Genève : Ouvrir le "PAV" à la spéculation immobilière ?
Signez les référendums !
On venait seulement d'entamer le débat provoqué
par le référendum lancé contre le préavis municipal favorable au
plan localisé de quartier (PLQ) "Acacias 1" qu'on apprenait que
la droite coalisée du Grand Conseil genevois votait une loi
livrant aux spéculateurs une partie des logements prévus dans le
périmètre Praille-Acacias-Vernets (PAV), qui englobe celui du
PLQ. En 2018, 65 % des votantes et des votants approuvaient une
loi, la "loi PAV", restreignant la part de la propriété par
étage dans le PAV, pour accroître celle de logements à loyers
abordables, accessibles à la majorité de la population. La loi
votée par la droite (l'une de ses premières décisions, la
législature venant seulement de commencer) revient sur ce vote
populaire : elle double (elle passe de 12 à 24 %) la part de
logements en propriété par étage sur ces terrains en mains
publique, et réduit donc d'autant la part de logements dont les
loyers sont contrôlés, et plafonnés, pour être accessibles à
toutes et tous. Dans le même mouvement, elle brade à vil prix la
rente de droit de superficie sur des terrains en propriété
publique, et entend remplacer la propriété par étage en droit de
superficie par un droit de propriété privée, ce qui
contraindrait l'Etat à vendre les surfaces concernées. On est
dans Balzac, là, et pas dans le meilleur... Un double référendum
a été lancé contre ce mauvais coup : On
télécharge les feuilles de signatures sur
https://sit-syndicat.ch/spip/spip.php?rubrique173, on les
remplit les deux (il y a deux référendums), on les signe, on les
renvoie...
"Vous êtes perdus si vous oubliez que la terre n'est à personne !"
La droite genevoise, renforcée au parlement, n'a pas attendu pour montrer ce qu'elle veut, ce qu'elle vaut et pour qui elle roule : UDC,MCG, PLR et Centre ont fait ce que le lobby immobilier attendait d'eux et ont voté une loi qui en piétine une autre, acceptée en votation populaire à deux contre un, qui reposait sur un accord entre le PS, le PLR, l'Asloca, les Conseils municipaux de Genève, Carouge et Lancy et des associations de propriétaires telle que Pic-Vert, et qui permettait de renforcer la mixité sociale dans les futurs quartiers et d’y augmenter la proportion de logements. Ce vote du Grand Conseil "augure d'une législature de combat", résume notre camarade Alberto Velasco, ci-devant président de l'Asloca genevoise.
Alors que l’immense
majorité des terrains du Canton est en mains privées, l'immense
majorité des terrains du PAV est en main publique, cantonale.
même si des droits de superficie (autrement dit : des droits
d'usage à long terme) ont été octroyés à des privés, en échange
d'une rente à payer à l'Etat. Une situation insupportable à la
droite et à la Chambre immobilière : ces terrains, et les
logements qui y sont construits (les logements d’utilité publique, avec un contrôle
des loyers à long terme, et les logements des coopératives)
échappent à la spéculation. Ils font donc qu'une part d'entre
eux y soient soumis. Avec la loi votée par la droite du Grand
Conseil, ce serait chose faite. On mettrait moins de logements
abordables sur le "marché", pour plus de logements à ne proposer
qu'à qui en a les moyens. Et cela dans un contexte de crise du
logement. La PPE en toute propriété (la
PPE en droit de superficie étant déjà possible dans le périmètre
du PAV) est inaccessible à la plus grande part de la "classe
moyenne" à qui les milieux immobiliers prétendent la destiner :
la majorité des ménages de cette "classe" (qui n'en est pas une,
qui n'est qu'un agrégat de groupes sociaux qui ne sont ni
pauvres, ni riches) ne disposent pas des fonds propres
nécessaires pour y accéder. Aux ménages qui n'accèdent pas aux
logements d'utilité publique, il convient, plutôt que de leur
faire cultiver l'illusion de la propriété, proposer en location
des logements aux loyers contrôlés, soustraits à la spéculation,
et de faciliter leur accès aux coopératives.
Une droite inféodée au lobby immobilier a donc
voté une loi scandaleuse qui écrase celle (la loi PAV) votée par
près de 65% de la population genevoise en 2018. Le texte de la
droite livre à la goinfrerie des spéculateurs des terrains qui
appartiennent aujourd'hui à la collectivité. La Fondation (publique) du PAV, qui
détient pour 400 millions de terrains, s'apprête à payer des
dizaines de millions de francs pour racheter des droits de
superficie à ceux qui sont d'accord de les vendre. Ces
terrains, comme la plus grande partie de ceux du PAV,
appartiennent encore à toutes les citoyennes et tous les
citoyens du canton. Il ne devrait pas être question que quelque
privilégiés se les approprient -or c'est précisément ce à quoi
conduirait la décision de la majorité parlementaire de droite et
d'extrême-droite -si précisément les citoyennes et les citoyens
ne s'y opposaient, comme doit le permettre le référendum lancé
par l'Asloca, et soutenu par les partis de gauche et les
syndicats. Les feuilles de signatures, téléchargeables ici sur https://sit-syndicat.ch/spip/spip.php?rubrique173
doivent être renvoyées au plus vite, avant le 25 juin
"Le premier qui ayant enclos un terrain s'avisa de dire : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargné au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eut crié à ses semblables : "gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne !" (Rousseau, Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes)
L
Commentaires
Enregistrer un commentaire