Genève : trois jours pour dire NON à des cadeaux fiscaux injustes inutiles et nuisibles

Un jeu à somme très nulle

Il reste aux Genevois et voises trois jours pour voter sur (contre...) les cadeaux fiscaux proposés par la droite parlementaire et la majorité du Conseil d'Etat. Mais pour voter, vous devrez soit aller, aujourd'hui ou demain, déposer votre bulletin au service des votations & élections, soit vous rendre dimanche matin, après le culte ou la messe, au local de vote de votre commune ou de votre quartier. Il y a deux semaines, on apprenait que les dernières prévisions de recettes fiscales baissaient de 257 millions en transformant un projet de budget cantonal bénéficiaire de 4,3 millions en budget déficitaire de 255 millions, et en plombant du même coup les budgets des communes. Selon le PLR Alexandre de Senarclens, qui fait écho à la candidate de son parti à la Municipalité de la Ville de Genève qui assurait que "les communes sauront rebondir",  il suffirait aux communes d'augmenter leur centime additionnel en proportion de la baisse de leurs ressources entraînée par la "réforme" fiscale", pour annuler les effets de cette baisse. On en prend bonne note, parce qu'il a raison, le PLR Alexandre de Senarclens. D'ailleurs,  on n'a jamais dit et proposé autre chose (comme une prédication dans le désert, y compris dans sa partie gauche) que ce que ces PLR proposent désormais. Sauf qu'ils n'envisagent une augmentation de l'impôt municipal que comme un jeu à somme nulle, pour compenser la baisse de l'impôt cantonal, alors que nous l'envisagerions, nous, pour donner aux communes plus de  moyens pour financer des politiques sociales, culturelles et environnementales qui en ont besoin.

Un moment où la majorité sociale se dira enfin : "Trop, c'est trop !"

Le Conseil administratif de la Ville de Genève, prenant connaissance des dernières prévisions fiscales cantonales, a révisé son projet de budget 2025 : le déficit projeté du budget municipal a pris l'ascenseur de 9,5 millions et s'élève désormais à presque 73 millions de francs, si on tient compte de la baisse d'impôt sur laquelle on se prononcera dimanche et qui coûtera à elle seule 53,6 millions à la seule Ville de Genève -mais coûtera aussi aux autres villes du canton et au canton lui-même,  et menacera un peu partout les prestations à la population. Sans cette baisse d'impôt, le déficit ne serait en Ville que de 19,3 millions. A peine plus que la valeur d'un centime additionnel (l'impôt communal, fixé en pourcent de l'impôt cantonal). Ce sont, au total (cantons et communes ensemble) 434 millions qui manqueront aux collectivités publiques du fait de cadeaux fiscaux dont 60 % seraient fait aux 11 % de contribuables dont les revenus imposables sont supérieurs à 120'000 francs. Les plus riches recevront les plus gros cadeaux : un.e célibataire avec un revenu imposable de 80'000 francs pourrait payer 1650 francs de moins -mais si son revenu imposable est de 2,5 millions, c'est 45'000 francs qu'il économiserait. De quoi se payer une bagnole de plus. Neuve, pour payer la taxe la moins élevée possible...

Le syndicat SIT et des représentants du personnel du GIAP (Groupement intercommunal pour l'animation parascolaire) résument : "A l’heure où les communes votent une augmentation de 12 millions pour le GIAP pour un projet de réforme qui n’augmente toujours pas les classes salariales et oublie la grande majorité du personnel parascolaire dans l’augmentation du taux de travail, nous sommes amené-es à voter sur une baisse d’impôts. Baisse qui ferait perdre aux communes le même montant que celui alloué au GIAP". Ce n'est qu'un exemple, parmi bien d'autres du même genre : on est toujours dans le même jeu à somme nulle : les recettes que perdrait le canton si les cadeaux fiscaux proposés étaient acceptés, c'est par les communes qu'elles seraient compensées, soit par des dépenses nouvelles (comme dans le cas du GIAP), soit par des réductions de prestations, soit par des hausses de l'impôt municipal.

Selon un sondage de la SSR, du mois dernier, quatre Suisses sur cinq considèrent que les écarts de richesse sont excessifs dans ce pays, et 70 % des sondé.e.s estiment que la richesse devrait être davantage taxée. Avec les cadeaux fiscaux envisagés à Genève, on fait le contraire : on taxe moins la richesse, on renforce les écarts de revenu. Et on réduit au passage les moyens des collectivités publiques pour répondre aux urgences sociales. Jusqu'à présent, ce choix a été ratifié par le corps électoral actif. Mais il y a bien un moment où ce corps électoral actif, tout de même formé d'une majorité de personne qui non seulement n'ont rien à gagner à cet exercice, mais ont le plus souvent tout à y perdre. Un moment où cette majorité-là, qui est la majorité sociale, se dira enfin : "Trop, c'est trop !". 

Dimanche prochain peut être ce moment. Il serait temps.


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