Vorwärts, Waldtstätten !

 

13e rentes AVS : attention à l'exigence de double majorité

Selon un sondage de la RTS rendu public le 26 janvier,  61% de la population suisse serait favorable à une  13^e rente AVS. Mais il reste beaucoup de personnes indécises dans les régions de campagne et en-dehors des grandes villes. Or on vote sur une initiative, et pour qu'elle soit acceptée, il lui faut non seulement une majorité de votants, mais une majorité de cantons (autrement dit : une majorité de votants dans au moins 13 cantons). Et là, les petits cantons ruraux ou de montagne pèsent aussi lourd que les grands cantons et les cantons urbains : une majorité de "non" à Uri annule une majorité de "oui" à Zurich... et les opposants à l'initiative syndicale (la droite politique, UDC comprise, évidemment, et le patronat)  le savent bien, et comptent bien (sans compter sur les dépenses de campagne) sur cette l'exigence de double majorité du peuple et des cantons pour empêcher l'adoption de l'initiative syndicale même si une majorité du peuple (électorat UDC compris) la soutenait. Camarades des Waldsättten, Vorwärts !

Quand les cotisations des riches paient la 13e rente des pauvres

Les opposant-es à la 13e rente AVS se trouvent subitement soucieux de justice sociale et affirment que trop de riches profiteraient d'une mesure destinée à soulager les retraités et les retraitées les plus modestes; une mesure déterminée par le fonctionnement solidaire de l'AVS, avec ses cotisations non plafonnées et ses rentes plafonnées, qui fait que les plus riches paient les rentes des moins riches et que 92 % des rentier touchent plus que ce qu’ils ont cotisé au cours de leur vie. A l'inverse, Le patron d’UBS, Sergio Ernotti, verse chaque année environ un million de francs à l’AVS. Mais comme sa rente est plafonnée, il ne récupérera que trente fois moins  sous forme de rente.  La 13ème rente AVS permettra donc de compenser la perte de pouvoir d’achat de toute la population : en 2022 14 % des plus de 65 ans ne disposent que d'un revenu inférieur au seuil de pauvreté (2279 par mois par personne)...

C'est quoi, cette 13ème rente ? "une petite bouffée d'air pour les retraités", résume le bimensuel genevois de solidaritéS. Une petite bouffée d'air pour les retraités les plus modestes -pas pour ceux qui éditorialisent et polémiquent sur le fait qu'une petite, toute petite partie des retraités et retraitées qui le toucheraient, ce 13e mois, n'en ont pas besoin (pas plus qu'ils n'auraient besoin de la rente AVS qu'ils touchent pourtant, puisque l'AVS est universelle). Ce qui n'enlève rien à l'urgence de l'accorder aux autres, celles et ceux qui prennent de plein fouet la hausse des loyers, des primes de caisse-maladie, des tarif de l'énergie et des prix à la consommation, y compris ceux de l'alimentation de base. Celles et ceux qui n'ont souvent pas de rente du "2e pilier", ou n'en ont qu'un ridicule. Celles et ceux qui doivent faire appel aux prestations complémentaires pour ne pas sombrer. Celles et ceux pour qui une 13e rente AVS ne serait pas un cadeau, mais une compensation de la hausse du coût de la vie. Les voir et les entendre sur https://www.facebook.com/watch/?v=1053976385876407

L'initiative est constitutionnelle, le  financement de la mesure sera l'oeuvre de la loi d'application de la norme constitutionnelle, loi qui devra être adoptée pare les Chambres fédérales (dont on rappellera à la droite qu'elle y est largement majoritaire...).. Comment ce 13e mois de rente sera-t-il financé ? Comme à chaque proposition de renforcement de la solidarité sociale, la droite et le patronat hurlent : ça coûtera trop cher, la Suisse n'en a pas les moyens. Trop cher, vraiment ? La Suisse qui a les moyens d'offrir Crédit Suisse à UBS ne les a pas de garantir une 13e rente vieillesse aux retraités ? En réalité, le financement d'une 13e rente AVS ne pose pas problème : il peut se faire par une ponction sur la fortune de l'AVS (L'AVS détient 50 milliards de réserves, les prévisions pour 2024 lui accordent un bénéfice de trois milliards et selon le Conseil fédéral ses réserves pourraient atteindre 67 milliards en 2050), ou par une modeste hausse des cotisations (0,4 % pour les salariés, 0,4 % pour les employeurs). Et quand la masse salariale augmente par l'arrivée des femmes et des étrangers sur le "marché du travail", la masse des cotisations perçues augmente aussi : en trente ans (1990-2020) le nombre de cotisants à l'AVS a augmenté de 25 %, passant de quatre à cinq millions. Et meilleurs sont leurs salaires, meilleur sera le financement de l'AVS : le salaire minimum légal n'est pas seulement bon pour les salariés et salariées, il l'est tout autant pour les retraités et les retraitées...

On rappellera, sans se lasser, que les cotisations ne financent pas les rentes de celles et ceux qui cotisent, mais les rentes de celles et ceux qui sont à la retraite et que, proportionnelles au revenu du travail, elles ne sont pas plafonnées, contrairement aux rentes. Ce sont donc les plus riches qui paieront la 13e rente des autres... Et Blocher qui payait la rente AVS du travailleur immigré à la retraite.

L'UDC  suisse a décidé, à une majorité massive de son assemblée des délégués, d'appeler au refus de la 13e rente. Les slogans contre la "vie chère", c'était bon pour la campagne des élections fédérales, à archiver les élections passées. Et le retour aux fondamentaux effectué : y'a trop d'étrangers qui touchent l'AVS. Même qu'il y en a beaucoup qui la touchent en étant revenus chez eux, à l'étranger, dans leurs pays de métèques (où se sont établis de vieux Suisses qui eux aussi la toucheraient, la 13e rente...). Des étrangers touchant à l'étranger une 13e rente AVS après avoir travaillé et cotisé en Suisse, certes, et souvent pendant des dizaines d'années, l'UDC y voit un scandale.  A l'entendre, ce qu'il faudrait, c'est en revenir au statut de saisonnier : pas de droits, que des obligations. Un rêve de xénophobe de souche. Qui n'a pas besoin d'une 13e rente vieillesse pour vivre dans son pâturage.