Opération budgétaire punitive de la droite cantonale contre l'AVIVO

 

Stupidité politicienne

Opération punitive de la droite cantonale genevoise contre les associations proches de la gauche, qui avaient appelé à soutenir, lors des élections fédérales (en particulier celle du Conseil des Etats) les candidates et candidats de gauche. Principales victimes (désignées) de cette basse vengeance : l'AVIVO, association de défense des retraités, et le Rassemblement en faveur d'une politique sociale du logement, que la majorité de droite de la commission des finances propose de priver de subvention cantonale (elle a aussi tenté, sans y parvenir, de supprimer les subventions à Camarada et Elisa). Propose, parce que c'est la séance plénière du Grand Conseil qui en décidera au final, jeudi. L'AVIVO avait publié un tableau faisant état des votes et prises de position de chaque candidate et candidate au Conseil des Etats sur les enjeux liés aux retraites. De ce tableau, il était ressorti que Carlo Sommaruga et Lisa Mazzone étaient les plus proches des positions et demandes de l'AVIVO, ce qui, logiquement, la conduisait à les soutenir. Le caractère punitif de la proposition de supprimer la (modeste : 49'000 francs) subvention que le canton verse à l'AVIVO et au Rassemblement  (50'000 francs) est pleinement assumé par le Ravi UDC de service: «prendre position politiquement est incompatible avec le fait de recevoir des subventions». Surtout prendre position politiquement à gauche quand la majorité du Grand Conseil est de droite (on s'autorisera à douter fortement que la droite coalisés se soit livré à cette opération si ces associations avaient appelé à voter pour elle). Le Grand Conseil va débattre du budget cantonal à partir de demain. Il va l'amender, l'accepter ou le refuser. La semaine dernière, le Conseil municipal de la Ville en a fait autant. Il ne s'est pas livré à l'exercice stupidement politicien consistant à punir des associations pour leurs choix politiques, sans avoir rien d'autre à leur reprocher, et sans tenir compte du rôle social qu'elles jouent. La Ville va continuer à soutenir des centaines d'associations, de fondations, de collectifs, de clubs sportifs, pour le travail qu'elles et ils accomplissent. Le Conseil municipal aurait-il dû sanctionner celles et ceux qui auraient pris des positions contraires à celles de sa majorité politique municipale ? Il n'avait pas à le faire. Le Grand Conseil n'a pas non plus à le faire.

Qu'est-ce qui serait si "politique" que cela en deviendrait répréhensible ?

Le caractère stupidement  vindicatif de la proposition de supprimer une subvention accordée à l'AVIVO (et une autre accordée au Rassemblement pour une politique sociale du logement) est d'autant plus évident que cette subvention n'est pas nouvelle, pas plus que l'engagement politique des ces associations. D'ailleurs, qu'est-ce qui serait si "politique" que cela en deviendrait répréhensible ? l'intervention de l'AVIVO pour que les rentes AVS soient versées dans des délais supportables ? La demande d'une prime de mille francs aux retraités les plus démunis ? son engagement d'association de défense des retraités contre le report de l'âge de la retraite et la baisse du taux de conversion du capital de la prévoyance professionnelle ? son engagement pour une treizième rente AVS ? Tout cela, il est vrai, est politique... mais tout cela, il est tout aussi vrai, est dans le rôle même d'une association comme l'AVIVO -et ce rôle, elle l'assumait déjà quand la subvention qu'elle recevait n'était pas contestée. Pourquoi l'est-elle aujourd'hui ? parce qu'elle a publié un récapitulatif des votes des élus genevois à Berne, dont on pouvait tirer aisément l'enseignement qu'entre les discours de campagne électorale de la droite et les votes réels de ses élus à Berne, la contradiction (pour le moins) relevait de l'exploration spéléologique des gouffres creusés par l'UDMCG, le "Centre" droitisé et le PLR déboussolé...

On ne voit pas d'autre explication à la suppression proposée par la droite du Grand Conseil de la subvention cantonale à l'AVIVO que celle de la vengeance politique: la gestion financière de l'association est irréprochable, ses comptes sont publics, transparents, les services qu'elle offre à ses membres sont d'utilité publique et la subvention cantonale que reçoit l'AVIVO , finance son service social, dont les prestations bénéficient à 1400 personnes. Jeudi 14 décembre à 13h30 devant l'Hôtel de Ville, quelques jours après que le Conseil municipal de la Ville ait maintenu la subvention communale à l'AVIVO comme toutes celles que la Ville verse, et qui ont même été indexées de 2 %, on aura l'occasion de dire ce qu'on pense de la vendetta budgétaire de la droite cantonale... et de lui poser cette question innocente : si «prendre position politiquement est incompatible avec le fait de recevoir des subventions", qu'est-ce que la droite va faire des subventions que le canton verse à ses partis politiques représentés au Grand Conseil (et qui, par définition, prennent position politiquement)? les refuser ? les rembourser ?

Commentaires

  1. Vous parlez de "rôle social" des subventions. Vous oubliez de dire qu'elles sont aussi et pour beaucoup surtout un outil électoraliste utilisé aussi bien par la droite que par la gauche.

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