Conseil fédéral, des partis gouvernementaux coalisés et du Parlement sous
      l’influence des lobbys du capital.
        Une victoire du NON permettrait
        de faire barrage au démantèlement de notre
      assurance sociale, l’AVS. Ce serait aussi une sévère défaite de tous ceux
        qui viennent ponctionner toujours plus
      les travailleurs.euses. Cette victoire permettrait dans un second temps d’enclencher une dynamique pour la
      mobilisation nécessaire afin de préserver notre pouvoir d’achat
        par une hausse des salaires et un rattrapage de
      l’inflation, c’est par ce biais que les contributions à l’AVS et aux assurances sociales garantiront leur pérennité.
      Par cette lettre nous vous
        appelons à voter résolument
        2x NON à AVS 21 et à la hausse de la TVA le
      25 septembre et à vous organiser pour poursuivre
        le combat. Chaque voix
        compte !
Les participants à la rencontre des
          signataires de la lettre ouverte
      à l’USS et Travail.Suisse du 10 septembre
          2022 à Berne.
      
      



Commentaires
Enregistrer un commentaire