13e rente AVS : une adoption possible, mais va falloir se battre !
Le 3 mars, la Suisse votera sur l’introduction d’une 13ème rente AVS (et accessoirement sur une proposition du PLR de fixer l'âge de la retraite en fonction de l'espérance de vie, premier pas sans doute vers un âge de la retraite fixé à l'âge du décès). L'initiative syndicale pour une 13e rente recueille, selon les derniers sondages, une grande majorité de soutien au sein de l'électorat. Toute la gauche la soutient, avec les syndicats, et si les directions nationales de l'UDC, du PLR et du "Centre" la rejettent, elle est soutenue par une part importante de l'électorat de droite, la section genevoise de l'UDC ayant même pris position en sa faveur -non sans doute par conviction, mais parce qu'elle sait précisément que son électorat la soutient. On peut donc espérer la voir adoptée par le peuple, mais il faudra qu'il l'accepte dans une majorité de cantons, cette double majorité du peuple et des cantons étant requise. Espérer une victoire ne suffit donc pas : il va falloir se battre pour l'obtenir !
Une 13e rente AVS est possible, et surtout nécessaire
Le peuple suisse votera sur une initiative
        syndicale pour une treizième rente AVS qui profiterait
        principalement aux petits et moyens revenus -et donc aux plus
        basse rentes, et aux femmes puisqu'elles sont sur-représentées
        dans les basses classes de rémunération, qu'une sur trois ne
        touche aucune rente de 2e pilier (lequel, contrairement à l'AVS,
        ne tient aucun compte du travail éducatif et d'assistance
        gratuit que les femmes effectuent),  et que quand elles en
        touchent une, elle est deux fois plus basse que celle des hommes
        (respectivement 1160 francs et 2144 francs en moyenne en 2019).
        Si l'initiative était acceptée (il lui faudra la double majorité
        du peuple et des cantons), la rente AVS annuelle serait
        augmentée de 8 % annuellement, soit 188 francs par mois pour la
        rente médiane de 2256 francs. 
      
Combien cela coûtera-t-il ? environ 5 milliards, selon le Conseil fédéral. C'est beaucoup ? Pas vraiment : la Confédération dégage des bonis de plusieurs milliards chaque année, une augmentation d'un tiers de point des cotisations AVS-AI, ou une petite augmentation de la TVA, affectée au financement de l'AVS-AI, couvrirait ce coût supplémentaire -qui se traduirait en outre par un surplus de consommation des retraités, ce qui produirait des rentrées fiscales supplémentaires. Et surtout, avec près de 50 milliards de francs, les réserves de l'AVS sont aujourd’hui plus importantes que jamais. Les coûts de la 13e rente AVS sont donc déjà couverts en grande partie.
Bref, une 13e rente AVS est possible. Elle est
        surtout nécessaire : Loyers, primes
        d’assurance-maladie, tarifs électricité et prix de la nourriture
        et des transports sont à la hausse, les rentes des caisses de
        pension sont à la baisse (mais pas les cotisations). Le coût
        croissant de la vie grignote l’équivalent d’un mois de rente -ce
        mois, précisément, que l'initiative veut accorder aux
        retraités.  Parce que la hausse du coût de la vie touche
        durement les plus modestes d'entre eux, qu'elle touche
        particulièrement les femmes -dont on vient de repousser d'une
        année l'âge leur donnant droit à une retraite, et que les rentes
        AVS sont trop basses pour garantir à la majorité des rentiers un
        revenu suffisant pour vivre -d'où le recours de plus en plus
        massif aux prestations complémentaires. 
      
L'AVS est la seule rente versée à tout le monde
        ayant atteint l'âge y donnant droit. La 13e rente sera donc,
        elle aussi, versée à tous les retraités. Même les plus riches
        qui n'en auraient pas besoin ? Même. Mais l'AVS est en elle-même
        un système redistributif : les rentes sont plafonnées, pas les
        cotisations, de sorte qu'en ayant cotisé proportionnellement à
        leurs ressources sans recevoir de rentes proportionnelles à
        leurs cotisations, les plus riches paient pour les plus
        pauvres... En outre, seule l’AVS reconnaît le travail non
        rémunéré effectué essentiellement par des femmes. Renforcer ce
        pilier du système de retraite, c'est donc renforcer la
        solidarité sociale, puisque ce pilier est le seul qui soit
        lui-même solidaire. En outre, les coûts du système AVS sont bas
        et stables, toutes les recettes encaissées sont
        directement utilisées pour verser les rentes, sans que des
        banques, des actionnaires ou des intermédiaires se sucrent au
        passage. 
      
Les gens vivent plus longtemps ? Faisons en sorte que cette plus longue vie soit aussi une bonne vie. Et qu'ils et elles en aient les moyens. 2256 francs par mois après une vie de travail, ce n'est tout de même pas trop exiger d'un pays aussi riche que la Suisse...



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