PPE, LUP, PAV... ad libitum ?

 PPE, LUP, PAV... ad libitum ?

On revient pour la dernière fois à l'un des enjeux des votations cantonales genevoises de dimanche : le sort des terrains du PAV et l'attribution des logements qui y seront construits. Deux lois votées par la droite du Grand Conseil proposent, l'une de faire passer, sur les terrains en mains publiques, la proportion de logements en propriété par étages (PPE) à 24 %, soit le double de la proportion actuelle, et que ces PPE ne soient plus en droit de superficie, l'Etat restant propriétaire du terrain, mais en "pleine propriété", ce qui équivaut à aliéner du foncier public sans même respecter la Constitution qui exige que chaque aliénation, parcelle par parcelle, fasse l'objet d'un projet de loi spécifique, soumis chaque fois à référendum, faute de quoi chaque aliénation pourra faire l'objet d'un recours. De quoi bloquer pendant des années la construction de logements dans le périmètre Praille-Acacias-Vernets, quand on manque cruellement à Genève de logements accessibles à la majorité de la population genevoise...

Un jeu à somme nulle. Socialement très nulle, même.

Dans le dernier numéro de'"Immobilier.ch" (l'un des trois ou quatre canards des milieux immobiliers), partisan, évidemment, des deux lois de démantèlement du logement locatif et social dans le périmètre du PAV, l'édito dénonce "la mauvaise foi des opposants" (la gauche, l'Asloca) à ces deux projets et au triplement de la proportion de propriétés par étage (PPE) dans ledit périmètre. Puis, quelques pages plus loin, explique "à quelles conditions un propriétaire gênant peut-il être exclu d'une PPE". Au moins, c'est pas de la mauvaise foi. Juste le tir d'une balle dans le pied.

Qui va pouvoir habiter les logements du PAV ? Des locataires, dans des logements aux loyers accessibles, ou des propriétaires, dans des logements acquis à force d'endettement -à moins d'une petite fortune personnels dont quatre Genevoises et Genevois sur cinq ne disposent pas ? La réponse à cette question respecte, à la lettre, le bon vieux clivage gauche-droite -dont, à droite, on ne proclame vouloir le dépasser que pour s'y recoller sur les questions essentielles. Celle de la propriété privée, par exemple. Et celle du logement social : la loi en vigueur, attaquée par la droite, prévoit 62 % de logements sociaux dans le périmètre du PAV. Or par "logements sociaux", on n'entend pas seulement des logements destinés aux plus bas revenus (les HBM), mais aussi des logements accessibles à la "classe moyenne" réelle -celle qui ne dispose pas d'une épargne de 150'000 francs et d'un revenu assez élevé pour supporter le paiement des hypothèque, épargne et revenu nécessaires à l'acquisition d'une PPE -et encore : d'une PPE en droit de superficie, parce qu'en pleine propriété, elle coûterait encore plus cher.

Chaque année 15'000 personnes s'inscrivent à Genève pour obtenir un logement social. Or on ne peut pas accroître à la fois la part du foncier privé et faire suffisamment de logement social ou à loyer contrôlé : ce que l'on accorde à l'un, on l'enlève aux autres. Si on multiplie par trois le nombre de logements à vendre, comme le demande la droite, on réduit forcément le nombre de logements à louer. Un jeu à somme nulle. Socialement, très nulle, même

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