Fonds de tiroir

 On l'a appris en juillet dernier, grâce à Mediapart et au consortium euro-péen d'investigation EIC: les Emirats Arabes Unis ont engagé une entreprise genevoise, Alp Services, et l'ont payée 5,7 millions, pour espionner des per-sonnes qu'ils considèrent comme des ennemis au moins potentiels, proches du Qatar ou des Frères Musulmans. Alp Services a fait le job : fichage (noms, numéros de téléphone, adresses, photos) de personnes et d'organisa-tions, tentatives d'influences et cam-pagnes de dénigrement. On trouve dans les individus fichés des person-nages qu'il n'était pas franchement utile de ficher puisqu'ils sont déjà dans les fichiers de tous les media du pays (Tariq Ramadan, Nicolas Blanchot), mais aussi des élus suisses (le Vert morgien Pascal Gemperli, l'ex-socia-liste français Benoît Hamon). Pour la désinformation, Alp Services a pro-duit des articles et des contributions à des blogs, des «fake news», des infor-mations biaisées envoyées à des journalistes, a modifié des pages wiki-pedia, infuencé des résultats de recherche sur Google pour lier des personnes ou des organisations au Qatar, aux Frères Musulmans, au terrorisme ou «tout cela à la fois», selon la radiotélé suisse RTS. Alp Services s'est pour cela servie de jour-nalistes (suisses et européens) pour donner plus de poids, sinon plus de véracité, à ses campagnes. Reste à savoir si ces journalistes se sont prêtés au jeu en toute conscience, ou s'ils se sont fait manipuler. Vous nous direz que le résultat est le même et vous aurez raison, mais pouvoir faire la différence entre l'idiot utile des Emirats et le militant anti-islamiste sincère, ça serait quand même utile...

Plus de 30'000 personnes ont signé en une dizaine de jours, en juillet dernier, une pétition demandant à la Ville de Genève de ne pas autoriser des calèches tirées par des chevaux à circuler dans les rues du centre-ville, en passant par la vieille ville, comme la Ville en a donné l'autorisation à la société Attelages du Léman. C'est beaucoup, 30'000 signatures : une contre-pétition demandant à la Ville de maintenir l'autorisation des calèches, a recueilli dix fois moins de signatures. Mais pourquoi diable les pétitionnaires opposés aux calèches y sont-ils opposés, alors que ce mode de transport est légal, sous réserve d'une autorisation du Service vétérinaire? parce que les calèches sont tirées par des chevaux à qui on va infliger des conditions inacceptables : stress, canicule l'été, gaz d'échappement tout le temps, charge, coups de fouet, manque d'eau... De mauvais esprits rétorqueraient que, si on excepte les coups de fouet, ces conditions sont celles dans lesquelles les piétons doivent souvent se déplacer entre les bagnoles, les vélos, les scooters, les motos, les trottinettes, les bus, les trams, les camionnettes et les camions, mais on n'a pas mauvais esprit, alors on dit rien. Sauf qu'à défaut de calèches tirées par des chevaux, on n'a qu'à autoriser des chaises à porteur portées par des humains. Après tout, on autorise bien les vélotaxis, hein.. 

Selon un sondage mené par l'Université de Fribourg, succédant à une enquête de 2019, en Suisse 32'000 enfants seraient encore frappés avec des objets comme des ceintures, 160'000 seraient gifflés, 300'000 fessés et 48'000 soumis à des douches froides. Du coup, on se demande si ce sont bien les gamins qui méritraient coups de ceintures, baffes, fessées et douches froides, et pas plutôt les parents...

La commission indépendante mise en place en Espagne pour évaluer l'amp-leur de la pédocriminaité dans l'église catholique a rendu un rapport selon lequel plus de 230'000 mineurs ont été agressés sexuellement par des re-ligieux depuis 1970. C'est beaucoup plus qu'en Suisse, mais bon, faut dire que l'Espagne est cinq fois plus peuplée. Et beaucoup plus catho...


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