Fonds de tiroir

 La reine d'Angleterre est morte le jour du Jeûne Genevois. On y verra aucune intention particulière. Pas plus que dans une retraite prise à l'âge de 96 ans pour laisser sa place à un jeunot de 73 ans, après 70 ans de règne (à notre connaissance, seul Louis XIV de France fit mieux, avec 72 ans -mais il était monté sur le trône à cinq ans et fut mis sous régence de sa mère...)  : fasse le ciel brumeux des îles Britanniques que cela ne donne pas trop d'idées à la droite helvétique pour les prochaînes réformes de l'AVS. Submergés d'afflictions médiatiques monarchi-ques et oedipiennes, convoqués au deuil, sommés de nous contrister avec les Britanniques (surtout les Anglais), et d'oublier toutes celles et ceux d'entre elles et eux qui n'en veulent plus, de la monarchie. Tout le monde lui rend hommage, à la reine défunte, même Poutine, sans oublier le président irlandais, Michael Higgins, qui évoque «la longue amitié» entre le Royaume Uni et l'irlande (il fallait le dire, vite...) comme si avoir duré sur un trône devait être une vertu cardinale... Nous, c'est la mort d'Alain Tanner et celle de Jean-Luc Godard qui nous a peinés, pas celle d'Elizabeth Windsor. Eux n'ont en effet pas de successeurs. Elizabeth, elle, en a un, son vieux fils. Devenu Charles III. Mais y'a de l'espoir pour des suites roboratives, à défaut d'être réjouissantes: Charles Ier a été décapi-té et Charles II a fait assez de conne-ries pour que Guillaume d'Orange prenne le pouvoir après sa mort. Et nique le Louis XIV de France, qui, à notre connaissance, détient le record de durée sur un trône : 72 ans...  ça, c'est de la constipation...

Le rapport externe, rendu par une ancienne juge PLR, sur l'«affaire du dégrappage» militant à la rue des Pâquis, a eu beau relativiser beaucoup la responsabilité de la Conseillère administrative Frédérique Perler dans l'action illégale (mais légitime) des militants, la droite continue de vouloir faire de cet épisode une affaire d'Etat : «On s'opposera à tout, tant qu'on n'aura pas les clarifications», annonce, dans un fier mouvement mentonnier dans la «Tribune de Genève» un Conseiller municipal de droite. Bon, d'accord, vous vous opposerez à tout, et alors ? Alors rien, on se passera de vous... Histoire de rendre l'«affaire du dégrappage» encore plus ridicule qu'elle était devenue, un Conseiller municipal UDC a proposé de retenir sur le salaire de la Conseillère administra-tive Frédérique Perler un montant équivalant au coût du «regrappage» de la modeste portion de bitume percée par les militantes de Survap et d'ActifTrafic aux Pâquis, à quoi il a ajouté les honoraires de l'ex-juge Christine Junod pour son rapport d'investigation sur les responsabilités du crime bitumier, et même le coût de la séance extraordinaire du Conseil municipal convoquée par la droite pour tenter, sans y arriver, de faire le procès de la Conseillère administra-tive. La proposition a fait flop au Conseil municipal, mais a fait un peu de pub à son auteur. C'était sans doute son but premier. Voire son but unique. Quant à la décision du PS de la Ville de reverser aux associations «dégrap-peuses», Survap et ActifTrafic, les je-tons de présence perçus pour la séance extraordinaire (et extraordinairement inutile) du Conseil municipal, tenue à la demande de la droite, elle continue à faire quelques vaguelettes. Y compris chez les Verts. Qui ont successivement accusé le PS de «poignarder le Conseil administratif de gauche dans le dos» et de lui faire «un croche-patte». Etre ca-pables de poignarder dans le dos en faisant un croche-patte ? Belle souplesse du PS, après 140 ans d'existence... 

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