Fonds de tiroir

 Comme nul ne l'ignore jusqu'à Abu Dhabi, Pierre Maudet est candidat à l'élection du Conseil d'Etat gene-vois. Mais il veut aussi qu'une liste de ses partisans «Libertés et Justice sociale» soit déposée pour l'élection du Grand Conseil. Et pour achever de constituer cette liste, il fait son marché, Maudet. Dans les partis existants. Il aura donc sur la liste maudétiste au moins une PLR -ou plutôt, une ex-PLR, Masha Alimi, Conseillère municipale à Thônex, qui a démissionné du parti pour pouvoir se présenter sous l'étiquette de celui (car ça finira bien par en être un, de parti, quoi qu'il en dise) de Maudet, et qui siège au Conseil municipal en tant qu'indépendante. Il aura peut-être aussi un ex-socia-liste, ancien député et ancien Con-seiller municipal de la Ville de Genève, Jean-Louis Fazio, qui, lui, ne veut pas démissionner du PS et ne voit où serait le problème d'être à la fois membre d'un parti et candidat d'un autre, dans une élection où ces deux partis seront concurrents. Les statuts du PS excluant une telle incohérence, il n'y aurait d'ailleurs même pas besoin d'exclure qui en fait preuve : on est carrément dans une démission de facto. Bon, faire son marché dans les autres partis, le MCG a fait ça depuis sa création, ça ne l'a pas amené bien loin, sitôt l'effet de surprise passé : à puiser dans les vieux stocks des partis existants, on finit par ressembler à une benne de recyclage. Ni de gauche, ni de droite : sur le trottoir.

Un an après l'adoption massive par le peuple genevois de l'initiative populaire des Verts libéraux pour l'abolition des rentes à vie des Conseillers d'Etat, le Grand Conseil a adopté la loi d'application de l'ini-tiative, en abolissant formellement cette rente à vie (l'initiative n'était pas formulée) et en ratiboisant le projet du Conseil d'Etat lui-même, qui proposait une allocation de fin de mandat équivalant à 70 % du dernier traitement, versée pour une durée maximale de deux ans, comme le prévoyait l'initiative, mais en y ajoutant, ce qu'elle ne proposait pas,  une augmentation de salaire de 17 % (soit 50'000 francs) du salaire de ses membres, ce qui en aurait fait le salaire le plus élevé des membres de tous les gouvernements cantonaux, sauf Zurich. Au moment où, pour faire des économies budgétaires, le même gouvernement propose de rabo-ter les adaptations de traitement de la fonction publique, une majorité de députés (et donc pas seulement la gauche) a trouvé un peu gonflé d'aug-menter le salaire des ministres de l'équivalent d'un an de salaire mini-mum légal. Et a donc réduit cette aug-mentation à 8847 francs. Soit, en gros, l'équivalent de l'inflation. L'UDC, le Centre (PDC)  et le PLR voulaient maintenir l'augmentation maousse proposée par le Conseil d'Etat, Ensemble à Gauche ne voulait aucune augmentation, le PS, les Verts, et le MCG ont imposé l'augmentation minimale. «Si nous voulons des Conseillers d'Etat de qualité, il faut les payer en conséquence», a vaine-ment plaidé l'udéciste Eric Leyvraz, faisant écho à la Conseillère d'Etat Nathalie Fontanet, pour qui l'«at-tractivité de la fonction» tient aussi à sa rémunération... Et nous qui pen-sions que c'était le service de l'Etat qui motivait les ministres... naïfs qu'on est...  Et si le peuple veut des infirmières de qualité, il les paiera en conséquence de la nécessaire «attractivité» de leur fonction? Euh...

On pensait close l'affaire du «dégrap-page» militant du bitume des Pâquis pour y planter des fleurs ? Ben non : il s'est trouvé une députée (PLR, forcément) pour demander au canton d'ouvrir «une procé-dure administrative contre les auteurs» dudit dégrappage. Dépitée, la députée, de ce que canton ait refusé cette demande, puisque l'infraction a été «régularisée» avant même qu'une plainte ait été déposée (par la Ville). Mais bon, faut la comprendre, la députée : y'a des élections au printemps prochain, faut qu'elle fasse un peu parler d'elle... Oualà, c'est fait.



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