Brèves de comptoir
Le Conseil d'Etat a approuvé la révision des noms locaux, ou lieux-dits, dans les quarante-cinq com-munes du canton de Genève. Au total, 2039 modifications de périmètre et révisions d’orthographe ont été réalisées, dont une bonne partie, forcément, en Ville de Genève. Cette démarche, qui a été validée par les communes, permet de corriger des imprécisions et ainsi éviter des erreurs d’interprétation et des incompréhen-sions. Et qu'on n'enfourche pas tout de suite le canasson de la lutte contre le «wokisme», on est seulement dans du toilettage: saisis entre 1936 et 1959, ces noms n'ont été que très rarement modifiés et adaptés à l'aménagement actuel du territoire cantonal. On attend avec gourmandise les pro-testations indignées des habitants des coins concernés.
* liste complète des noms concernés sur le site de la Feuille d'Avis officielle https://fao.ge.ch/
Le canton de Genève voulait l'in-terdire, la
justice lui avait interdit de l'interdire, il avait fait
recours au Tribunal fédéral, qui le 13 septembre a autorisé la
justice genevoise à inter-dire au canton d'interdire une
pro-cession catholique pour la Fête-Dieu. Pas une procession
massive, avec crucifix géant et flagellants, mais une
promenade d'une centaine de per-sonnes pendant une heure, sur
le trottoir, un dimanche, dans le quartier des Acacias. Le
canton avait invoqué la neutralité religieuse de l'Etat, la
neutralité cultuelle du do-maine public et le droits des non-
cathos à ne pas être confrontés à une procession catho. Bref,
il avait invo-qué à la fois la loi genevoise sur la laïcité et
la défense de la paix religieuse. Le Tribunal fédéral, comme
avant lui la Chambre administrative de la Cour de Justice
genevoise, a estimé que la chtite procession n'était pas de
nature à porter atteinte à la paix religieuse. En revanche, il
a précisé que si une manifestation cultuelle prévue sur le
domaine public était de nature à menacer la paix religieuse ou
la tranquillité publique, le canton avait parfaitement le
droit de l'interdire. Et il aurait pu ajouter qu'une
procession sur le domaine publique ne relevait pas de la
liberté de croyance mais de la liberté d'ex-pression. En
clair, on a parfaitement le droit de croire ce qu'on veux,
mais pas forcément celui de l'etprimer publiquement. Une
procession catho à la Fête-Dieu, ça passe (si elle est pas
trop nombreuse), une prière musulma-ne publique, ça passe pas.
Bon, après, on fait ce qu'on veut en prenant le risque d'être
puni parce qu'on a fait un truc qu'on n'avait pas le droit de
le faire, mais ça, c'est une pure question de pesée des
risques. Et faut bien avouer qu'on en prend beaucoup moins en
disant ce qu'on veut à Genève qu'en le disant à Moscou.
Selon une enquête de 2022 de l'Office fédéral
de la statistique sur le «vivre ensemble», analysée par la «
Basler Zeitung», l'antisémite type en Suisse est plutôt un
homme de droite âgé. «Plutôt», ça ne signifie pas «toujours»,
mais seulement «le plus souvent»: 40,9% des sondés se
déclarant «de droite» se disent bien «entièrement» ou «plutôt»
d'accord avec l'affirmation «les juifs exploitent la politique
d'extermination des nazis pour leur propre intérêt» (curieuse
syntaxe, soit dit en passant), mais 10,9 % des sondés de
gauche le disent aussi. En pensant à Netanyahou? On aimerait
le croi-re, ce serait consolant. Mais on a quand même un doute
douloureux.
On l'a appris en janvier: deux jurés électoraux
avaient modifié des cen-taines de bulletins de vote à Genève
lors du dépouillement des Fédérales de l'automne, avec un
effet possible sur 35'000 suffrages (chaque bulletin peut
compter 100 suffrages). La Chancel-lerie d'Etat a assuré que
ça ne modi-fiait pas le résultat des élections. C'est la
différence avec la Russie: à Genève, frauder ne change rien, à
Moscou, c'est voter qui ne change rien.
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