Cé què l'ainô? Allahou Akhbar !

 

Faire d'un cantique djihadiste l'hymne officiel de Genève ?

Un cantic religiôs (protestant) en arpetan savoyard du començament du XVIe ssèclo devrêt devenî l'inno oficial de la Repùblica lêica et oficiâlment francofone et francofraphe de Geneva. Ainsin a volu la mâjoritât de droete et d'extrêmo droete du Grand Consei, sur propôsicion de l'UDC (on vêt mâl, en efèt, d'ondê sinon de c'troue nêre qu'èla pouvêt vêni). Vêre des députâs frontaliérophobes votar por fâre c'chant en savoyârdl'inno oficial de la Repùblica, e des democratscristians «centrists» fâre de mêm por un cantic protestant qu'apelô a l'èxterminacion des catolicos, cela relevôve de la pataphysica. Un tèl érection du Cé què l'ainô serié en efèt contradiccion de doi-z-ôtres aticles (ô môns) de la Constitucion, celè que mèt en piaça lo prinsipe de laicitât et celè que poslo l'oficialitât de la lengua francesa. Lo Consei d'Etat (chormont) propôzôt de l'incrire dens la lê pluôt que dens la Constitucion? La mâjoritât parlamentèra volôt ço machin dens la Constitucion. Lo peuple votarè donc. En frances ou en arpetan ?

"Sa propre histoire", Genève doit l'ânonner, pas l'interroger..

On votera, à Genève le 3 mars sur un enjeu historique considérable : un cantique religieux (protestant) en arpitan savoyard du début du XVIe siècle, et vouant à l'exécration, à la décapitation, à la pendaison, les ennemis de Dieu et de la vraie religion (la meilleure traduction possible, aujourd'hui, en une autre langue que l'arpitan, de "Cé què l'ainô "étant Allahou Akhbar")  pourrait devenir, constitutionnellement, l'hymne officiel de la République laïque et officiellement francophone et francographe de Genève. C'est évidemment une ânerie, mais le peuple a parfaitement le droit de la faire -c'est même à cela qu'on reconnaît une démocratie : le peuple a le droit de voter une ânerie, comme en dictature le dictateur d'en commettre une. D'ailleurs, comme il doit importer au Conseil municipal de ne pas nous laisser dépasser par le Grand Conseil dans la production de Genfereien, et que la Ville doit reprendre le leadership dans cette production et continuer à montrer la voie au canton, comme elle le fait depuis qu'il existe, il nous était apparu opportun, légitime, indispensable même, de proposer au Conseil municipal de modifier son règlement afin de, lui aussi, sacraliser le "Cé qué lâinô" en faisant ouvrir chacune de ses sessions par le chant de la version originale, en arpitan, du «Cé qu'è lainô» entonné debout, a capella et dans son intégralité (68 couplets) par les membres du Conseil municipal. Qui, dégonflard, a refusé cette proposition.

La majorité de droite et d'extrême droite du Grand Conseil a donc voté l'inscription du  "Cé què l'ainô " dans la constitution, sur proposition de l'UDC (on voit mal, en effet, d'où elle pouvait venir sinon de ce trou noir), qui voulait ainsi réagir à la prétention exorbitante d'un député socialiste, qui voulait que Genève "interroge sa propre histoire"...  Parce qu'il ne faut pas que Genève "interroge sa propre histoire". Sa "propre histoire", Genève doit l'ânonner,  la célébrer, inconditionnellement, totalement, sans distance critique. Et par exemple oublier qu'en 1602, il y avait plus de Savoyards et de Français dans les rangs des défenseurs de Genève qu'il y en avait dans ceux de l'armée du duc de Savoie.

Voir des députés frontaliérophobes vouloir faire d'un chant en savoyard l'hymne officiel de la République, et des démocrates-chrétiens «centristes» faire de même pour un cantique protestant appelant à l'extermination des catholiques, cela relevait déjà de la pataphysique, voire du dadaïsme, ce qui ne pouvait d'ailleurs manquer de nous la rendre sympathique, même si l'érection du Cé què l'ainô en hymne officiel de la République serait contradictoire de deux autres articles (au moins) de la Constitution, celui instaurant le principe de laïcité et celui posant l'officialité de la langue française. Le Conseil d'Etat (qui, wokiste  voit dans cet hymne vengeur "une ode à la paix", "un hymne au courage et à la victoire de la justice et de la liberté sur la violence et la guerre" -manque juste la tolérance à la liste des bienpensances attribuées au "Cé què l'ainô"), proposait de l'inscrire dans la loi plutôt que dans la Constitution, parce qu'une Constitution n'est pas un fourre-tout mais un texte fondamental définissant les principes de l'Etat, ses structures, la répartition des compétences entre ses différents niveaux, les droits fondamentaux des citoyens et des citoyennes, et de toutes les personnes ?  La majorité parlementaire n'en eut cure, elle voulait ce machin dans la Constitution, faire de la Constitution un étal de vide-grenier et de Genève le seul canton instituant un hymne officiel dans sa constitution : la "Rauracienne" jurassienne n'est pas dans la constitution cantonale, le "nouveau jour" qui se lève dans les Vaudois ne se lève pas dans la constitution vaudoise, et la "Sacra Terra" du Tessin n'est pas saupoudrée dans la constitution tessinoise... mais le peuple genevois (du moins sa part qui a le droit de vote et l'exerce) votera donc pour coller son cantique des Guerres de Religion dans la Constitution de la République laïque... 

On trouvera le texte intégral de cet hymne djihadiste (dans l'une de ses 120 versions -le prochain débat à trancher par un vote populaire portera sans doute sur le choix de la version officielle... ou celui de la seule mélodie, sur laquelle chacun pourra coller les paroles qui lui conviennent -s'il le faut, on ouvrira nous-mêmes un concours, ou on y collera les paroles de l'Internationale...) sur https://athena.unige.ch/athena/helvetia/ce-qu-e-laino.html On vous conseille tout spécialement les couplets 30 à 34.  Qu'on ne chante pas à Genève puisqu'on n'y chante que quatre couplets plus présentables, quoique pas moins intégristes, que les autres,  dont une bonne trentaine célèbrent les exécutions des prisonniers savoyards.

Si jamais le bon peuple veut inscrire le Cé què l'ainô dans la Constitution, qu'il le fasse au moins dans la version du Beau Lac de Bâle... mais tant qu'à choisir un hymne national genevois et à l'imposer dans la Constitution, choisissons plutôt "Allons danser sous les ormeaux" : c'est en français, c'est laïque et c'est de Jean-Jacques Rousseau... Et ça sonnera mieux que le "Cé qu'à lainô" braillé par des supporters....




 

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