Sri Lanka : un tribunal de cueilleuses de thé pour défendre leurs droits

Thé rouge

Eté 2022 : la colère populaire face à la corruption et à la paupérisation, aggravée par la pandémie, pousse le président néo-libéral du Sri Lanka à la démission. Mais la crise a perduré, et elle frappe de plein fouet les travailleuses et les travailleurs des plantations de thé, dont les conditions de vie et de travail sont dignes des plantations coloniales britanniques. Leurs salaires déjà bas n'ont pas été adaptés à l'inflation, alors même que les quotas journaliers de récolte imposés aux cueilleurs et cueilleuses ont été augmentés. Le syndicat "Ceylon Worker's Red Flag Union" réagit en prévoyant de créer un tribunal des travailleuses et des travailleurs, pour faire connaître leur situation et constituer un rapport de forces permettant de lutter pour la défense de leurs droits. Le SOLIFONDS soutient cette initiative, soutenons-là aussi :
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Comme au temps des colonies...

Il y a un an et demi,. le Sri Lanka s'est déclaré insolvable. Le gouvernement ne soutient plus l'importation de biens de première nécessité, comme le gaz de cuisson et les médicaments, les hôpitaux ont réduit les opérations faite d'équipements et de médicaments. Le régime de la famille Rajapaksa avait émis à tour de bras des emprunts d'Etat que l'Etat ne pouvait plus rembourser, et les crédits que ces emprunts avaient permis ont souvent abouti dans les poches de la caste (et de la famille) au pouvoir. La crise économique et sociale avait jeté des centaines de milliers de personnes dans la rue et contraint le Premier ministre Rajapaksa et le président Rajapaksa à la démission, le président nommant lui-même son successeur, Ranil Wickremesinghe, partisan de la même politique néo-libérale que lui. Le Sri Lanka a négocié avec le FMI, non un allègement de la datte mais de nouveaux crédits, accordée pour moitié par des groupes financiers privés comme BlackRock. Le FMI a exigé et obtenu que l'Etat augmente les impôts et privatise les entreprises nationales. Le législation sur le travail a été assouplis, le gouvernement a décidé de puiser dans les fonds de pension publics. Toutes ces mesures ont encore aggravé la crise, et provoqué deux grèves générales, le 15 mars et le 25 juillet.

Dans les plantations de thé  règne l'exploitation d'un demi-million de travailleuses et des travailleurs, dans l'absence de convention collective depuis 2019, les employeurs ayant refusé d'adapter les salaires à un coût de la vie qui a explosé. Le gouvernement a certes décrété, à l'approche des élections, une augmentation du salaire minimum de l'équivalent de 90 centimes (le faisant passer de deux francs à 2 francs 90... par jour), mais les employeurs ont porté plainte contre le gouvernement et accru les quantités à récolter chaque jour (elles passent de seize à vingt-cinq kilos) : celles et ceux qui n'atteignent pas ce quota, même s'il n'y manque qu'un kilo, ne touchent que la moitié de leur salaire. Les employeurs licencient des travailleuses et des travailleuses et les réembauchent ensuite comme faux indépendants pour ne pas avoir à payer les assurances sociales et à respecter le droit du travail. Le travail des enfants, sous-alimentés, revient en force, les femmes ont des journées de travail plus longues que celles des hommes. ... On en revient à l'époque coloniale, avec une population  vivant dans une précarité extrême, entassée dans des habitations datant de l'époque coloniale, travaillant dans des plantations sans toilettes.

Les entreprises interdisent l'accès de certaines plantations aux syndicats, à qui elles ne reversent plus la cotisation  syndicale qu'elles continuent à prélever sur les salaires. Le syndicat "Ceylon Worker's Red Flag Union" se propose d'instituer un tribunal des travailleuses et des travailleurs, qui y témoigneront de leur situation, pour accroître la pression sur les employeurs pour qu'ils signent une convention collective de travail, et sur le gouvernement pour qu'il incite les entreprises à le faire, ou édicte des lois pour protéger les travailleuses et les travailleurs. Le jugement rendu par ce tribunal des travailleuses et des travailleurs sera diffusé dans les plantations.

Pour que ce tribunal se tienne, pour que se fasse entendre la voix des travailleuses et des travailleurs, le syndicat a besoin d'un soutien international. Le SOLIFONDS le lui apporte, il nous reste donc à, pour cela, le soutenir, lui :

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