Sri Lanka : un tribunal de cueilleuses de thé pour défendre leurs droits
Thé rouge Eté 2022 : la colère populaire face à la corruption et à la paupérisation, aggravée par la pandémie, pousse le président néo-libéral du Sri Lanka à la démission. Mais la crise a perduré, et elle frappe de plein fouet les travailleuses et les travailleurs des plantations de thé, dont les conditions de vie et de travail sont dignes des plantations coloniales britanniques. Leurs salaires déjà bas n'ont pas été adaptés à l'inflation, alors même que les quotas journaliers de récolte imposés aux cueilleurs et cueilleuses ont été augmentés. Le syndicat "Ceylon Worker's Red Flag Union" réagit en prévoyant de créer un tribunal des travailleuses et des travailleurs, pour faire connaître leur situation et constituer un rapport de forces permettant de lutter pour la défense de leurs droits. Le SOLIFONDS soutient cette initiative, soutenons-là aussi :
SOLIFONDS, Quellenstrasse 25, 8005 Zurich
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PC 80-7761-7
Comme au temps des colonies...
Il y a un an et demi,. le Sri Lanka s'est déclaré
insolvable. Le gouvernement ne soutient plus l'importation de
biens de première nécessité, comme le gaz de cuisson et les
médicaments, les hôpitaux ont réduit les opérations faite
d'équipements et de médicaments. Le régime de la famille
Rajapaksa avait émis à tour de bras des emprunts d'Etat que
l'Etat ne pouvait plus rembourser, et les crédits que ces
emprunts avaient permis ont souvent abouti dans les poches de la
caste (et de la famille) au pouvoir. La crise économique et
sociale avait jeté des centaines de milliers de personnes dans
la rue et contraint le Premier ministre Rajapaksa et le
président Rajapaksa à la démission, le président nommant
lui-même son successeur, Ranil Wickremesinghe, partisan de la
même politique néo-libérale que lui. Le Sri Lanka a négocié avec
le FMI, non un allègement de la datte mais de nouveaux crédits,
accordée pour moitié par des groupes financiers privés comme
BlackRock. Le FMI a exigé et obtenu que l'Etat augmente les
impôts et privatise les entreprises nationales. Le législation
sur le travail a été assouplis, le gouvernement a décidé de
puiser dans les fonds de pension publics. Toutes ces mesures ont
encore aggravé la crise, et provoqué deux grèves générales, le
15 mars et le 25 juillet.
Dans les plantations de thé règne l'exploitation
d'un demi-million de travailleuses et des travailleurs, dans
l'absence de convention collective depuis 2019, les employeurs
ayant refusé d'adapter les salaires à un coût de la vie qui a
explosé. Le gouvernement a certes décrété, à l'approche des
élections, une augmentation du salaire minimum de l'équivalent
de 90 centimes (le faisant passer de deux francs à 2 francs
90... par jour), mais les employeurs ont porté plainte contre le
gouvernement et accru les quantités à récolter chaque jour
(elles passent de seize à vingt-cinq kilos) : celles et ceux qui
n'atteignent pas ce quota, même s'il n'y manque qu'un kilo, ne
touchent que la moitié de leur salaire. Les employeurs
licencient des travailleuses et des travailleuses et les
réembauchent ensuite comme faux indépendants pour ne pas avoir à
payer les assurances sociales et à respecter le droit du
travail. Le travail des enfants, sous-alimentés, revient en
force, les femmes ont des journées de travail plus longues que
celles des hommes. ... On en revient à l'époque coloniale, avec
une population vivant dans une précarité extrême, entassée dans
des habitations datant de l'époque coloniale, travaillant dans
des plantations sans toilettes.
Les entreprises interdisent l'accès de certaines
plantations aux syndicats, à qui elles ne reversent plus la
cotisation syndicale qu'elles continuent à prélever sur les
salaires. Le syndicat "Ceylon Worker's Red Flag Union" se
propose d'instituer un tribunal des travailleuses et des
travailleurs, qui y témoigneront de leur situation, pour
accroître la pression sur les employeurs pour qu'ils signent une
convention collective de travail, et sur le gouvernement pour
qu'il incite les entreprises à le faire, ou édicte des lois pour
protéger les travailleuses et les travailleurs. Le jugement
rendu par ce tribunal des travailleuses et des travailleurs sera
diffusé dans les plantations.
Pour que ce tribunal se tienne, pour que se fasse entendre la voix des travailleuses et des travailleurs, le syndicat a besoin d'un soutien international. Le SOLIFONDS le lui apporte, il nous reste donc à, pour cela, le soutenir, lui :
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