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Commémoration de la naissance de l'Internationale anti-autoritaire
Ici, il faut bien l'avouer, on n'est pas très fêtes nationales. Même aujourd'hui, 14 juillet. Ou dans un peu plus de deux semaines, le 1er août. On n'est très commémorations, non plus. Pourtant, il s'en annonce une qui nous tient à coeur et à tête, dès mercredi prochain et jusqu'au dimanche 23 juillet : la commémoration à Saint-Imier, avec un an d'un retard dû au covid, du congrès de fondation de l'Internationale anti-autoritaire. Autrement dit, de la naissance du mouvement anarchiste moderne. Ces cinq jours* seront comme notre 14 juillet et notre 1er août. Saint-Imier va accueillir peut-être, venant du monde entier, plus de participants durant ces cinq jours que la commune ne compte d'habitants (un peu plus de 5000). On espère pouvoir en être, de ce qui est quelque chose comme un retour à nos sources -et à celles d'un socialisme ne se résumant pas (et même le refusant) à l'étatisme. Il y a à Saint-Imier, depuis 2017, une rue Bakounine. Elle ne mène qu'à un lotissement. Peu importe : nul n'a jamais promis que le projet anarchiste était un boulevard...
*Le programme des ateliers, des rencontres, des
        débats, des projections de films est disponible sur
        https://anarchy2023.org/
      
L'anarchie !", cette "plus haute conception de l'ordre" (Elisée Reclus)...
Quoi de plus "intersectionnel" que le mouvement anarchiste ? Par refus de tous les autoritarismes, il fut féministe, écologiste, anticapitaliste, anti-impérialiste, anticolonialiste avant toutes les autres composantes du mouvement socialiste, et avec bien plus de constance et de cohérence. Tout, d'ailleurs, est dans le nom même de l'Internationale créée à Saint-Imier il y a 150 ans et des poussières, après la rupture de la Première Internationale entre partisans de la ligne de Marx et ceux de Bakounine : l'Internationale anti-autoritaire. L'Internationale, parce que "les frontières, on s'en fout". Et "anti-autoritaire", parce que "ni Dieu, ni Maître". Ni patron, ni juge.
Alain Touraine (qui n'était pas anarchiste...)
        observait que « la grande ligne de coupure traverse désormais la gauche comme la droite, puisqu’elle
        sépare ceux qui croient aux acteurs et
        ceux qui croient aux systèmes ». Nous faisons le même constat, le « désormais » en moins : cette « grande
        ligne de coupure » est présente dès
        l’origine même du mouvement socialiste, opposant en son sein libertaires et autoritaires, démocrates et
        technocrates. Cette ligne de coupure, c'est celle que Pierre
        Clastres observait dans le choix délibéré, volontariste, de
        sociétés amérindiennes, non seulement de se passer de l'Etat,
        mais de combattre toute tentative de le faire émerger.
    
Nous croyons aux acteurs
        et aux actrices, non aux systèmes, à la société et pas à l'Etat,
        parce qu'il s'agit de changer le monde
        réel sans prendre le pouvoir, mais en
        multipliant les lieux, les espaces, les réseaux, les moyens
        permettant à chacune et chacun, à toutes
        et tous, de s’autodéterminer.
       Ce qui, depuis 1871, se résume en trois mots qui
        font slogan : Vive la Commune ! Pour à la question : qu’attend-t-on
        de la Commune ? répondre qu'on en  attend la concrétisation des principes mêmes de la démocratie, qu'on en attend
        ce qu’elle seule peut offrir sans
        appareil de contrainte et que, comme les anarchistes, les vieux socialistes résumaient en une formule : « passer du
        gouvernement des hommes à
        l’administration des choses ». Par définition, la commune est le
        service public en actes : n’étant pas fauteuse de lois, sa seule
        réalité politique est celle de la mise à disposition de
        services, de la concrétisation de droits
        fondamentaux, de la matérialisation des
        discours politiques. La commune est le service public, parce
        qu’elle n’est rien d’autre –sauf à se
        nier en tant que commune. Nous défendons
        la Commune ici, à Genève, et ailleurs, parce que de toutes les collectivités publiques, elle est celle
        qui peut, présenter une alternative non autoritaire à la mercantilisation galopante de tous les rapports
        sociaux. Nous ne sommes pas «
        municipalistes » par fétichisme historique, par nostalgie des Franchises perdues ou par amour idéologique de l’autonomie communale pour elle-même (quoique le premier
        programme socialiste élaboré à Genève en
        fit un principe politique -mais ce programme datant de 1869, on pardonnera à celles et ceux qui l’ont
        oublié, et on ne sera pas surpris qu’il
        ait été renié, sachant qu’il avait été inspiré, voire partiellement rédigé par Bakounine). 
    
Vive la Commune, donc. Ou, pourquoi pas, "vive l'anarchie !", cette "plus haute conception de l'ordre" (Elisée Reclus)...
    



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