Fonds de tiroir
Il se murmure dans les couloirs du Parlement fédéral et les bistrots du quartier qu'Elisabeth Baume-Schneider aurait été élue grâce à un apport de voix venant de l'UDC, pas par adhésion à la candidate, moins encore à son profil politique, mais pour couper l'herbe sous les pieds de Céline Amaudruz à la succession de Guy Parmelin, et faire récupérer le deuxième siège par un Alémanique, si possible un Zurichois. Au sein du PLR, du Centre et de l'UDC quelques uns auraient aussi voté pour la Jurassienne pour pousser Alain Berset vers la sortie et bloquer des candidatures romandes comme celles de Roger Nordmann ou, pire (du point de vue PLR) de Pierre-Yves Maillard. Mais alors quoi, on élirait des gens au Conseil fédéral en fonction de ce genre de petits calculs politiques triviaux, et pas «pour le bien du pays»? Noon, vous nous en direz tant...
C'est à deux voix près que le Conseil national
a voté une motion dé-sarmant les salaires minimaux lé-gaux à
Neuchâtel et Genève. Les cinq élu.e.s de la droite genevoise
ont tous voté pour cette motion, et donc contre le salaire
minimum légal instauré par un vote du peuple genevois. C'est
quand même con que personne n'ait pensé à demander au Qatar
d'acheter au moins trois de ces cinq élus, comme il a acheté
carrément une vice-présidente du parlement europée-... Mais
bon, faut bien dire que le salaire minimum, le Qatar, il s'en
fout déjà quand il s'agit de sa propre main d'oeuvre, alors
vous pensez, quand il s'agit des salariés genevois, il s'en
fout autant que Maître, Lüscher, de Montmollin, Nidegger et
Amoudruz.
Et c'est pas peu dire.
il faut quand même saluer la cohérence de la majorité de droite du Conseil national : du même mouvement, quoiqu'encore plus ample (à deux contre un), que celui par lequel elle a combattu les salaires minimums légaux (à deux voix de majorité), elle a refusé d'accorder une treizième rente AVS chaque année (un treizième mois, quoi) aux retraités, comme le demande une initiative populaire de l'Union Syndicale que seule la gauche a soutenu au parlement. «La promesse de protéger la population contre le risque de pauvreté à l'âge de la retraite n'est plus respectée», a constaté le président de l'Union Syndicale, Pierre-Yves Maillard. Ben ouais, mais en même temps, c'est une promesse de gauche qui date de la Grève Générale de 1918, alors faut pas trop s'étonner de ce que la droite ne tienne pas une promesse de la gauche. Faudrait plutôt s'étonner de qu'il y ait encore des gens pour s'en étonner, non, depuis le temps ?
Bon, la Coupe du monde qatarie de foot, c'est terminé (on a dû entendre notre «ouf» de soulagement jusqu'à Doha). Ce fut «la plus belle Coupe du Monde de tous les temps», selon le président de la FIFA et grand copain du Qatar, Gianni Infantino. Il avait déjà dit la même chose de la Coupe du monde de foot en Russie il y a quatre ans, et dira sans nul doute la même chose de celle de dans quatre ans, partagée entre les USA, le Canada et le Mexique. D'ici-là, on aura le temps de fouiller un peu le dossier de la corruption tous azimuths à laquelle s'est livrée le Qatar pour l'obtenir, sa coupe, faire taire les critiques et faire chanter ses louanges.
La Ville de Genève et le Canton de Genève ont
un budget 2023. Vous nous direz que c'est un peu normal, pour
une collectivité publique, de se doter d'un budget, et vous
aurez raison. C'est même tellement normal que c'est prévu par
la loi. Sauf que là, on vous parle de Genève et qu'à
G'nêêêêêve, rien n'est a priori normal. Et qu'au Conseil
municipal comme au Grand Conseil, ça prend des plombes
(dix-sept heures en Ville, juste un peu moins) au Canton pour
que les élus fassent finalement ce pour quoi ils sont élus:
doter leur collectivité publique d'un budget. Et que ces
séances interminables coûtent en elles-mêmes un saladier,
qu'elles aboutissent à quelque chose ou à rien. Dans les deux
parlements, la droite a donc été battue, après avoir déposé
des dizaines d'amende-ments plus ou moins foireux, qui ont
tous été repoussés. On notera juste que le MCG a voté avec la
droite en Ville et avec la gauche au canton, sans que rien
n'explique vraiment ce choix. Si on peut parler de choix quand
on examine le mouvement d'un balancier : il ne sait pas ce
qu'il fait, le balancier, il se balance. Comme le MCG, quoi.
A la gauche de la gauche genevoise, ça ne s'arrange pas, après le dépôt d'une liste d'«union populaire» par des dissidents de solidaritéS, et donc d'Ensemble à Gauche, qui ont réussi à recruter des personnalités qui étaient membres de composantes d'EàG (le Parti du Travail, SolidaritéS), et dont certaines étaient même candidates sur la liste d'EàG. Deux d'entre elles, Salika Wenger, députée sortante, et Jean Spielmann, ancien Conseiller natio-nal, ont été exclues le 19 décembre du Parti du Travail. Le sort d'Olivier Baud, député sortant et membre de SolidaritéS, qui lui aussi est passé de la liste d'EàG à la LUP, est suspendu à sa réponse à une demande de «clarification» faite par SolidaritéS. Au PS, on s'est contentés d'un seul cas : celui de l'ancien dépu-té et conseiller municipal Jean-Louis Fazio, qui a glissé à droite et rejoint la liste de Pierre Maudet. Il a donc été exclu du parti : on pouvait quand même pas laisser la gauche de la gauche s'amuser toute seule. Mais normalement, les purges, on les prend plutôt après les fêtes de noël qu'avant, non ?
Les obsédés du wokisme avaient sonné l'alarme
en octobre : le buste de Carl-Vogt qui était posé devant
l'Université des Bastions avait disparu. Et cela, au moment
même où l'Université avait décidé de débaptiser son bâtiment
du boulevard Carl-Vogt, justement. Un bâtiment portant le nom
du bou-levard. Or Carl Vogt avait active-ment défendu les
thèses de la hiérarchisation des races et de l'infério-rité du
genre féminin. Et le nom même du boulevard en était contesté
-celui de l'Université avec... Du coup, la disparition du
buste devant l'Uni Bastions, c'était sûrement un coup des
wokistes-féministes-de-gauche... Ben fi-nalement, non, le
buste avait été simplement remisé dans un dépôt pendant les
travaux aux Bastions. Mais faut rester vigilants, glisse-t-on
à droite: méfiance, ça doit être une manoeuvre wokiste.
Une bonne nouvelle, pour éclairer cette fin
d'année plutôt morose : Deux grandes démocraties ont renouvelé
un accord fondamental passé entre elles, et ça fait du bien.
Donc, la Chine et le Vatican ont renouvelé pour deux ans leur
accord pastoral sur les nominations des évêques catho-liques
chinois. Cet accord permet au pape de se prononcer sur ces
nominations. Le monde n'attendait que cela. Nous aussi, donc,
forcément.
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