Faites vos Pâques politiques !

 Douze convives à la Cène électorale genevoise. Il en manque un, et ce n'est pas Judas...

Ils et elles sont douze : il n'en manque qu'une ou un pour que la Cène, même tardive, soit complète. Et que la Passion commence. Sous forme d'une courte campagne électorale pour le Conseil d'Etat genevois : les douze, ce sont les candidates et les candidats au gouvernement de la Parvulissime. Qui donc manque à cette table pour qu'elle soit, à treize, complète ? Le Sauveur, le Rédempteur, l'Imam Caché, sans doute... Parce que Judas, il est là : tout le monde s'accorde à désigner M le Maudet pour ce rôle. Qui devrait lui convenir, puisque sans Judas, pas de Passion. Sans Judas, pas de dénonciation, pas de condamnation, pas de crucifixion, pas de mort, pas de résurrection. Pas de christianisme. Le principal personnage de la Passion, celui sans qui rien n'advient, c'est lui, Judas. Et si vous en doutez, électrices et électeurs de peu de foi, lisez son évangile, retrouvé dans les sables d'Egypte (une traduction en français est parue en 2006 chez Flammarion). Et n'oubliez pas d'aller voter : cette élection n'est pas divine, elle est toute humaine, et à la majorité simple -c'est eux ou nous, leur programme ou le nôtre, leur alliance ou la nôtre, nos quatre candidates et nos candidats ou les leurs... Faites vos Pâques !

"Quatre croix, pas une de plus, pas une de moins"

"La droite est majoritaire à Genève, mais elle perd tout le temps", sanglotait l'ancien Conseiller national UDC neuchâtelois Yvan Perrin, devenu secrétaire général de l'UDC genevoise. Et elle en avait marre de perdre, la droite genevoise. Alors elle nous a pondu une chimère qu'elle présente comme une "alliance" : celle de la droite traditionnelle (PLR, Centre) avec sa propre droite (UDC, MCG), de sorte qu'en ratissant le plus large possible, on ne laisse hors de cet agglomérat que Maudet et les Verts libéraux, et quelques miettes -l'"Elan radical", Civis). Encore qu'on entende, toujours à droite, des appels à remplacer la candidate du Centre par Pierre Maudet dans une "alliance utile" contre la gauche... Maudet, lui, résume l'"Alliance pour Genève" de la droite à une alliance contre la gauche... et contre lui, qui au premier tour a cartonné dans les bastions PLR. Le choix agglutinant de la droite traditionnelle ne tombe pas du ciel : il lui était vivement recommandé depuis des mois (au moins depuis août dernier) par ceux dont elle a repris le programme : les syndicats patronaux, la Chambre immobilière. Ainsi se clarifient les fronts politiques : il y a une droite et une gauche, et rien entre les deux, ni hors d'elles. Plus de "centre", plus de "ni gauche, ni droite" (pour être adoubé par les syndicats patronaux, le candidat du MCG, l'erratique Morel, leur a d'ailleurs promis qu'il allait "tirer son parti à droite", confie le directeur général des syndicats patronaux dans la "Tribune de Genève" du 7 mars... C'est ce que les syndicats patronaux appelaient une alliance "raisonnable" -mais à l'époque, il n'y avait pas le touriste du MCG dans leur liste...

Mais faut pas croire : elle a un programme, la grande alliance de la droite et de l'extrême-droite genevoise (acronymisons là en Gaded, on ira plus vite...) ... Du moins a-t-elle annoncé quelque chose qu'elle présente comme un programme, bricolé dans l'urgence et annoncé la semaine dernière (alors que celui de l'alliance de la gauche a été présenté il y a déjà six mois). L'objectif premier, fondamental, du programme de la droite, celui qui résume en fait tous les autres, est une baisse d'impôts. En réalité, c'est le seul point d'un programme qui puisse être commun au PLR, à l'UDC, au MCG et au Centre : baisser les impôts -mais pas n'importe lesquels : les impôts progressifs, ceux qu'on paie en fonction du revenu et de la fortune. Ceux qui sont donc d'autant plus élevés qu'on est plus riche. Et à part baisser les impôts des plus riches et des plus fortunés, on trouve quoi dans le programme de la Gaded  ? le tout-venant des programmes de chacune de ses composantes : plus de propriété par étages et de loyers libres (et donc moins de logements sociaux) dans la construction de nouveaux logements, la traversée de la rade, le maintien du trafic motorisé au centre-ville... et le siphonnage des ressources des communes (mais surtout, évidemment, des villes à majorité de gauche). Un siphonnage par deux méthodes : l'assèchement des ressources fiscales, et le transfert de charges, sans transfert de compétence, parce qu'on ne sait jamais : donner aux communes des compétences dans les domaines de l'aménagement, des transports, de la politique sociale, c'est donner du pouvoir aux seules communes qui auraient les moyens de ces compétences : les villes, précisément. Et celle de Genève, tout particulièrement (elle a déjà réussi à en arracher, mais en devant aller jusqu'au Tribunal fédéral pour se les faire reconnaître)...

C'est bien pour priver les communes, les villes, la Ville des moyens d'une autre politique que celle, régressive, qu'elle prône, que, comme l'écrivent les magistrats communaux de gauche, la droite traditionnelle a franchi la " ligne rouge qui la séparait des forces réactionnaires, populistes et xénophobes» de l'UDC et du MCG (à la place de nos magistrats, on aurait d'ailleurs choisi une couleur moins glorieuse pour teinter cette ligne -quelque chose entre le vert-de-gris, le kaki et le brun). Sur laquelle on ne saurait trop vous recommander, histoire de bien la visualiser de planter "Quatre croix, pas une de plus, pas une de moins" : celles des noms de la liste N° 4 pour le Conseil d'Etat : Thierry Apothéloz, Fabienne Fischer, Antonio Hodgers, Carole-Anne Kast.

Comme ceux de Dumas, nos mousquetaire sont quatre.

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