Fonds de tiroir

 Près de 30'000 agents publics français employés dans 133 communes de l'Ainet de la Haute-Savoie proches de la Suisse vont recevoir une indemnité de résidence spécifique équivalant à 3% de leur salaire, mais au moins 640 euros par an, destinée à faciliter leur logement dans une région où le marché immobilier est particulière-ment tendu par la proximité avec Genève, où il l'est encore plus. C'est bien. Mais ça ne compense pas l' augmentation de 60 % de leur prime d'assurance-maladie suisse (ils béné-ficiaient d'une prime allégée), s'ils ont préféré le système suisse à la Secu française. C'est du transfrontalier à la mords-moi-l'noeud, ça: on vous prend d'un côté de la frontière ce qu'on vous a accordé de l'autre côté...

A Genève, le taux de vacance (proportion de logements libres à louer sur l'ensemble du parc locatif) est, avec 0,3 %, le plus bas depuis dix ans. En même temps (comme ne dirait pas l'autre), le niveau des loyers libres n'a, lui, jamais été aussi haut, du fait même de la pénurie de logements. Et des milliers de Genevois partent se loger hors du canton, tout en continuant à y travailler. Et quelle est la réponse de la droite à cette situation ? accroître la part de logements à vendre en propriété par étage (inaccessibles à la grande majorité de la population, et la plus grande encore majorité des demandeurs de logements) dans le périmètre de la Praille. Ce qui, forcément, va réduire la part de logements locatifs. Finalement, la crise du logement, elle ne lui déplaît pas, à la droite et aux milieux immobiliers : elle est grosse -mais de profits possibles. Si vous ne l'avez encore fait, répondez lui dimanche (au local de vote), avec deux NON aux lois sur le PAV...

Lors de son congrès de Genève, samedi dernier, le Parti socialiste suisse a mis au coeur de ses décisions la lutte contre la pauvreté. En quoi il ne voit pas une fatalité, mais la conséquence de décisions politiques. Lutter contre la pauvreté, comment? par le renforcement de services publics, de prestations sociales et de moyens financiers. Cela va du déve-loppement de crèches publiques (le contraire, soit dit en passant, de ce que la droite genevoise propose), à la lutte contre le non-recours aux prestations sociales (30% des person-nes qui y ont droit ne les demandent pas). En Suisse, près de 745'000 personnes sont pauvres. Et ce n'est pas contre elles qu'il faut lutter, mais contre la pauvreté qui les frappe. Le PS reprend donc le cours de son histoire de force politique luttant pour la justice sociale et l'égalité des droits. C'était une bonne idée de tenir congrès à Genève.

Depuis le basculement à droite toute du parlement cantonal genevois, la gauche, toutes tendances confondues, syndicats, partis, associations,  a fait aboutir, lancé ou soutenu, de début mai à fin février, sept référendums populaires contre des votes du parlement. C'est deux fois plus que la moyenne annuelle depuis quinze ans. Parce que si on ne fait pas le poids au parlement, on peut le faire dans le peuple (la droite s'y essaie d'ailleurs pour la même raison en Ville de Genève, où c'est elle qui ne fait pas le poids). Le 9 juin prochain, on se prononcera ainsi, dans les urnes, sur (contre) l'affaiblissement de l'accueil préscolaire et la détérioration des conditions de salaire de celles (surtout) et ceux qui professionnellement l'assu-ment, et sur (pour) le maintien de la garantie d'accès au suicide assisté dans les EMS. En résumé : on ne lâche rien. Et on continuera à ne rien lâcher, pendant encore quatre ans. Parce qu'au pouvoir d'une majorité par-lementaire peut s'opposer le contre-pouvoir de l'appel au pauple. Comme au pouvoir du canton peut s'opposer le contre-pouvoir de communes. Surtout de celles qui ont les moyens de l'exercer. Bon, là, c'est vrai, on l'avoue: on pense surtout à l'une d'entre elles... la nôtre...




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