Congrès socialiste genevois : la continuité dans la continuité
Questions sans réponses
En ce 23 Germinal, samedi, nous avions quelques
questions à poser au congrès du Parti socialiste qui élisait sa
présidence (à laquelle nous, Salima Selle et Pascal Holenweg,
étions candidate et candidat, comme l'était président sortant,
Thomas Wenger, finalement réélu) -et nous avions même quelques
réponses à lui suggérer à ce congrès, qui n'en a guère données. Il
est vrai que la seule élection qui contenait un choix était
celle à la présidence -toutes les
autres étaient tacites, ou impossible faute de candidatures.
Quant à nous, en période de carême et de ramadan mêlés, comment
ne pas suivre l'exemple de Paul, dans son épître aux Philippiens : "J'ai appris à
être content de ce que j'ai". Contents et peut-être même
soulagés...
Nous étions candidate et candidats à la présidence du Parti Socialiste, pas à celle du comité des fêtes de Clochemerle.
C'est quoi, nos priorités ? C'est quoi, notre projet, et nos projets ? Ils doivent porter sur quoi, nos débats essentiels ? Nos efforts politiques ? Notre capacité de mobilisation ? Sur la résistance au "backlash" sociétal et social, et la nécessité de rappeler que le sociétal, c'est du social, ou sur le livret de famille de Monsieur Alain Bachmann ? Sur les réponses à apporter aux urgences sociale et climatique, ou la part que nous avons à prendre à des polémiques politiciennes vaseuses ? Sur la gratuité générale des transports publics, la défense du salaire minimum, la promotion du revenu minimum, la réduction du temps de travail, la maîtrise du sol urbain, le renforcement des compétences des communes, et d'abord des villes, sur l'aménagement de leurs rues et de leur places, sur la création d'espaces verts... sur la politique sociale, la municipalisation des crèches... ou la procédure par laquelle le numéro deux d'un office cantonal est nommé numéro un ?C'est quoi, l'enjeu du prochain rendez-vous démocratique, à Genève ? la procédure de nomination des hauts fonctionnaires cantonaux ou le maintien des majorités municipales de gauche là où elles existent, leur conquête là où nous n'en disposons pas, le renforcement de la gauche dans toutes les communes, le renforcement du contre-pouvoir municipal face à une majorité parlementaire cantonale dont la masse est à l'inverse de la compétence ? Au point que même un Conseil d'Etat à majorité de droite et des communes majoritairement de droite finissent par être des contre-pouvoirs à la droite cantonale ?
Que les villes (LES villes, pas LA Ville)
puissent être des contre-pouvoirs au canton, et donc la gauche
des villes un contre-pouvoir à la droite du canton, la droite du
canton le sait bien... voyez son offensive sur les conditions de
travail et de salaire du personnel de la petite enfance, son
opposition à la municipalisation des crèches, aux politiques
sociales des villes...
Roger Vailland le disait déjà : "Je ne veux pas croire qu'il ne se passera plus jamais rien. (...) Comme citoyen, je veux qu'on me parle politique".
Et nous, comme militante et militant, comme élus municipaux, comme candidate et candidat à la présidence du Parti socialiste, nous voulons faire de la politique. En faire, pas seulement la commenter. Et faire de la politique, pas de la gestion de carrières.
Avec Carole-Anne
Kast, nous voulons débattre (quitte à être en désaccord) de la politique pénale, des prisons, des compétences
des polices municipales... pas de la
nomination de Monsieur Bachmann. Avec
Thierry Apothéloz, nous voulons débattre (quitte à être en
désaccord)
de la politique culturelle, du partage de
la charge des grandes institutions culturelles, des possibilités
pour les villes de développer leur propres politiques
sociales... et peut-être même du projet de nouvelle patinoire...
-pas de la démission de Madame Gättiker.
Si nous avions
été élus à la présidence du PS pour faire payer à Thomas Wenger
sa divergence avec Carole-Anne Kast sur la nomination de
Monsieur Bachmann, ou si Thomas Wenger a été réélu pour faire
payer à Carole-Anne Kast sa divergence avec lui sur cette
péripétie provinciale, nous aurions été, nous élus, et lui aura
été réélu, pour la plus mauvaise des raisons.
Nous étions candidate et candidats à la présidence
du Parti Socialiste pour renforcer le parti, comme
contre-pouvoir, et pour renforcer tous les autres
contre-pouvoir, même les plus inattendus, même les plus
paradoxaux. Sans oublier que le contre-pouvoir définitif, c'est
celui du peuple lui-même, non pas tant par l'élection de
représentant.e.s (le peuple, en effet, ne se représente pas),
mais par son vote référendaire. Et nous en avons une palanquée,
de référendums, qui ont abouti et sont en passe de l'être, sans
compter tous ceux qui vont être lancés pendant les quatre ans
encore à tirer de droite hypermajoritaire du parlement.
Commentaires
Enregistrer un commentaire