Israël/Palestine : Manifestation nationale samedi à Berne

Pour une paix juste

"La situation humanitaire à Gaza reste catastrophique, les souffrances de la population civile sont immenses et un cessez-le-feu durable n'est guère en vue. En Suisse aussi, la situation actuelle continue de préoccuper et d'émouvoir de nombreuses personnes. Le Groupe pour une Suisse sans armée, Amnesty International, la Voix juive pour la démocratie et la justice en Israël/Palestine JVJP et Solidarité Palestine Suisse organisent à Berne une  manifestation nationale pour une paix juste en Israël/Palestine le samedi 6 avril 2024, à 16 heures, place fédérale à Berne

Interviendront lors de la manifestation Ruth Dreifuss (ancienne conseillère fédérale), Pia Holenstein (ancienne conseillère nationale) et Gabriela Mirescu Gruber (Amnesty International), ainsi que des personnes issues des communautés palestinienne et juive comme Jasr Kawkby (PSS), Ranin Marey (PSS) et Timrah Schmutz (Swiss Jews Against Occupation). Aucune forme d'antisémitisme, de racisme antimusulman et de propagande haineuse ne sera tolérée". 

A  la déraison, qu'opposer qui dépasse la pétition de principe et le slogan de manif ?

Est-ce être, mécaniquement, "propalestinien" que demander le respect par Israël, du droit international à Gaza et dans les territoires occupés ? se demande dans la "Tribune de Genève du 13 mars le cinéaste genevois Nicolas Wadimoff. La réponse, évidemment, est "non". Pas plus que ce n'est être forcément "pro-israélien" (ou "sioniste", ou "juif") que condamner le pogrom du 7 octobre. Mais nous sommes dans un moment, mis en scène à la fois par le Hamas et Netanyahou, où règne le sophisme "les ennemis de nos ennemis sont nos amis". Où on ne pourrait défendre les droits des uns qu'en niant ceux des autres. En Suisse comme ailleurs cet hémiplégie sévit et éborgne le regard porté sur le conflit, jusque dans ses aspects les plus particuliers : dans "Le Temps" de samedi dernier, Frédéric Koller constate un "Röstigraben" à propos du sort de l'UNRWA comme à propos de l'exigence d^'un cessez-le-feu, et le Conseiller national Vert genevois Nicolas Walder observe qu'il est "difficile de parler de cessez-le-feu en Suisse alémanique sans passer pour un antisémite" -à quoi on ajoutera qu'il n'est pas forcément plus facile de dénoncer à Genève le pogrom du 7 octobre sans passer pour un idiot utile du Mossad. A quoi tient ce "Röstigraben" sur la question palestinienne ? A l'influence de l'état des opinions publiques en Allemagne et en France et au clivage gauche-droite, et au poids différent en Alémanie et en Romandie de l'UDC, totalement alignée "sur les intérêts du gouvernement israélien", suggère Frédéric Koller. Prenons-en acte, et tenons nos positions, qui rejoignent celles de "Pages de gauche" dans son numéro de l'hiver dernier : "Rien ne peut justifier les attentats odieux perpétrés par le Hamas le 7 octobre", qui ne sont "ni un acte de résistance héroïque, ni une contre-offensive, mais un massacre planifié constituant un crime de guerre". Et "de la même manière, rien ne peut justifier l'ampleur des bombardements massifs de l'armée israélienne sur Gaza", qui constituent aussi des crimes de guerre animés par une "logique d'anéantissement". 

Voilà pour le discours général -on admettra qu'il peut paraître intellectuellement confortable, comme peut l'être un renvoi dos à dos de deux protagonistes (le Hamas et le gouvernement Netanyahou) ne méritant l'un et l'autre qu'une condamnation claire et nette. Mais c'est aussi sur des enjeux plus précis que nous avons à nous prononcer, notamment sur l'offensive politique d'Israël contre l'UNRWA et le projet de loi du Conseil fédéral  portant sur l'interdiction du Hamas pendant une période (renouvelable) de cinq ans et prévoyant des peine allant jusqu'à 10 ans de prison pour des actes de soutien, voire 20 ans pour les personnes exerçant une influence déterminante sur les actions de soutien.

La décision de considérer le Hamas comme une organisation "terroriste", et donc infréquentable, serait (est) parfaitement stupide : nul ne peut douter que le Hamas use de méthodes terroristes -de méthodes dont le but est de terroriser -le pogrom du 7 octobre en est une sorte de quintessence dans l'horreur. La cible, c'est toujours, dans le terrorisme, la population civile. Mais les méthodes dont usent les forces israéliennes à Gaza sont du même genre -avec infiniment plus de moyens : déplacement massif de population, bombardements d'hôpitaux, d'écoles, d'églises, d'immeubles d'habitation, destruction systématique, entraves délibérées à l'action humanitaires des ONG -jusqu'à tuer leurs volontaires. Le but est toujours le même : terroriser. Le gouvernement et le parlement fédéral vont-ils donc, logiquement, considérer le gouvernement d'Israël comme "terroriste" puisqu'il use de méthodes terroristes, rompre ses relations avec lui, ne plus autoriser que du matériel militaire lui soit livré ou acheté ? Bien sûr que non. Parce qu'Israël est un Etat, et que le gouvernement d'un Etat, si insensé qu'il soit est, tant qu'il n'est pas tombé, détenteur d'une immunité politique : celle que lui donne son pouvoir. Cela s'appelle la Raison d'Etat. Et c'est une déraison.

A cette déraison, qu'opposer, qui dépasse la pétition de principe et le slogan de manif ? En tout cas, y opposer le soutien aux forces politiques, sociales, culturelles, et aux personnes, en Israël et en Palestine, qui s'opposent aux délires purificateurs, vindicatifs, exterminateurs dont les victimes, de part et d'autre, se comptent déjà en dizaines de milliers.


Commentaires

  1. Ces belles âmes propalestiniennes, je ne les guère entendues réclamer du Hamas la libération des otages, de cesser d’utiliser les civils comme bouclier humain, d’avoir leur QG dans des hôpitaux.
    Je ne les ai guère vu défiler pour que cesse les crimes en Syrie qui ont fait des dizaines de milliers de morts avec en prime la dévastation de régions entières.
    Je ne parle même pas du Kivu, du Tigré, du Soudan. Silence radio.
    Pourquoi cette indignation à deux vitesses ; la réponse est simple, la Palestine est depuis longtemps un cheval de bataille de la gauche qui va défiler même avec ceux qui prônent une Palestine du Jourdain à la mer, c’est à dire la disparition d’Israël. C’est aussi de l’antisémitisme larvé avec comme imparable argument dialectique « être antisioniste n’est pas être antijuif ».
    J’espère qu’heureusement, dans sa grande majorité, les manifestants vont défiler, sans trop d’arrière-pensée politique, mais sûrement, pour que cesse le calvaire de Gaza. En fait, qui peut approuver ce qui se passe à Gaza ? Personne !!!!

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