La passerelle du Mont-Blanc : Un projet discutable
En Ville de Genève, en novembre prochain, on se prononcera après un référendum populaire sur le crédit de 54,6 millions de francs (dont la moitié à la charge de la Ville) destiné à la réalisation d'une passerelle piétonne en amont du pont du Mont-Blanc a fait le plein. Au Conseil municipal, on était de ceux, majoritaires, qui avaient accepté ce projet (à la seule exception du MCG et de quelques élus d'Ensemble à Gauche). On l'avait accepté malgré nos doutes. Parce que perplexe on était. Ce n'est pas que le coût de la passerelle soit exorbitant (il est largement dans les moyens de la Ville), c'est que son utilité en termes de mobilité est... comment dire ? discutable ? incertaine ? contestable ? Le PS appelle à voter le crédit. On ne sait pas encore ce qu'on votera(et appellera à voter) en novembre, mais on saura en tout gré aux référendaires d'avoir posé de bonnes questions, de nous avoir incité à nous les poser aussi, et d'avoir donné au peuple municipal le droit de se prononcer...
Il y a bien mieux à faire que doubler un pont routier d'une passerelle piétonne
    
    La passerelle métallique piétonne projetée par la
      Ville de Genève, parallèlement au pont du Mont-Blanc, est
      justifiée par ses partisans comme devant permettre de séparer les
      piétons du reste du trafic. Un but légitime, ne serait-ce qu'en
      termes de sécurité des piétons. La suppression d'un trottoir sur
      le pont du Mont-Blanc devrait quant à elle permettre de créer une
      nouvelle piste cyclable bidirectionnelle, fort utile elle aussi.
      Mais ni la passerelle piétonne, ni la piste cyclable ne règlent
      les conflits d'usage entre piétons et cyclistes à la sortie du
      pont, rive-gauche. Et surtout, la part du pont affectée à la
      circulation automobile ne sera pas réduite, alors qu'il faudrait
      le faire. Que la passerelle piétonne se fasse ou non, le pont
      restera ce qu'il est et ne devrait plus être : une autoroute
      urbaine. Et si elle se fait, elle enterre pour une génération
      toute possibilité d'en faire mieux.
    
    
Il y avait donc mieux, bien mieux à faire, que doubler un pont routier d'une passerelle piétonne : il y avait à ne plus faire de ce pont un axe essentiellement routier au centre-ville, là où précisément il s'impose de réduire le trafic automobile. Il y avait à supprimer une des cinq voies du pont pour en faire une piste cyclable bidirectionnelle bouclant le "U" lacustre, et une autre voie pour en faire une voie réservée aux transports publics. Il resterait encore sur ce pont trois voies réservées au trafic individuel motorisé et c'est plus que largement suffisant, pour un pont où le trafic décroît depuis trente ans.
Après tout, il ne s'agirait, en faisant cela, que
        prendre le Conseil administratif de la Ville aux mots de sa
        stratégie climat :  "A Genève,
        l'omniprésence des transports individuels motorisés empêche un
        usage optimal de l'espace public et impacte fortement
        l'empreinte carbone", écrit le Conseil administratif de la Ville
        dans sa "stratégie climat", où il rappelle que la mobilité pèse
        pour plus du quart (27 %) des émissions de gaz à effet de serre
        à Genève, et résume : le "modèle de mobilité basé sur le "tout
        voiture" génère non seulement un volume important d'émissions de
        gaz à effet de serre (GES) mais aussi une détérioration de la
        qualité de l'air et une augmentation des nuisances sonores
        impactant ainsi la qualité de vie et la santé de la
        population".  Et cela sans améliorer la mobilité, comme le
        résume la philosophe Pascaline Sordet  :
        l'outil (automobile) "se retourne contre son utilisateur" et sur
        les espaces qu'on lui a affecté. Y compris les ponts. Y compris
        celui du Mont-Blanc. 
      
    
    
    
    
      



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