"Grande alliance" de la droite genevoise : les masques tombent

 

A Genève, une alliance de toute la droite (sauf Maudet, pour cause de rancunes tenaces) a été constituée. C'est une belle clarification : des masque tombent. Il n'y a plus de "centre", plus d'états d'âme à l'ex-PDC, plus d'autre libéralisme qu'économique. C'est la ligne de l'UDC qui est ainsi avalisée par un "Centre" droitisé et un MCG qui n'est plus "ni de gauche, ni de droite" mais franchement à la droite de la droite (sauf quand il  s'agit de sa clientèle). Cette alliance, ardemment voulue et soutenue par les organisations patronales et les milieux immobiliers,  est plus que de circonstance : elle témoigne en effet d'une droitisation de la droite qu'on observe désormais à Genève (canton et Ville) comme dans toute la Suisse -et ailleurs. A Genève, on a quand même réussi à mettre Le Pen et Zemmour sur la même liste que Pécresse et Bayrou...

Une alliance dont le seul programme est de s'attaquer aux plus faibles.

Contrairement à la nouvelle alliance de toute la droite et de l'extrême-droite, celle du PS et des Verts est ancienne, solide, repose sur un programme gouvernemental commun aux deux formations. Cette alliance va être une alliance de résistance, face à une coalition de tout ceux qui, à Genève comme ailleurs, ne conçoivent le rôle de l'état que comme celui du sauveteur des grandes banques.  Il est sans doute paradoxal d'attendre d'un gouvernement qu'il puisse être un contre-pouvoir (au parlement), mais un gouvernement de gauche ne serait pas le seul, ni même le principal, contre-pouvoir à un Grand Conseil  sans majorité cohérente, quelque posture que veuillent prendre pour le deuxième tour de l'élection du Conseil d'Etat les coalisés de la droite, dont les deux partis traditionnels, le PLR et le Centre, ont tous deux perdu de nombreux sièges au Grand Conseil, et ne peuvent y être majoritaires qu'en s'alliant à l'extrême.droite, comme ils viennent de le faire pour l'élection du Conseil d'Etat. Si le "Centre" devait y garder un siège, ce qui l'obsède, ce ne serait que parce que le PLR l'a bien voulu.  Quant à Maudet, la seule chose à faire est de laisser la droite se démerder avec son propre enfant : elle a beau le renier, c'est bien d'elle qu'il vient... comme Morel, d'ailleurs, touriste politique passant du PDC au PLR et du PLR au MCG... s'il ne devait pas être élu au Conseil d'Etat, gageons qu'on le retrouvera chez les Verts libéraux ou à l'UDC -elle a bien récupéré Poncet et Mettan... 

Genève se trouve pour cinq ans affublée d'un parlement à droite toute. Le principal contre-pouvoir à ce parlement, ce sera le peuple -il peut l'être d'ailleurs aussi à un gouvernement de droite : l'expérience du gouvernement "monocolore" de naguère (un gouvernement sans aucun représentant de la gauche), qui n'a quasiment rien pu faire passer de ses projets, tous combattus par référendums lorsqu'ils étaient acceptés par le Grand Conseil, et finalement repoussés par le peuple, est de quelque enseignement, puisqu' à nouveau, il va falloir se préparer à multiplier les référendums. Et à créer, avec toutes les forces de gauche et les syndicats, un comité référendaire permanent. Et puis, il y a cet autre contre-pouvoir qui est celui des villes : les communes n'ont pas à Genève les compétences qu'elles ont dans d'autres cantons, mais elles en ont suffisamment pour mener une autre politique, notamment sociale et culturelle, que celle du canton.

Comme le proclame dans son communiqué post-électoral Ensemble à Gauche, " Plus que jamais, dans les urnes et dans la rue, il faut faire barrage à la droite et à l'extrême-droite". Et se préparer à cinq ans de luttes, pied à pied, au parlement, dans la rue, dans les urnes référendaires... et déjà dans trois semaines, les urnes électives, et même, pour celles et ceux des nôtres qui y seront élu.e.s, au gouvernement : tous les bastions nous siéent...

Alors, hein, nos états d'âme, on se les met au fonds de nos poches, on cale notre tire-jus dessus et on se les garde pour le 1er mai. On prend notre bulletin de vote, on met des croix dans les cases de Thierry Apothéloz, de Fabienne Fischer, d'Antonio Hodgers et de Carole-Anne Kast, et seulement dans ces quatre cases-là. Ajouter quelque candidat ou quelque candidate de droite que ce soit aux quatre candidates et candidats de gauche, sous quelque prétexte que ce soit (elle est moins pire que les autres, mieux vaut lui qu'un autre ou une autre), c'est le favoriser ou la favoriser contre nos quatre mousquetaires. C'est simple comme un jeu à somme nulle, une élection à la majorité simple : c'est eux ou nous. Nous, la gauche (les deux listes de la gauche de la gauche appellent à soutenir les autres candidat.e.s socialistes et vert.e.s)  ou la droite et l'extrême-droite coalisée dans une alliance qui pue la xénophobie et le racisme, la réaction sociale et culturelle, l'attaque aux droits des locataires, au salaire minimum, aux prestations sociales, à la culture. Une alliance dont le seul programme est de s'attaquer aux plus faibles. Une alliance qui pue.

Alors, le 30 avril, un seul mot d'ordre : donner une bonne claque aux mauvaises odeurs !

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