Fonds de tiroir

 La Ville de Vernier, comme d'autres villes genevoises, dont Genève, a déclaré l'«urgence climatique». C'est bien. Et le Conseil municipal de la Ville de Vernier qui a déclaré l' «urgence climatique» devrait se rendre, pour son excursion annuelle d'un week-end, au Portugal, pays d'origine de sa présidente (centriste). C'est une tradition, et c'est bien aussi. Sauf que pour se rendre au Portugal, les Conseillers municipaux de Vernier vont prendre l'avion. Ce qui est moins bien. Surtout pour les élus d' une commune dont les habitants se plaignent des nuisances de l'aéroport et dont les autorités ont recouru contre la modification de ses horaires (le Conseil administratif a d'ailleurs désapprouvé l'excursion aéroportée). On a vérifié : en bus (c'est pas terrible environnementalement, mais en train c'est galère et deux fois plus long, et le bus, c'est moins polluant que l'avion, même si ça l'est plus que le train), Genève-Lisbonne ça prend huit heures et ça coûte, en Flexibus, 160 balles par personne... c'est un peu moins que le prix d'un billet avion Easyjet ou TAP, au cas où... Bon, on n'est pas Conseil-ler municipal à Vernier mais à Genève, et notre excursion annuelle c'était à Fribourg vu que notre président, il est fribourgeois, alors on n'a pas trop fauté, même si on aurait pu y aller en train plutôt qu'en car, à Fribourg... Mais quand même, quand on décrète l'urgence climatique, on évite l'avion quand on peut se déplacer autrement, non ?

A Bienne, l'UDC a lancé et fait aboutir un référendum (le vote est agendé dimanche) contre un crédit de 16 millions de francs sur quatre ans (quatre millions par année de 2024 à 2027) destiné à permettre au Théâtre orchestre Bienne-Soleure (TOBS), qui emploie 250 personnes, dont la moitié sous contrats fixes, de fonctionner, et de rémunérer son personnel. Le TOBS a accueilli plus de 70'000 spectateurs et spectatrices en 2022, ses subventions, versées par la Ville, le canton et les communes de la région Bienne-Seeland-Jura bernois, n'ont pas été augmentées depuis quatre ans, les salaires n'ont pu être adaptées au coût de la vie depuis douze ans. Tous les partis représentés au Conseil municipal, sauf l'UDC, soutiennent ce crédit, mais rien ne dit qu'en période d'inflation une population confron-tée à la vie chère ne refuse pas qu'on renforce le soutien à la culture: «comme tout le monde doit faire des économies, la culture aussi», proclame l'UDC. Qui ajoute que l'assainisse-ment des finances est une priorité, pas la culture. D'ailleurs, le référendum de l'UDC ne vise pas seulement le soutien au Théâtre Orchestre, mais aussi le soutien (pour deux millions) à la Bibliothèque municipale (dont le personnel n'a pas vu ses salaires adaptés depuis quinze ans...). Et ne croyez pas que ce discours, on ne l'entende qu'à Bienne: on l'entend aussi à Genève. Ne croyez pas non plus qu'il n'y ait que l'UDC qui s'attaque à la politique culturelle (on n'attend rien d'autre d'elle): le discours comptable qu'elle tient contre les dépenses culturelles, qui coûtent trop cher, qui ne profitent qu'à des privilégiés, qui favorisent les grosses institutions, qui permet-tent de surpayer des musiciens, des acteurs, des metteurs en scène, on commence à l'entendre aussi à gauche... Ben ouais, c'est  conta-gieux, ça s'attrappe, le poujadisme...

Chaque mois, le Golf Club de Genève utilise 5500m3 d'eau (ça fait quand même cinq millions et demi de litres...) pour arroser ses quarante-six hectares de gazon. Cela équivaut à la consommation mensuelle de 1300 personnes. Alors, franchement, on n'a pas envie de plaindre les golfs (genevois ou vaudois) dont la terre a été retournée par des activistes, pour y planter des patates, et qui geignent sur l'«écoterrorisme». D'ailleurs, on voit pas pourquoi on pourrait pas jouer au golf dans un champ de patate.



Commentaires

Articles les plus consultés