Election du Grand Conseil genevois : Bon, et maintenant, on fait quoi ?

A Piogre, on a ferré les mouches (xénophobes et drosophiles) et au soir de l'élection du parlement de la République, on ressent comme une impression de " déjà vu ", à tout le moins de " déjà prévu " : le MCG cannibalise l'UDC, le PS recule, les Verts progressent, les radicaux et le PDC continuent de s'effriter, les libéraux se gaufrent malgré les rodomontades de leur commissaire politique, et le retour au parlement de la gauche de la gauche est entravé par le lancement d'une liste parasitaire... Résultat : le parlement élu est encore plus à droite que le précédent, et encore moins représentatif des rapports de force politiquer réels, avec une gauche parlementaire, réduite au seul PS. Rien de tout cela ne bouleverse, ni la réalité politique, ni la perception qu'on en a. Mais tout cela clarifie, encore un peu, les situations et les choix. Reste à savoir quelles conclusions doivent être tirées de cette perception, et quelles décisions prises -la première de ces décisions portant sur l'élection du Conseil d'Etat, prochaine échéance dans le calendrier politique institutionnel, et donc première occasion pour le PS de dire si la situation dont il sort par une défaite, celle d'un parti empêché de jouer son rôle de parti d'opposition, lui convient à ce point qu'il compte bien y rester encore quatre ans de plus. Pour en ressortir dans quatre ans encore plus affaibli.

Electrothérapie
Il n'y a guère qu'en politique que la thérapie par électrochoc puisse, peut-être, avoir quelque effet. A condition que l'état du patient ne soit pas tel que seule la foi en la résurrection soit encore consolatrice pour ses proches éplorés. Pour la " gauche de la gauche ", la question se pose en termes de survie politique : comme il y a quatre ans, elle s'est révélée incapable de coaliser ses composantes. Or si ce qui s'était produit il y a quatre ans pouvait passer pour un accident, sa reproduction aujourd'hui ne relève plus que du trouble obsessionnel compulsif. La " gauche de la gauche " genevoise aurait la force de faire élire une douzaine de député-e-s, elle n'en fait pas élire un-e seul-e. Et à l'extrême-gauche du parlement genevois, on retrouve, à nouveau... le PS. Merci, camarades, mais cet honneur est encore immérité. Et tant qu'à placer le PS à l'extrême-gauche faute d'une extrême-gauche capable de se placer elle-même, vous finirez bien par vous demander s'il ne vaudrait pas mieux adhérer carrément au PS plutôt que de continuer à jouer les utilités à sa sénestre. Quant au PS lui-même, faute d'avoir osé présenter trois candidatures au Conseil d'Etat, faute d'avoir osé une campagne offensive, faute de s'être donné un autre objectif que celui de sauver les meubles, il se retrouve face à une question à laquelle on le voit mal donner la seule réponse (négative) qui conviendrait : va-t-on partir en campagne pour le Conseil d'Etat avec pour programme celui de " limiter les dégâts ", pour ligne politique celle du moindre mal et pour objectif celui de rester en place coûte que coûte, même avec un seul siège, même en n'en pouvant rien faire sinon se plomber encore davantage ? Il paraît que, pris dans les dents d'un piège, des loups s'en arrachent en y laissant leur patte. C'est peut-être une légende, mais ce pourrait aussi être un choix politique : celui d'un Conseil d'Etat sans socialistes, comme lors de la période du gouvernement " monocolore " (nous étions sortis revigorés et renforcés de cette cure d'opposition), et celui d'user pendant quatre ans de toutes les armes de la démocratie directe pour contourner parlement et gouvernement. Ces armes peuvent être diablement plus efficace qu'une présence participation à un gouvernement dont nous aurons de toute façon à combattre les choix politiques, que nous nous soyons ou non épuisés à y placer un, une, ou deux des nôtres.

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