Picroconneries genevoise et verdict strasbourgeois

Ce qui clapote et ce qui importe


Il faut bien avouer qu'on n'en avait pas grand chose à secouer, de l'"affaire des nominations problématiques" au Département de l'aménagement, des constructions et de la mobilité (DACM) de la Ville de Genève. Mais bon, c'était les vacances de Pâques, fallait meubler -et pour les partis politiques qui n'ont ni projet, ni programme, ni culture politiques, une bonne petite polémique est une tentation difficilement répressible. On l'a donc eue. Avec un première dégonflage hier. On vous résume l'épisode, au cas où vous n'auriez pas suivi, pantelants d'impatience, les péripéties courtelinesques du feuilleton,  mais on se dit, avec la conviction d'avoir raison, qu'au TJ de ce soir, l'info importante ne portait pas sur les picroconneries genevoises mais sur la condamnation de la Suisse par la Cour Européenne des Droits de l'Homme pour inaction climatique...C'est toute la différence entre ce qui clapote et ce qui importe...

"Comme citoyen, je veux qu'on me parle politique"...

On vous résume donc, sans trop entrer dans des détails qui ne sont croustillants que comme peuvent l'être les croquettes de Medor après qu'on les ait passées au four, ce que nous avons compris de ce qui tint lieu à Piogre d'Office de Ténèbres en temps pascals. Le maire de la Ville Alfonso Gomez synthétise : «Le Conseil administratif a mené depuis plusieurs semaines des investigations afin de vérifier la pertinences de certains engagements au DACM.  Après examen il s’avère que certains d’entre eux ont été acceptés sur la base d’informations erronées ou incomplètes». En clair, pour être engagée, la codirectrice du Département avait fourni une fausse adresse (elle habitait à Yverdon, hors zone d'engagement possible). Puis, une fois engagée, tout en restant habiter hors zone, avait fait engager sa belle-soeur sans dire qu'elle était sa belle-soeur, puis un couple de copains parisiens en utilisant la boîte aux lettres de son beau-père  pour faciliter leur venue en Suisse. Une majorité du Conseil administratif, sur recommandation de Frédérique Perler avait validé ces nominations en méconnaissant les préavis négatifs des ressources humaines, les liens de la codirectrice avec le couple de Parisiens, l’usage d’une boîte aux lettres pour faciliter leur recrutement. S'ensuivit une cascade de révélations médiatiques, conduisant d'abord Frédérique Perler (la Conseillère administrative en charge du DACM, au cas où vous l'ignoreriez encore) à déclarer «maintenir sa confiance en sa codirectrice» tout en déplorant «un manque de transparence» dans les processus de sélection, mais aussi à exiger des "lanceurs d'alerte" qu'ils donnent une bonne image des services du Département. La confirmation de la véracité des "fuites" a enfin convaincu le Conseil administratif de revenir sur sa décision précédente, et hier il a annoncé avoir pris des mesures : la codirectrice est suspendue de ses fonctions le temps que le Contrôle Financier interne rende ses conclusions (une procédure administrative n'est pas exclue ensuite), les contrats en CDD de deux des autres collaborateurs ne seront pas reconduits et celui du collaborateur en CDI sera résilié, la Conseillère administrative est épargnée, le Contrôle financier vérifiera les "processus récents et en cours de recrutement à la tête des services du DACM", le Conseil administratif "s'engage à faire toute la lumière sur la situation et sur toute procédure qui pourrait être entachée d'irrégularités" et affirme qu"aucun manquement ne sera toléré". 

Fin du feuilleton puisque fin des vacances pascales (les ponts de l'Ascension et de Pentecôte sont trop brefs pour avoir besoin d'être meublés) ? Evidemment pas : dans une année se tiendront les élections municipales (dont celle du Conseil administratif), dans un peu plus de quatre mois débutera la campagne électorale et la droite salive déjà à l'idée de reprendre un siège aux Vert (faute de pouvoir en reprendre aux socialistes?), comme si les électeurs verts déçus de leurs élu-e-s allaient se mettre à voter PLR, UDC ou MCG... plutôt que pour le PS les Verts libéraux... ou la gauche de la gauche si elle est capable d'être "ensemble"...

Dans un communiqué, le PS se réjouit "de retrouver ses alliés et ses adversaires politiques sur le terrain du débat d'idées" et que "allié aux Vert-e-s aux échelons fédéral, cantonal et communal", rappelle que "cette alliance forte se fonde avant tout sur des propositions et des visées politiques communes".  Socialistes, nous sommes il est vrai, par vocation gramscienne, empreints politiquement d'un "optimisme de la volonté" autant qu'historiquement d'un "pessimisme de la raison"...

Comment il disait déjà, Roger Vaillant ? Ah oui : "comme citoyen, je veux qu'on me parle politique"...








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