Droite de la droite genevoise : qui se ressemble, s'assemble...

 

Tous masques ôtés

Un "appel des forces progressistes et démocratiques de Genève à voter pour Lisa Mazzone et Carlo Sommaruga a été lancé, signé par des militantes et des militants, des élues et des élus, anciens ou en fonction,  et des personnalités comme Ruth Dreifuss et Jean Ziegler, qui veulent "que Genève reste un canton progressiste aux dimensions internationales", exigent des "solutions fortes et immédiates pour répondre à l'urgence climatique", s'engagent pour "plus de justice sociale et pour l'égalité", pour une 13e rente AVS, un contrôle des loyers, le salaire minimum, pour que "la Suisse traite dignement toutes celles et ceux qui en ont besoin, quelle que soit leur origine, veulent une "Suisse ouverte et solidaire" et proclament que "la xénophobie n'a rien à faire dans notre parlement fédéral". Ce que cela dit de ce que signifie, politiquement et éthiquement, la liste de la gauche pour le Conseil des Etats, cela le dit aussi,  en creux, a contrario, de ce que signifie la liste de la droite. Car les deux candidats de la droite et de la droite de la droite s'assemblent parce qu'ils se ressemblent. Il n'y en pas un qui serait plus fréquentable que l'autre ou l'une qui le serait moins que son colistier. Il y a une logique dans la confrontation des deux alliances, celle de gauche et celle de droite : la logique de choix politiques communs à gauche pour répondre aux deux urgences climatique et sociale, et du mécanisme de désignation d'un bouc émissaire à droite, l'immigrant et l'immigrante pour l'UDC, le frontalier et la frontalière pour le MCG. Le pouvoir d'achat, le bétonnage des campagnes, c'est bon pour la propagande électorale (tant celle de l'UDC qu'à Genève celle du MCG ou au Tessin celle de la Lega) -une fois les élections gagnées, on revient dans les clous de la droite de la droite, qui, désormais, tous masques ôtés, assume ouvertement sa xénophobie comme on assume une maladie, non pour s'en soigner, mais pour la répandre.

"La xénophobie n'a rien à faire dans notre parlement fédéral"

Dimanche, quelque soit votre vote, ou même votre abstention, vous aurez choisi qui représentera Genève à Berne. Quelle personne, et quel camp politique. Et si vous votez blanc ou nul, et si vous vous abstenez, vous aurez tout de même choisi : de laisser d'autres que vous choisir à votre place.

Le Collectif genevois de la Grève féministe appelle à "faire barrage aux deux candidats populistes et d’extrême droite qui voudraient représenter Genève au Conseil des Etats à Berne", et à leur faire barrage en votant et en appelant à voter pour Lisa Mazzone et Carlo Sommaruga. "Nous devons nous opposer, par le vote, aux deux candidat·es qui incarnent tout ce contre quoi nous luttons!". Le Collectif rappelle que  Mauro Poggia, lorsqu'il dirigeait le département de la santé à Genève, s’est opposé aux augmentations des salaires du personnel infirmier et à une prime COVID pour celles et ceux qui étaient en première ligne, "proposant de leur offrir une médaille à la place, alors même qu’il a défendu les obscènes hausses de salaire du directeur des HUG". Il a aussi  défendu les milieux immobiliers dont un marchand de sommeil. Quant à Céline Amaudruz, elle est certes "une femme mais elle a surtout les valeurs de son parti l’UDC. Un parti qui défend un programme d’extrême droite, sexiste, xénophobe, raciste, antisocial et inégalitaire, climatosceptique et anti écologique " qui a tenté de s'opposer au droit à l'avortement "par voie d’initiatives populaires ratées" et qui a défendu le report d'un an de l'âge de la retraite des femmes. 

La liste serait plus longue encore que celle que donne le Collectif, des contradictions irrésolvables entre les positions et les votes de l'alliance de droite : sur la politique des transports, la sécurité sociale, le coût de la vie, le travail et les salaires, les droits des locataires, les relations avec l'Europe, il n'y a pas de consensus à attendre entre tel candidat de la droite et telle ou tel candidat de la gauche, il n'y a qu'un choix à faire entre les deux alliances. "Toute la question est de savoir quel camp on choisit et quelle méthode on adopte. Et plus on a conscience de ses propres partis pris politiques, plus on a de chances d'agir politiquement sans rien renier de sa personnalité esthétique ou intellectuelle" (George Orwell)

"la xénophobie n'a rien à faire dans notre parlement fédéral", proclame l'"appel des forces progressistes et démocratiques de Genève" à voter pour Lisa Mazzone et Carlo Sommaruga. Xénophobe, l'UDC l'est désormais ouvertement, par la voix notamment de son élu jurassien Thomas Stettler, qui y reconnaît une maladie, mais pour la revendiquer. On n'avait d'ailleurs pas besoin de ce diagnostic pour savoir de quel bois (indigène)  l'UDC se chauffe : elle est l'héritière des Schwarzenbach et des Oehen des années soixante et septante, elle a intégré les reliefs du Parti des Automobilistes, de l'Action Nationale, des Démocrates Suisses, elle fraie avec les identitaires et les complotistes... et c'est avec elle que fraient, quelque gêne qu'ils en aient, bandeau sur les yeux, pinces sur le nez, bouchons dans les oreilles, la droite traditionnelle et le MCG...



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