Fonds de tiroir

 Début février, une cérémonie émou-vante a marqué la restitution aux Iroquois de la Confédération Haudenosaunee, autochtones du Canada et des Etats-Unis, de deux objets traditionnels, un masque et un hochet rituels et sacrés, qui se retrou-vaient au Musée d'ethnographie de Genève après avoir été oferts au Musée Académique en 1825 par un historien et politicien genevois, Amédée-Pierre-Jules Pictet de Sergy, qui en avait disposé sans le consentement du peuple mohawk à qui ils appartenaient. Re-pérés en juillet 2022 par un repré-sentant autochtone, ils ont fait l'objet d'une demande officielle de resti-tution en août, demande acceptée en octobre par la Ville. Et ont donc été rendus aux autochtones en février dernier, lors d'une cérémonie rituelle de réintégra-tion. Le retour de ces deux objets lance les commémorations du centenaire de l'arrivée à Genève du chef Iroquois Deskaheh, venu plaider dans la ville de la Société des Nations la cause des peuples autochtones, et la remémoration de la destruction de leurs sociétés. La Ville a donc fort bien fait de restituer aux Iroquois des objets qui leur apparte-naient et qu'elle n'avait nulle légiti-mité à détenir : un masque et un hochet. Comme si des masques et des hochets bien de chez nous, de souche, on n'en avait pas, et qu'il fallait les piquer aux autres. Rien qu'au Conseil municipal, tenez, des masques et des hochets, on ne sait plus quoi en faire...

En 2018 et en 2019, le Conseiller municipal de Bienne Mohammed Hamdaoui avait proposé une interdiction de la publicité religieuse sur les bus biennois, utilisés notamment par une agence chrétienne pour y placarder des versets bibliques. L'initiative du Conseiller municipal lui avait valu insultes et menaces de mort, et s'était fait cracher au visage. Sa proposition a été transmise à l'administration municipale, qui a demandé un avis juridique au professeur Stöckli de l'Université de Fribourg (en Suisse, pas en Brisgau), et, quatre ans plus tard, a rendu son avis : interdire les pubs religieuses sur les bus serait une atteinte aux droits fondamentaux. Ah bon... L'opium du peuple est une marchandise légale, c'est vrai, mais trimballer Dieu sur les bus, selon la Municipalité elle-même, c'est pas une bonne idée. Et donc, on ne peut pas interdire la pub religieuse sur les pubs, mais on peut ne pas l'accepter. Ou alors, si on l'accepte, on doit l'accepter pour tout le monde : vous autorisez un verset de la Bible ? Vous devrez autoriser une sourate. Et même une proclamation athée. Et, à Bienne, bilingue :  «Gott ist Tot », ça le fait, non ?

Une communauté catholique romai-ne, la Communauté de Saint-Jean, a annoncé en janvier dernier avoir exclu définitivement l'une de ses figures importantes, qui avait officié à Genève pendant vingt ans (1988-2008) et avait déjà été relevé de ses fonctions en 2008 après des plaintes pour attouchements sexuels déposées par deux jeunes femmes. Une procédu-re pénale avait été classée pour prescription, mais le religieux a fait l'objet de plusieurs autres signale-ments pour de graves agressions sexuelles, notamment sur des soeurs de Saint-Jean. La communauté de Saint-Jean demande «humblement pardon» aux victimes. Le curé lubrique a été renvoyé dans un diocèse mexicain. Si c'est pas de l'internationalisme, ça...

Commentaires

  1. "Le curé lubrique a été renvoyé dans un diocèse mexicain. Si c'est pas de l'internationalisme, ça..." Jolie trouvaille votre "internationalisme".
    J'aime vos blogs riches en acrobatiques subtilités et sous-entendus.

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