Brèves de comptoir

 Dans une semaine à Zurich les Femmes socialistes désigneront leur nouvelle présidente. Elles auront le choix entre deux candidates, toutes deux romandes, la Valaisanne Mathilde Mottet, assez radicale, et la Vaudoise Laurie Willkomen, plus modérée. Mathilde Mottet, ancienne vice-secrétaire générale de la Jeunesse socialiste, avait posté sur Instagram un doigt d'honneur au drapeau suisse, le 1er août, avec le slogan «A bas les frontières» et, forcément,  ça avait enflammé la toile: commen-taires, messages privés, insultes, et une menace de mort en septembre (elle a porté plainte, la police lui a dit en substance «on vous téléphonera»...). Elle dénonce le capitalisme et le patriarcat, a initié des cafés féministes, a fondé  l'asso-ciation valaisanne contre le harcèlement et a mis sur pied un organe de lutte contre les violences sexistes et sexuelles au sein de la JS. On voudrait pas exprimer trop clairement un soutien à sa candi-dature, mais moins clairement, un peut sans se faire renvoyer un sonore «occupe-toi de tes oignons, boomer»?

On est navrés, mais on a une mauvaise nouvelle à vous annoncer: Philippe Morel, touriste politique, ci-devant député MCG au Grand Con-seil et candidat répétitif au Conseil d'Etat sous diverses étiquettes (peut importe l'étiquette du mousseux pourvu qu'il permette de se faire mousser) ne sera plus député au Grand Conseil. Parce qu'il s'est fait désigner par son parti (le MCG, actuellement) pour le représenter au Conseil d'admi-nistration des Hôpitaux Universi-taires de Genève (HUG), et qu'on ne peut pas être à la fois député et membre du Conseil d'administration d'une entreprise ou régie publique. Choisir entre ses deux mandats «fut une décision difficile à prendre», confie Morel. Plus que celle de changer de parti ? Un seul être politique ne vous manque pas, et rien n'est dépeuplé.

A Genève, la «Tribune» s'étonnait : aucun.e candidat.e n'a dépensé plus de 50'000 francs pour sa campagne, alors qu'à Zurich un candidat a dépensé 365'000 balles, et dans le canton de Vaud Pascal Broulis 137'000 balles et Alfred van Overbeck 204'000 balles. Sont fauchés, les candidats et candi-dats duboudulac? Bon, tout dépend, en réalité, des partis et le canton a une loi qui oblige déjà à la transparence les partis et les groupes présentant des candidatures. L'affichage électoral sur les panneaux publics étant gratuit, les partis, désormais, ornent leurs affiches des portraits individuels de leurs candidates et candidats, de telle ma-nière que chacun.e ait la sienne, affi-chée à un ou plusieurs exemplaires mais autant que les autres, ni plus, ni moins. Pas d'achat massif d'espaces d'affichage pour une campagne per-sonnelle, donc. Car ce sont les partis eux-mêmes qui financent les cam-pagnes personnelles de leurs candi-dat.e.s, pour mieux les encadrer et faire en sorte qu'elles soient équi-tables. Or les partis genevois  mettent bien plus que 50'000 francs dans leurs cam-agnes, jusqu'à 450'000 francs pour le PLR, 331'000 pour l'UDC. Eh ouais, la démocratie, ça a un prix. Toute la question est de savoir qui le paie... le faire payer par les partis et l'Etat, ça évite au moins de laisser les candidates et les candidats les plus friqués écraser leurs colistier.e.s Parce qu'un siège dans un parlement, ça doit pas ou devrait pas être une marchandise de luxe. 

En 2021, la justice française avait collé à UBS une amende, des dommages-intérêts à payer et une confiscation pour un total de 1,8 milliard d'euros, pour blanchiment, fraude fiscale et démarchange illégal. UBS aurait les moyens de payer, mais elle a quand même fait recours. Et la Cour de cassation, aporès avoir confirmé la culpabilité de la banque, a décidé que les montants à payer devront être revus à la baisse et ordonné un  nou-veau procès. Bonne année, UBS... et bonne digestion du Crédit Suisse.

En 2022, les Hôpitaux universitaires de Genève (HUG) figuraient au 32ème rang  (sur 2300 hôpitaux de 28 pays) du classement mondial des hôpitaux effectué par «Newsweek». En 2023, ils ont perdu 45 places et se retrouvent 77èmes, derrière le CHUV vaudois et les hôpitaux de Bâle et de Zurich. La honte. Et Philippe Morel n'y est pour rien. Maudet non plus. En revanche, l'absence de critères concernant la recherche et la formation y est pour quelque chose : ça favorise les hôpitaux non universitaires. De toute façon, les différences entre hôpitaux de pointe se mesurent en dixième de points. Et les HUG sont les premiers hôpitaux suisses en urologie, les deuxième en obstétrique, les quatrièmes en oncologie. Nous voilà rassurés.

On ne niera pas à la droite suisse de manquer de suite dans les idées. Même, ou surtout, les plus navrantes. Après celle de fixer l'âge de la retraite par référence à l'espérance de vie, voilà celle de fixer le montant de l'AVS en fonction du nombre d'enfants qu'auront eu les rentiers. Que cela soit absurde (les enfant ne  cotisent pas à l'AVS), injuste (de quoi sont coupables les personnes qui n'ont pas d'enfants ?) et démographique-ment inefficace (croit-on vraiment que les couples en âge d'avoir des enfants vont en faire pour toucher plus tard une AVS augmentée ?), peu importe: il s'agit de faire des économies, à tout prix. L'instauration d'un vrai congé parental, l'amélioration de l'offre d' accueil extrafamilial, notamment des crèches, il est vrai que cela a un coût.

Jean-Luc Mélenchon a manifesté samedi à Genève, place des Nations, accompagné d'une collection d'élus français de la région, pour la solidarité avec les Palestiniens et avec Gaza. Genève est donc toujours la capitale mondiale du monde mondial, et la Ville le centre de la Grande Genève. On est flattés, mais on quand même attend avec gourmandise la dénonciation de ce nouvel afflux de frontaliers (de gauche, en plus) par le MCG. 




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