Brèves de comptoir

 Ce fameux matériel de guerre suisse qu'on (même des socialistes...) voudrait autoriser les importateurs à réexporter, par qui est-il produit ? L'hebdo zurichois de gauche «Wochenzeitung» a obtenu du Sec-rétariat d'Etat à l'économie les noms des entreprises, sous-traitants et marchands du business suisse des armes. Et c'est édifiant. Une dou-zaine d'entreprises assurent 80% des exportations d'armes et de matériel de guerre depuis la Suisse. Les filiales suisses de la société alleman-de Rheinmetall détenaient à elles seules 60 % des autorisations d'ex-portation de matériel de guerre, pour une valeur de 1,1 milliard. L'industrie suisse de l'armement est essentiellement, non une industrie nationale, mais une industrie filiale de multinationales : outre celles de Rheinmetall, on peut citer Mowag, constructeur de chars d'assaut, qui appartient au groupe étasunien General Dynamics. Alors finale-ment, si la Suisse autorisait l'Alle-magne à réexporter du matériel de guerre produit en Suisse par une entreprise contrôlée par une ent-reprise allemande, elle autoriserait quoi, la Suisse ? un jeu d'écriture ?

L'Arabie saoudite, envieuse du Qatar, pourrait bien être candidate à l'organisation du Mondial 2030. Car elle investit elle aussi dans le sport : le sport, c'est de l'influence, une arme de riches, grands ou petits, qui ont besoin d'exister en dehors de leurs matières premières. Elle aurait tort de se gêner, l'Arabie Saoudite : les protestations contre le Mondial qatari sont restées, pour l'essentiel, confinées à l'«Occident» -lequel était une cible d'autant plus facile pour la propagande qatarie qu'il ne se gène pas pour commercer avec, non seulement le Qatar, mais tous les régimes condamnables pour leur mépris de droits humains, des droits des femmes, des travailleurs, des minorités sexuelles et des immigrants. Et de toute façon, le «Qatargate» européen prouve que l'argent, même quand il pue, peut tout acheter, même les bonnes consciences.

 Les cathos français sont déprimés, «entre colère et accablement» écrit «Le Monde», après les révélations d'agressions sexuelles commises par des évêques. Bon, vous nous demanderez «qu'est-ce qu'on en a à foutre de la déprime des cathos français, on est ni cathos ni français». Bande de sans-coeur, pourriez au moins faire semblant de compatir. Depuis la publication du rapport de la commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Eglise, en octobre 2021, les révélations se sont succédées, impliquant au moins onze évêques et un cardinal, et un collectif s'est créé (#sortonslespoubelles). Autant dire que nombre de cathos français ne croient pas leur Eglise quand elle leur assure qu'il ne s'agit que de «cas individuels» et que «les choses sont finies, en voie de règlement». Surtout qu'en Italie aussi, un rapport sur les violences sexuelles commises au sein de l'Eglise papiste depuis 2019 est sorti. Et sitôt dénoncé comme lacunaire, et même «honteux», dit l'historienne Lucetta Scaraffia, qui y voit «un jeu de rôle destiné à faire croire que l'Eglise mène l'enquête alors qu'elle veut à tout prix maintenir son grand silence terrifié sur la question»... Comme si c'était l'habitude de l'Eglise de Rome de cacher des merdes sous le tapis....

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